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Authion
L’eau au cœur de tous les enjeux en Vallée de l’Authion

Mercredi, la FDSEA a organisé une rencontre de terrain avec le préfet Richard Samuel. Le syndicat l’a interpellé notamment sur le curage des fossés et l’irrigation.

Les enjeux économiques de l’irrigation ont été rappelés au préfet Richard Samuel par Jean-François Cesbron, président la Chambre d’agriculture. Sur le bassin de l’Authion, 50 % des 
cultures irriguées sont des cultures spécialisées, à haute valeur ajoutée.
Les enjeux économiques de l’irrigation ont été rappelés au préfet Richard Samuel par Jean-François Cesbron, président la Chambre d’agriculture. Sur le bassin de l’Authion, 50 % des
cultures irriguées sont des cultures spécialisées, à haute valeur ajoutée.
© AA

La FDSEA avait donné rendez-vous au préfet en bordure d’un fossé, à mi-chemin entre Les Rosiers-sur-Loire et Beaufort-en-Vallée. Une visite de terrain afin d’illustrer la complexité de la gestion de l’eau dans le bassin de l’Authion, une eau tantôt en excès en hiver, tantôt insuffisante au printemps et en été. « À cela, s’ajoutent des réglementations qui s’opposent », a souligné d’emblée le vice-président de la FDSEA, Jean-Marc Lézé. Ces réglementations conduisent parfois à des blocages. Les fossés en sont un exemple. Nombreux dans la région, ces fossés ont pour fonction d’évacuer l’eau, en hiver, quand il y a risque de crue et de véhiculer l’eau pour faciliter l’irrigation, en été. La plupart ont été curés la dernière fois en 1985 et un nouveau curage serait nécessaire, selon les agriculteurs, afin de protéger le secteur des risques d’inondations. Or, depuis, la loi sur l’eau de 2006 a classé en cours d’eau de nombreux fossés, rendant non pas interdite, mais très compliquée la procédure d’autorisation de leur curage. Une autorisation préfectorale et une étude d’incidence sont obligatoires.

Sécuriser les cultures
Pascal Laizé, chargé de l’eau à la FDSEA, a plaidé pour une plus grande souplesse de l’administration : « Nous voulons pouvoir entretenir le réseau mis en place par nos parents. Or aujourd’hui, les coûts d’étude sont devenus deux fois plus élevés que les travaux eux-mêmes », a-t-il dénoncé devant le préfet. La dernière étude réalisée en 2008 par le SMLA, Syndicat mixte Loire-Authion, a été retoquée par la préfecture qui demandait des compléments d’étude. Les fossés, pendant ce temps, continuent à s’envaser. Pour autant, « nous ne demandons pas le déclassement systématique, a précisé Pascal Laizé. Nous pensons qu’il est possible de curer les fossés classés cours d’eau s’il y a une collaboration et une volonté de tous les acteurs ». Certes, la Vallée n’a plus connu d’inondations depuis les années 60 (une grande crue en 1961) suite à la construction de la station d’exhaure aux Ponts-de-Cé en 1974. Mais le risque persiste, à la fois pour les populations et les cultures. Le secteur est classé en plan de prévention des risques d’inondation. « Il est primordial d’entretenir ces réseaux de drainage car toute une économie en découle », a souligné Anne Gautier, élue FDSEA en charge de l’emploi. Les productions de maïs semences, et d’autres cultures à haute valeur ajoutée a pu être confortée dans la Vallée grâce aux aménagements réalisés.
En bordure du fossé classé cours d’eau, la problématique de l’entretien des bandes enherbées de 6 mètres a aussi été évoquée : l’interdiction de traitement n’est pas sans poser de problèmes aux multiplicateurs de semences, dont la pureté est menacée par les espèces présentes en bordure de cours d’eau, comme l’a fait remarquer Olivier Lemarié, agriculteur multiplicateur.

Un préfet attentif etouvert à la discussion
Après l’entretien du réseau, l’autre volet de la rencontre portait sur les enjeux économiques de l’irrigation, illustrés par le témoignage de Thierry Flécheau, bulbiculteur (lire ci-dessous). En Maine-et-Loire,27,8 % des surfaces sont irriguées et la proportion monte à 54,8 % dans le Baugeois-Vallée.  La moitié des surfaces irriguées concerne des cultures spécialisées, d’où la nécessité d’un approvisionnement régulier en eau pour pérenniser les contrats, et derrière, assurer les chiffres d’affaires des agriculteurs et de l’aval.  Plus globalement la gestion de l’eau dans le bassin a été abordée. Alors que la loi sur l’eau et le Sdage Loire- Bretagne appellent à la mise en œuvre de gestions collectives des prélèvements, la Chambre d’agriculture,  en collaboration avec l’Entente de l’Authion, a mis en place un Observatoire volontaire de l’usage de l’eau sur l’ensemble du bassin. Son objectif : estimer finement les besoins et les risques d’une pénurie d’eau sur telle ou telle production. « L’observatoire, c’est le prologue d’une gestion collective de l’eau », a résumé Jeannick Cantin, président du CRDA du Baugeois-Vallée.
Concernant enfin le Cénomanien, la FDSEA a souligné que le comité de suivi contenait dans son rapport de 2009 des éléments plutôt encourageants, à savoir une stabilité , voire un potentiel de hausse dans la nappe. « Ils permettraient de remettre en cause le classement en ZRE (Zone de répartition des eaux), actuellement en cours de révision », a signalé Pascal Laizé. Actuellement, 37 communes sont dans ce cas en Maine-et-Loire, dont 24 dans le bassin versant de l’Authion.
Attentif à toutes ces problématiques, le préfet a rappelé que l’eau était pour les agriculteurs un « outil de travail » et s’est montré plutôt ouvert à la discussion, déclarant « qu’on gagnerait à remplacer les interdictions par des incitations et de la pédagogie ». Il s’est montré « sensible à la volonté de la profesion de travailler en bonne intelligence avec l’administration ». Il a insisté sur la « responsabilité » de la profession en termes environnemental et d’utilisation « économe » de la ressource. Quelle que soit la source d’approvisionnement en eau, la profession a insisté, elle aussi, sur le sens de la responsabilité des agriculteurs.

S.H.

Cultures spécialisées

Les réseaux d’irrigation pérennisent les contrats

« Le réseau d’eau a apporté une garantie de débouchés. C’est aujourd’hui un des grands atouts de mon exploitation ». Installé en 2000, Thierry Flécheau, 41 ans, cultive des bulbes de fleurs, des semences et des céréales sur 32 hectares, dont 3 200 m2 de serres. Sa culture principale est le dahlia. Il travaille avec la coopérative Terrena et bientôt avec l’obtenteur Bejo.  Chaque année, il irrigue 14 à 20 hectares. Avant l’installation du réseau d’irrigation il y a quatre ans, il prélevait de l’eau à partir d’un puits, de l’eau ferrugineuse pas adaptée à ses cultures, parce qu’elle détériore la qualité des fleurs. « J’attendais le réseau avec impatience, j’ai été soulagé quand il a été mis en place, témoigne-t-il. Aujourd’hui, je n’utilise plus du tout de puits et je suis tributaire à 100 % du réseau ». Le réseau d’irrigation Beaufort-Brion-Jumelles couvre plus de 1 000 hectares, grâce à 90 km de canalisation. Les besoins en eau varient d’une année à l’autre :  2,5 millions de m3 ont été prélevés en 2009, 1,8 millions en 2006. Jean-Maurice Leroy, agriculteur et responsable du réseau, a souligné l’importance de l’eau pour les exploitants : « L’eau c’est notre droit à produire. Sans eau, pas de contrat ». Reste la problématique de l’arrêté de prise d’eau en Loire, qui impose un arrêt des prélèvements à partir de 127 m3/s. Certaines cultures sous serres ne peuvent supporter un arrêt d’irrigation de deux ou trois jours.

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