Influenza aviaire
Le schéma vaccinal est sur les rails
Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau a indiqué le 17 juillet avoir arrêté le " schéma vaccinal privilégié " qui s'appliquera en France à compter du 1er octobre.
Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau a indiqué le 17 juillet avoir arrêté le " schéma vaccinal privilégié " qui s'appliquera en France à compter du 1er octobre.
Alors que la France est repassée depuis le 11 juillet en niveau de risque "négligeable", la stratégie de vaccination qui va démarrer dans un peu plus de 2 mois, vient d'être définie par le ministère. Si la vaccination s'appliquera bien, comme cela avait été suggéré, "de manière obligatoire à tous les élevages commerciaux de canards (Pékin, Barbarie et mulard) sur l'ensemble du territoire métropolitain (hors Corse), pendant toute l'année", elle restera en revanche "volontaire pour les élevages de canards reproducteurs dont la production (oiseaux d'un jour ou œufs à couver) est destinée au commerce national exclusivement" et sera même carrément "interdite" pour les canards reproducteurs dont les produits sont destinés à l'exportation, ce "afin de ne pas bloquer certains flux commerciaux d'exportation". Les élevages vaccinés devront faire l'objet d'un suivi sanitaire par le biais "d'analyses régulières et une visite mensuelle par le vétérinaire sanitaire".
85 % de prise en charge
Autre annonce de Marc Fesneau : l'État assumera "une prise en charge de 85 % du coût total" du chantier de vaccination qui comprend le vaccin lui-même, son acheminement, son application et la surveillance post-vaccinale (analyses...). Au final le reste à charge pour le filière devrait représenter l'équivalent du coût d'une dose de vaccin, sur les 2 prévues.
En avril, l'État français avait lancé un appel d'offres pour obtenir 80 millions de doses de vaccins pour l'espèce canard. Cet appel d'offre a été rédigé pour prévoir une première livraison de 40 millions de doses dans la période du 15 septembre 2023 au 14 novembre 2023, puis une deuxième livraison à partir du 15 novembre 2023 et une troisième livraison à partir du 15 décembre. Au jeu de la concurrence, c'est le laboratoire allemand Boehringer Ingelheim, qui a été retenu, à ce stade, comme unique fournisseur, le ministère ayant écarté les propositions du français Ceva santé animale et de Zoetis France, filiale hexagonale du groupe américain Zoetis (n°1 mondial). Pour justifier ce choix, le MASA, qui n'a pas dévoilé la valeur totale de la commande, a mis en avant le fait que "l'offre de Boehringer Ingelheim était meilleure au regard des critères financiers, de sa capacité à fournir les doses et des conditions de stockage".
Remous sur le choix du vaccin
Evincé, le laboratoire français Ceva Santé animale, qui se dit "particulièrement surpris par la décision de l'administration française", a annoncé le 17 juillet avoir déposé un référé auprès du tribunal administratif de Paris pour contester cette décision. Ceva regrette en particulier que le gouvernement n'ait pas "privilégié un scénario permettant la répartition des doses à produire entre les différents répondants à l'appel d'offres, afin de répartir les risques et ainsi éviter toute défaillance vaccinale". Position partagée par la profession qui par la voix du directeur de l'interprofession volailles de chair Anvol déplore "que seulement un vaccin ait été choisi. On estimait plus sécurisant qu'il y ait deux fournisseurs". Même son de cloche du côté du Cifog (interprofession du foie gras) : "Non seulement on écarte un fabricant français, mais le fait que l'appel d'offres soit remporté par un seul laboratoire est peu sécurisant pour les éleveurs", abonde Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog. "Si celui qui a été choisi a une défaillance, notre filière va mourir" s'alarme-t-elle. De son côté le ministère a simplement précisé que le vaccin de Boehringer est autorisé pour tous les canards, quand celui de Ceva se limite aux canards mulards (élevés pour leur foie gras), excluant les canards à rôtir (Pékin et Barbarie). Mais, comme le rappelle Yann Nédélec, le vaccin français permet "d'administrer une première dose à un jour au couvoir", atténuant le "défi logistique majeur" de la vaccination. Affaire à suivre donc.