POPULATION AGRICOLE
Le nouveau visage de la ferme France est dévoilé
Un nouveau recensement agricole est désormais disponible.
Tour d’horizon des principales évolutions et caractéristiques.
Dès l’ouverture du Space, le 13 septembre, le ministère de l’Agriculture et son service spécialisé Agreste ont diffusé les premiers résultats du nouveau recensement agricole 2010. Selon les formules em-ployées, la nouvelle France de l’agriculture peut compter sur plus d’un million de femmes et d’hommes qui “participent régulièrement à l’activité agricole” :
604 000 sont chefs d’exploitation et coexploitants (une baisse de 21 % par rapport au précédent recensement). On doit ajouter à cela 90 000 emplois à temps plein comprenant les salariés saisonniers, les ÉTA et les Cuma. Le poids du salariat s’est accru. Le nouveau visage de la ferme France s’est également féminisé : 27 % des chefs d’exploitation et coexploitants sont des femmes contre seulement 15 % en 1988.
Premiers chiffres
On compte aujourd’hui 490 000 ex- ploitations (- 26 % par rapport à 2000) pour une production de 66 milliards d’euros en 2010. Parmi ces dernières, 36 % sont des petites exploitations (- 6 %) et les surfaces agricoles occupent plus de 50 % du territoire national (26 961 000 d’hectares sont en SAU). C’est donc “un secteur-clé pour la gestion, la préservation et l’aménagement des territoires” selon les commentaires du ministère.
Le recensement agricole 2010 montre une agriculture française qui se professionnalise toujours plus et dont les acteurs disposent d’un niveau de formation de plus en plus élevé. En 2010, 34 % des chefs d’exploitation et coexploitants sont issus de l’enseignement supérieur (en majorité des BTS) contre seulement 18 % en 2000. On constate aussi une progression du nombre de créations d’entreprises agricoles à responsabilité limitée (EARL) : 25 % des moyennes et grandes exploitations disposent de ce statut contre 14 % en 2000.
À ces tendances, on peut aussi ajouter un certain rajeunissement des chefs ,d’exploitations, notamment en zones d’élevage (bovin, ovin, caprin) : 19 % des chefs d’exploitation ont moins de 40 ans en 2010. Ils sont plus nombreux en grande exploitation. Ce rajeunissement s’accompagne d’un certain nombre d’autres caractéristiques : adoption du statut d’entrepreneur, pratique de la vente directe ou de la commercialisation en circuit court... À ce propos, 90 500 exploitations (18 % du total) commercialisent en vente directe ou en circuit court, soit 1 sur 5.
Du côté de la taille des exploitations, on constate, dans le recensement 2010 comparé à la situation de 2000, une baisse des petites et moyennes exploitations alors que le nombre des grandes exploitations se maintient. Aujourd’hui, une exploitation sur trois est considérée comme étant une grande exploitation. Leur taille moyenne a augmenté : 55 hectares, en hausse de 13 hectares. Si le nombre total d’exploitations continue de baisser, le rythme de cette baisse a cependant tendance à ralentir :
- 26 % entre 2000 et 2010 contre
- 35 % pour la période 1988 - 2000.
Autres caractéristiques
Pêle-mêle, on peut encore signaler que 6 900 exploitations possèdent des installations d’énergies renouvelables, que 82 000 ont des vaches laitières (troupeau moyen : 45) et que 121 000 ont des vaches nourrices (troupeau moyen : 34). La nouvelle ferme France se dote aussi de nouveaux équipements (internet haut débit en hausse cons-tante), de nouvelles pratiques avec intégration de plus en plus fréquente des signes de qualité (AOC, IGP, Label...). Le concept “d’agriculture de proximité” progresse également.
Thierry Michel
Focus
Espérance de vie supérieure
chez les agriculteurs
En parallèle du recensement agricole, une autre étude vient d’être publiée (les premiers résultats). Elle s’appelle Agrican, porte sur la santé en milieu agricole (salariés et exploitants agricoles dans 12 départements métropolitains) et les causes de décès en particulier par cancer et est menée par le Groupe régional d’études sur le cancer (Grecan) de l’Université de Caen, le Centre de lutte contre le cancer François Baclesse à Caen, la Mutualité sociale agricole (MSA), l’Institut de santé publique d’épidémiologie et de développement (Isped) et le réseau des registres des cancers Francim. Elle a été lancée en 2005 et est appelée à se poursuivre jusqu’en 2020 (avec mise à jour annuelle à partir de 2012). Globalement, les premiers chiffres disponibles montrent que la population agricole est en meilleure santé et que l’espérance de vie est supérieure par rapport au reste de la population française, quelle que soit la cause du décès. Le risque de décéder d’un cancer au sein de la population agricole est également inférieur à celui du reste de la population française. Quelques facteurs essentiels expliquent ce constat : les exploitants agricoles fument beaucoup moins que le reste de la population française. A contrario, les facteurs de risque (pesticides, exposition à l’ensoleillement) expliquent très certainement la légère surmortalité par mélanomes malins de la peau. Dès 2012, Agrican devrait permettre d’obtenir les premiers résultats concernant le rôle des facteurs professionnels pour certains cancers en analysant les risques par secteur agricole et en prenant en compte certaines expositions spécifiques. Ils permettront d’affiner les raisons qui expliquent les premiers résultats de l’enquête.
T. M.
Pays de la Loire
Les exploitations s'agrandissent
mais l'emploi se développe
Dans la région des Pays de la Loire, le recensement dénombre 34 300 exploitations au total dont 25 300 considérées comme "moyennes ou grandes", soit environ 80 hectares de SAU. Cette chute de 23,1 % du nombre des exploitations en dix ans (2000-2010) est supérieure de 4 points à la moyenne nationale. Toutefois, pour le Maine-et-Loire, avec 6 500 exploitations recensées, cette érosion se limite à 21,4 %. Sur ces 23 500 exploitaitons, on compte 61 500 actifs permanents parmi lesquels 38 700 chefs et coexploitants et exploitantes. Outre les 8 000 autres actifs non familiaux, ces exploitations emploient 14 800 salariés permanents non familiaux. Le salariat se distingue donc encore dans la région et en particulier dans le Maine-et-Loire avec 20 200 actifs au total. Depuis l'an 2000, la part du salariat permanent est ainsi passée de 9 à 22 %, notamment dans les plus grandes exploitaitons. À cela, il faut ajouter les salariés saisonniers essentiellement dans les cultures végétales spécialisées (maraîchage, horticulture, viticulture, arbo et encore aviculture). Ce chiffre de 11 000 exploitants et coexploitants comparé aux 6 500 exploitations montre également le poids de l'agriculture sociétaire dans le département. Alors que la tendance semble montrer une augmentation de la sole céréalière au plan national, l'élevage reste l'activité agricole principale de la région. Il concerne trois exploitations sur quatre.
Résultats progressifs
Les premiers résultats du recensement agricole 2010 sont essentiellement constitués de données de cadrage général. À partir d’octobre 2011 et tout au long de 2012, des études spécifiques par thématique (cultures et élevage, travail agricole, formation, circuit court, signe de qualité, agriculture biologique) et des données détaillées (dont les caractéristiques spécifiques régionales et locales) seront progressivement diffusées.
Pour en savoir plus : www.agriculture.gouv.fr/
recensement-agricole-2010 et www.agreste.agriculture.gouv.fr.