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Anniversaire
Le traité de Rome a 50 ans

L'Union européenne s'apprête à commémorer le cinquantième anniversaire des traités de Rome, signés le 25 mars 1957. Des textes à l'origine de la Politique agricole commune.

Le 25 mars 1957, les six chefs d'États de Belgique, de France, d'Italie, du Luxembourg, des Pays-Bas et de la République fédérale d'Allemagne, ainsi que leur ministre des Affaires étrangères, signaient les traités de Rome au Capitole.
Le 25 mars 1957, les six chefs d'États de Belgique, de France, d'Italie, du Luxembourg, des Pays-Bas et de la République fédérale d'Allemagne, ainsi que leur ministre des Affaires étrangères, signaient les traités de Rome au Capitole.
© Parlement européen
Il pleut à Rome ce 25 mars 1957. À l'abri des appartements cossus du Capitole, douze signataires de six pays (1) s'apprêtent à parapher les traités de Rome (2) et notamment celui instituant la Communauté économique européenne (CEE). Dont l'ambition est d'élaborer « un marché commun, et par le rapprochement progressif des politiques économiques des États-membres, de promouvoir le développement harmonieux des activités économiques (...), une expansion continue et équilibrée, une stabilité accrue ». C'est dans ce texte que la Politique agricole commune trouve ses fondements. Dans ce traité, l'article 39 établit déjà « l'accroissement de la productivité de l'agriculture », prévoit
« d'assurer un niveau de vie équitable à la population agricole » et de « stabiliser les marchés, garantir la sécurité des approvisionnements et assurer des prix raisonnables dans les livraisons aux consommateurs ». Neuf autres articles successifs sont consacrés au secteur agricole. Tout doit concourir à la modernisation de l'agriculture, avec comme moyen l'organisation commune des marchés prévue à l'article 40.
Ce sont les céréales qui inaugurent ces dispositions comme l'indique Olivier de Gasquet, auteur de Notre agriculture, nouvelle Pac, nouveaux enjeux (3) : « Les céréales sont le produit alimentaire de base. La régulation de ce secteur est un enjeu stratégique. En quelque sorte, la France transpose au niveau européen les méthodes qu'elle expérimente au niveau national depuis la mise en
place de l'Onic (Office national interprofessionnel des céréales) en 1936
».

Compensation
« Sans la volonté politique de la France, ces dispositions seraient sans doute restées lettre morte », affirme Olivier de Gasquet. Et surtout, grâce à l'acharnement du Général de Gaulle qui a su conjuguer les objectifs agricoles assignés par la CEE. S'il n'a pas participé à la signature des traités de Rome, il constate, à son retour au pouvoir en 1958, que la France doit, en priorité, restructurer son agriculture. « C'est pour rééquilibrer les chances de notre pays que de Gaulle exige la mise en place du marché commun agricole en échange de celle du marché commun industriel », témoigne Olivier de Gasquet. Des propositions auxquelles souscrit Edgard Pisani, ministre de « l'Agriculture de France » (4), comme le surnomme le général de Gaulle.  « À la fin de la seconde Guerre mondiale, l'Allemagne est détruite, son industrie anéantie. Avec l'aide financière américaine, via le plan Marshall, l'Allemagne retrouverait sa superbe d'avant le conflit, voire une industrie encore plus moderne et puissante. La France, moins détruite, devait trouver une compensation dans un autre secteur économique. Et ce fut l'agriculture ». Une stratégie qui peut paraître surprenante à notre époque contemporaine. Pourquoi, alors, bâtir l'Europe dans un tel état d'esprit ? Edgard Pisani rappelle qu'« il existait toujours à l'époque une antinomie vainqueur-vaincu ». Avec la survivance, sans aucun doute, d'une certaine défiance. D'autres raisons ont également guidé ce choix politique gaullien. « Même si la France était autosuffisante, nous étions, tous, politiques comme citoyens, obsédés par le rationnement. La dimension de la sécurité alimentaire était première ». Mais aussi, l'Europe comme la France, par orgueil, après la défaite, « prétendaient parvenir au même niveau que le Canada ou les États-Unis alors que nous avions beaucoup de retard dans le secteur agricole. Cela flattait les ambitions européennes », éclaire Edgard Pisani. De ses années de travail au ministère de l'Agriculture, l'ancien ministre en garde un souvenir très fort.
« Nous travaillions nuit et jour avec les représentants de la profession comme Debatisse et Blondelle. Cela a été une formidable expérience humaine », témoigne-t-il d'une voix laissant transparaître une émotion contenue.
Laure Bourdoncle


(1) Les six pays signataires sont la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la République fédérale d’Allemagne.
(2) Dans les Traités de Rome, plusieurs traités sont signés, celui du marché commun et Euratom, à savoir la Communauté européenne de l'énergie atomique.
(3) Olivier de Gasquet, Notre agriculture, nouvelle Pac, nouveaux enjeux, éd. Vuibert, 2006, 292 p., 23 euros.
(4) : Dès sa prise de fonction au ministère, de Gaulle déclare à Pisani : « Vous n'êtes pas le ministre des agriculteurs mais le ministre de l'agriculture de France ».
Sites internet : www.traitederome.fr, europa.eu, touteleurope.fr
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