Ovins
Le mouton, production menacée
➜Interview de Jean-Marc Gaborit, président de la section ovine de la FDSEA.
Un site internet a été également ouvert : www. nosbrebis.fr.
Le recul constant du nombre de brebis et d’éleveurs depuis plusieurs années, est préoccupant. Quelle est la situation ?
Jean-Marc Gaborit : En se basant sur les dernières statistiques (évolution 2007), c’est un troupeau de plus de 500 brebis qui disparaît tous les jours en France, soit plus de 20 brebis par heure et 2 000 éleveurs qui ont, rien que pour 2007, quitté le métier ou se sont reconvertis dans d’autres productions plus lucratives. Faute de revenus suffisants, en 25 ans, la filière ovine a perdu environ 62 % de ses éleveurs et près du tiers de ses brebis. Aujourd’hui, la France ne produit plus assez d’agneaux pour répondre à la demande nationale. Ainsi, nous importons plus de 50 % de la viande d’agneau que nous consommons. Les éleveurs du vieux continent ne peuvent plus faire le poids face à une concurrence dont les coûts, ainsi que les normes de production, restent nettement inférieurs aux standards européens. De plus, les producteurs ne profitent pas de l’inflation du prix de leurs produits. Pour les consommateurs, la viande d’agneau est toujours de plus en plus chère… Pas étonnant dans ce contexte que la consommation s’affaiblisse de jour en jour.
Pourtant, l’élevage ovin ne manque pas d’atouts…
Le maintien des brebis sur tout le territoire constitue un atout majeur pour la valorisation des paysages, le dynamisme économique et social de nos campagnes, ainsi que pour notre patrimoine culturel et culinaire. La préservation des prairies, et donc de la qualité de l’eau, passe par la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires. Tous ces ingrédients constituent des points forts qu’il faut absolument accorder à la filière ovine et lui permettre ainsi d’en récupérer les royalties. L’élevage ovin manque en revanche de solutions…
Compte tenu du contexte quelles sont les revendications de la Fédération nationale ovine ?
La priorité va à l’alignement du niveau de soutien sur le régime bovin allaitant par l’attribution d’une prime supplémentaire, à toutes les brebis françaises, et ce, dès 2009. Une fois le rééquilibrage de la P. O. obtenue, la FNO s’associera à toute démarche favorisant le renforcement du soutien à l’ensemble des prairies, qu’elles soient permanentes ou temporaires.
Et en terme de communication et d'actions, quelle est l'actualité ?
Si la priorité ovine est reconnue, rien aujourd’hui n’est encore acquis et c’est pourquoi, la FNO a décidé de lancer une opération nationale de sensibilisation, axée autour du slogan “Nos brebis font les paysages que vous aimez”, qui traduit le rôle essentiel des ovins dans l’aménagement du territoire. Un site internet, www. nosbrebis.fr, a récemment été ouvert et constitue un excellent outil de communication. Le message qui doit être transmis doit être un message d’espoir mais qui ne doit pas cacher la réalité des choses : l’élevage ovin est une activité économique aux multiples atouts pour notre société, mais si rien n’est fait dès 2009, d’autres élevages professionnels disparaîtront. Un grand rassemblement sera organisé à Paris, cet automne, pour toucher les politiques et les médias. Mais avant, chacune des manifestations agricoles (comices, festival, fêtes des labours…) sera l’occasion d’inciter les concitoyens à remplir une lettre de soutien à la filière ovine. Courrier qui sera transmis en masse, au ministre de l’Agriculture, Michel Barnier. L’engagement politique et la mobilisation de tous est indispensable pour faire vivre cette opération et en assurer le succès. L’enjeu est l’avenir de notre production. Soyons actifs et efficaces afin de faire adhérer un maximum de personnes à notre cause.