Le courant passe mal pour les animaux
Bien que les animaux d’élevages ne possèdent pas (encore) d’appareils électroniques, ceux-ci sont très sensibles aux ondes, avec des conséquences sur la production et le bien-être. La géobiologie, pratiquée par Olivier Ranchy au sein de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, permet de limiter l’impact de ces phénomènes.
>> La géobiologie est une pratique qui fait de plus en plus parler, à tel point que le service de la Chambre s’agrandit. Loin d’être un ésotérisme, ses principes se basent sur des faits scientifiques, et les géobiologues apportent bien souvent des plus-values dans leurs diagnostics agricoles. Mais en quoi consiste réellement ce métier ?
Olivier Ranchy : un géobiologue recherche les courants parasites, qui vont être transportés par des réseaux naturels du sol, comme des veines d’eau ou des failles. Ces courants parasites sont liés à des transports d’électrons, qui influencent ensuite le vivant, et l’affaiblissent. En élevage, le milieu est propice à la propagation d’électrons. En effet, la chaleur, l’humidité et la conductivité des matériaux, conjuguées à la sensibilité naturelle des animaux, en font un lieu où ces courants provoquent souvent des perturbations électromagnétiques. à titre indicatif, les animaux sont dix fois plus sensibles que les humains, du fait de leur tension de contact élevée ainsi que de la tension de pas. Le rôle, des géobiologues est de déceler ces flux parasites afin de prévenir tout problème dans les exploitations.
>> Quelles sont les difficultés que peuvent rencontrer les éleveurs par rapport à ces courants parasites ?
Il faut bien comprendre que les cours d’eau sont des autoroutes à électrons. Hors, comme nous l’avons précisé, les animaux sont très sensibles, à partir de 500 Ohms en moyenne. Pour les humains, la sensibilité débute à partir de 5 000 Ohms. Les effets peuvent être très hétérogènes. Par exemple, on remarque des déplacements d’animaux lors des pics de consommation d’électricité si la ferme est à proximité d’une ligne
400 000 volts. On peut aussi voir des animaux qui ne veulent pas se coucher dans une partie de stabulation s’il y a du courant parasite, lié à une mauvaise terre électrique ou autre. Dans les faits, on observe un état de stress et de mal-être pour les animaux. Or, le stress influe principalement sur deux hormones, l’adrénaline et le cortisol. Cette dernière a pour fonction de prioriser l’irrigation des organes et membres vitaux pour la survie. Ainsi, un état de stress constant conduit à une faiblesse généralisée, et on peut retrouver une mortalité très élevée chez de jeunes animaux, qui peuvent être malades sans pouvoir se défendre. Avoir un bâtiment qui prend en compte la géobiologie permet de réduire les facteurs de risques.
>> De manière générale, comment un éleveur peut se prémunir de ces risques ?
Justement, c’est la prévention qui prime. Il faut se poser les questions avant la construction du bâtiment. La meilleure solution, c’est l’évitement, et dans certains cas déplacer le bâtiment de quelques mètres permet d’éviter les problèmes dans la conduite d’élevage. En termes de chiffres, par exemple, on considère qu’il ne faudrait pas plus de
5 V/m2 en champs électrique au sol, alors que dans certains cas on peut atteindre des valeurs supérieures. De même, il faudrait proscrire toute installation à moins de 500 m d’une antenne téléphonique ou de ligne très haute tension
(400 000 volts). En pratique, nous établissons un plan avec les passages des veines d’eau et des failles. L’eau souterraine est détectée grâce à des outils qui paraissent moins scientifiques, comme des pendules, des baguettes ou des antennes de Lecher... Cependant, l’explication est simple, puisque le passage d’eau contre une paroi entraîne un frottement, et ainsi une différence de potentiel électrique. L’homme étant conducteur son corps réagit détecte le passage d’eau. Nous effectuons également des repérages de lignes électriques et de réseaux téléphoniques pour compléter notre conseil. Il faut bien garder en tête que si la géobiologie apporte des solutions, ce n’est pas la seule et unique réponse. De nombreux problèmes d’élevages peuvent être responsables de difficultés zootechniques et sanitaires, autres que les ondes. Mais lors de la construction d’un nouveau bâtiment, il semble sensé que de faire appel à un géobiologue afin de bien évaluer les zones à risques. Cela permettra une utilisation fonctionnelle du nouveau bâtiment, sur les plans du bien-être humain et animal, technique et économique.