Végétal spécialisé
Le semencier japonais Sakata s’enracine en Anjou
Le semencier Sakata a inauguré le jeudi 19 mai son site des Ponts-de-Cé. La société japonaise quasi centenaire s’est installée en 2018 en Anjou, pour y produire des semences potagères.
Le semencier Sakata a inauguré le jeudi 19 mai son site des Ponts-de-Cé. La société japonaise quasi centenaire s’est installée en 2018 en Anjou, pour y produire des semences potagères.
Sakata est une entreprise familiale fondée en 1913 au Japon par le grand-père du dirigeant actuel, Hiroshi Sakata. Elle a développé deux métiers liés aux semences : la fleur, premier métier de la firme, bien visible sur son logo, et le légume, aujourd’hui majoritaire. Présent dans le monde entier, le groupe, toujours en grande partie à capitaux familiaux, compte 29 implantations, dans 22 pays. Il emploie 2 600 personnes, dont 200 en France. Implanté depuis 1988 en Europe, son siège européen est situé à Uchaud, dans le Gard. En 2018, le groupe a décidé une nouvelle implantation en France, sur l’ancien site de Syngenta aux Ponts-de-Cé.
« L’Anjou est unique »
Pourquoi ce groupe japonais est-il venu investir en France, et maintenant plus particulièrement en Anjou ? « Il y a une histoire de la semence en France, rappelle Matthieu Maxant, directeur de la supply chain chez Sakata. Les conditions pédo-climatiques permettent d’avoir des conditions pour tous les types de semences : les espèces froides dans la partie Nord, les espèces chaudes ou fruits dans le Sud (tomate, poivron, melon...). Le site des Ponts-de-Cé, a lui, été ouvert pour développer les espèces dites froides. » Et les premières années d’implantation confirment la pertinence de ce choix. Julien Goursaud, responsable agronomie Sakata pour la zone Europe Moyen Orient Afrique, ne tarit pas d’éloges sur la région angevine : « Je voyage dans beaucoup de zones de production. Je peux dire que l’Anjou est unique, car la production de semences s’y fait depuis 100 ans, il y a des savoir-faire, des tunnels dédiés à cette production. Sakata est ici depuis 4 ans et nous avons réussi à obtenir parmi les meilleurs rendements au monde. Nous avons développé la zone en à peine 2 ans, quand il faut 5 à 10 ans d’habitude ». La production en tunnels est un des gros atouts du secteur, permettant de sécuriser la production et de produire plus facilement qu’en plein champ des petites quantités sur mesure. Autre atout, un bassin d’emploi riche en compétences en végétal spécialisé.
S’étendant sur 8,5 ha, le site angevin est dirigé par Jean-Noël Hérault, un directeur qui fut formé dans l’établissement tout proche de Sakata, le lycée de Pouillé. S’y développent 3 activités majeures : une ferme, une usine et des laboratoires. La ferme produit des semences de choux pommé, brocoli, choux-fleur, betterave, en plein champ et en tunnels (1,2 ha de tunnels pastiques, 2 000 m2 de serres verre et 1,6 ha de plein champ). Cette production est complétée par des contrats passés avec un réseau d’une 50aine de producteurs en direct et des sous-traitants, un réseau appelé à grandir.
« Lorsqu’on passe un contrat, on donne aussi au producteur des conseils pour qu’il obtienne le meilleur rendement possible », souligne Jean-Noël Hérault.
Doubler l’effectif d’ici 2030
Le site comprend une usine de 7 000 m2 de stockage, traitement, conditionnement et expédition de semences produites ailleurs : il est spécialisé sur 3 espèces, l’épinard, la betterave et la poirée. Pourquoi ces espèces en particulier ? « On s’est concentré sur ces espèces parce qu’elles ont des graines volumineuses que nous avons la place pour les traiter ici », explique Jean-Noël Hérault. Sur 370 tonnes de semences transformées chaque année par Sakata en France, 2/3 du volume est traité aux Ponts de Cé. Des investissements doivent permettre, d’ici un an, de réaliser également du nettoyage et du calibrage de semences.
Quant aux laboratoires, ils sont dédiés, pour l’un, au contrôle génétique des variétés et pour l’autre, aux contrôles sanitaires (détection des champignons, virus, bactéries). Les contrôles sur la germination et la pureté spécifique sont quant à eux réalisés dans le Gard.
Le site des Ponts-de-Cé compte à ce jour 20 salariés, un effectif qui devrait doubler d’ici 2030, annonce Sakata. « Le Japon est le premier pays d’Asie qui génère autant d’emplois en France. 850 entreprises japonaises emploient plus de 91 000 personnes », a précisé Naoko Matsuura, conseillère économique auprès de l’ambassade du Japon en France, lors de l’inauguration.
S.H.