Communication
Le lapin part en campagne
Un plan vise à relancer la consommation de lapin qui connaît une baisse importante.
On veut relancer la consommation et l’image du lapin. Si on ne réagit pas, on va disparaître. » D’emblée, Jean-Marie Gabillaud, président de la commission cunicole de la Chambre régionale d’agriculture, fixe le cap. Dans un contexte national morose pour la consommation de viande au premier semestre 2008 (- 4 %), la diminution de la consommation de lapin est très marquée (- 10,9 %). « Avec la baisse du prix de reprise et la hausse du prix de revient, le manque à gagner s’élève, sur un an, à environ 20 000 euros pour un élevage moyen d’environ 650 inséminations. » Pour redresser la situation, l’accent est mis sur la qualité et les bienfaits nutritionnels de cette viande, pas sur une baisse des prix. « Le lapin ne constitue pas un produit de consommation courante, il reste d’abord un produit festif, poursuit Jean-Marie Gabillaud. Il ne faut pas trop diversifier l’offre, mais installer deux ou trois produits bien lisibles, que l’on peut trouver dans tous les magasins. » Les principaux consommateurs sont les cinquante ans et plus. « La cible ne changera pas, car ils sont de plus en plus nombreux. » Les éleveurs seront également associés. Cinquante d’entre eux ont, pour l’heure, répondu à l’appel. « On espère en attirer de 100 à 150, détaille Jean-Marie Gabillaud. Tous rémunérés et formés, ils seront amenés à faire de la promotion, au sein des grandes enseignes commerciales de la région. »
Capter le regard du consommateur
Selon Sandrine Devoldère, éleveuse à Nieul-le-Dolent (Vendée), qui vient de participer à ce type d’opération, « les gens ne sont pas contre la viande de lapin, mais ils n’y pensent pas automatiquement. Quand on les rencontre, on sent que l’intérêt existe. Par rapport au volume moyen habituel des magasins, les ventes sont multipliées entre deux et cinq suite à notre passage. » Daniel Girard, éleveur à Cheffois (Vendée), complète : « Pour parvenir à quelques chose, il faut capter le regard des consommateurs. Et, quand nous leur disons que nous sommes éleveurs, leur regard change. Ça les rassure. » Premier vice-président de la commission Action économique du Conseil régional des Pays de la Loire, qui finance l’opération à hauteur de 80 000 euros (sur 206 000), Dominique Tremblay abonde en ce sens : « Il faut faire en sorte que les produits correspondent aux besoins, s’adapter à la réalité de la demande. La demande, c’est aujourd’hui une exigence de traçabilité, de sécurité alimentaire. » Les objectifs de vente ? « Quand une profession se structure, on en mesure les effets à long terme », répond Dominique Tremblay, sans fixer d’objectif précis. La campagne s’étalera jusqu’à la fin 2009. Elle vient soutenir celle lancée depuis la rentrée par Clipp (l’organisation interprofessionnelle nationale du lapin).
Jean-François Mater