Photovoltaïque
Le passage du guichet unique de 100 à 500 kWc se fait attendre…
Explications sur le futur arrêté fixant les conditions d’achat de l’électricité photovoltaïque avec Etienne Sauvage, ingénieur et gérant du cabinet d'études Hacsé spécialisé dans l’énergie solaire.
Explications sur le futur arrêté fixant les conditions d’achat de l’électricité photovoltaïque avec Etienne Sauvage, ingénieur et gérant du cabinet d'études Hacsé spécialisé dans l’énergie solaire.
Le nouvel arrêté tarifaire fixant les conditions d’achat de l’électricité photovoltaïque se fait attendre. La Ministre de la transition écologique avait annoncé, en février 2020 l’élargissement du seuil du guichet ouvert à l’obligation d’achat pour les centrales photovoltaïques sur bâtiments de 100 kWc à 300 kWc, augmenté à 500 kWc en octobre 2020. Mais qu'est-ce que le guichet ouvert photovoltaïque ? Depuis 2017, toute installation photovoltaïque implantée sur bâtiment dont la puissance installée est inférieure à 100 kWc est éligible à l’obligation d'achat : vente des kWh produits via un contrat garanti à prix fixe pour une durée de 20 ans. Résultat : « aujourd'hui, la majorité des bâtiments agricoles équipés de panneaux photovoltaïques sont construits avec des dimensions similaires, environ 600 m2, ce qui correspond à la surface nécessaire pour 100 kWc », explique Etienne Sauvage, en charge du bureau d'études Hacsé, société d’expertise et d’ingénierie technique spécialisée dans l’énergie solaire. Actuellement, pour les installations supérieures à ce seuil, les projets sont soumis à appels d'offres, dont certaines complexités peuvent être dissuasives.
« Les agriculteurs doivent attendre 18 mois entre 2 créations de centrale solaire sur un même site pour bénéficier à nouveau de ce guichet ouvert ». Le nouveau seuil, qui autoriserait jusqu’à 500 kWc (soit environ 3 000m2) sur un même site tous les 18 mois, offrirait plus de flexibilité aux agriculteurs-producteurs d’énergie solaire.
Vigilance sur le montant du tarif
Quid du tarif. « Lors des derniers échanges avec la DGEC*, le tarif de 9,8 cts d'euros/kWh semblait confirmé. Mais rien n'est officiel aujourd’hui. Il faut encore attendre la validation de l'Europe et de Bercy », souligne l’ingénieur. Ce dernier appelle à la vigilance par rapport aux dires de certains promoteurs qui présentent le texte en cours de discussion comme acquis. Pour rappel, les nouveaux tarifs de vente de l’électricité photovoltaïque pour le deuxième trimestre 2021 s’élèveraient à 9,52 cts d'euros/kWh pour une installation de 100 kWc… Ce qui interroge sur leur pertinence si l’arrêté est publié en l’état.
Autre subtilité de ce nouvel arrêté : le tarif serait plafonné. Au delà de 1 150 kWh/kWc/an, le tarif de rachat baisserait à 4 cts/kWh. « Belle coïncidence, cette mesure est quasi sans conséquence dans le Maine-et-Loire où l’on constate en moyenne des productibles compris entre 1 100 et 1 200 kWh/kWc/an ».
L'arrêté tarde, la filière stagne
Le retard de la promulgation de cet arrêté fait cependant stagner une filière qui s’agace. « Beaucoup d'agriculteurs doivent attendre avant de se lancer. Des centaines de projets attendent dans les cartons. On craint que les dossiers explosent au moment de l'annonce officielle de l’arrêté. Et que cela crée un véritable embouteillage auprès d'Enedis, seul organisme en charge de traiter les demandes de raccordement et de contrat d’achat. » Enedis aura-t-elle aussi la capacité de traiter cet afflux de nouveaux dossiers et de raccorder en temps et en heure toutes les futures installations ?
Etienne Sauvage s'interroge aussi sur le financement de ces nouvelles installations. « Pour une installation de 100 kWc, il faut compter environ 150 000 euros bâtiment compris. Les banques sont familières du dispositif actuel et suivent facilement. Pour des installations de 300 kWc, on s'approche des 500 000 euros. Ce qui augmente le taux d'endettement. Le financement sera moins facile à obtenir, même si la rentabilité des projets s’annoncent très intéressante. »
Dans la majorité des dossiers dont le cabinet d’études est en charge, « 1 500 à 1 700 m2 de panneaux photovoltaïques sont prévus sur un ou plusieurs bâtiments d’une même exploitation. Ce qui correspond à une installation de 300 kWc, cohérent techniquement car on reste sur de l’injection en basse tension », constate le gérant d'Hacsé.
*Direction générale de l'énergie et du climat