Territoire
Les agriculteurs périurbains, acteurs du développement
Un groupe d’agriculteurs a rendu publique mardi une réflexion sur les conditions d’exercice et l’avenir de l’agriculture en zone périurbaine angevine, autour de cinq problématiques.
Dans le cadre du projet “Prospectives agricoles locales et dynamiques urbaines en Pays de la Loire”, porté par la Chambre régionale d’agriculture, trois groupes d’agriculteurs ont mené une réflexion sur la place des agriculteurs en territoire périurbain. En Maine-et-Loire, un groupe d’agri- culteurs du Plessis-Grammoire, de Saint-Barthélémy-d’Anjou, de Saint-Sylvain-d’Anjou et de Trélazé a présenté mardi sa démarche aux élus locaux et aux partenaires, au Plessis-Grammoire (les réflexions des groupes de Nantes-nord et du Mans-sud ont respectivement été restituées le 21 octobre et hier jeudi). Un séminaire de synthèse aura lieu le 30 janvier, à La Chapelle-sur-Erdre (44). Voici les aspects principaux identifiés dans le département :
Maîtriser le foncier agricole. Le point le plus détaillé de la réflexion. « Face à la baisse de la SAU en zone périurbaine, avec un foncier de plus en plus parcellisé, avec la concurrence des spéculateurs sur les terres, l’exercice de l’activité agricole est rendu plus difficile », souligne Jean-Pierre Leroyer, éleveur laitier au Plessis-Grammoire. Les agriculteurs veulent influer sur les décisions d’aména-gement du territoire, c’est-à-dire devenir force de proposition pour favoriser la prise en compte de l’agriculture dans les projets d’urbanisme, travailler sur les activités offertes par le périurbain pour maintenir l’activité agricole (circuits courts, ferme pédagogique…), et se pencher sur la règlementation avec les propriétaires et organisations agricoles, afin de limiter les concurrences dans l’usage du foncier agricole.
Être informé des projets des collectivités territoriales. « Les agriculteurs se disent souvent mal informés de ces projets, dans un contexte d’urbanisation croissante, ce qui remet parfois en cause leurs choix de développement », détaille Denis Vaugoyeau, arboriculteur à Saint- Sylvain-d’Anjou. Il est proposé d’inviter les élus sur les exploitations pour les sensibiliser aux préoccupations, d’améliorer la représentation professionnelle aux différents niveaux de décision, ou encore de créer des commissions agricoles à l’échelle des Plu (*) intercommunaux.
Améliorer la disponibilité et la formation des salariés. Pour améliorer l’attractivité du salariat agricole, sont avancés la promotion des métiers, l’établissement d’un projet avec les partenaires de l’emploi et de la formation pour répondre aux besoins de qualification, le travail en réseaux professionnels agricoles sur les emplois partagés et une réflexion avec l’agglomération sur les transports collectifs.
Faciliter l’accès à la ressource en eau. Afin de convaincre de la nécessité économique de l’utilisation de l’eau, afin aussi d’établir des pratiques de substitution, des rencontres entre syndicats professionnels et élus, en amont des projets d’urbanisme sont suggérées, ainsi que la création d’un groupe de travail mixte afin de référencer les besoins par rapport à la ressource disponible. Une action envers les élus et le grand public sur la nécessité de l’irrigation et les bonnes pratiques dans ce domaine est aussi proposée.
Améliorer l’image de l’activité agricole. « Globalement, l’agriculture pâtit d’une image dégradée, en raison de ses modes de production, à l’heure où l’agriculture biologique et le développement durable sont véhiculées comme des références », observe Pascal Souchard, du Gaec Souchard, au Plessis-Grammoire. Afin de montrer les contributions positives de l’agriculture, mais aussi ses contraintes, un plan de communication à destination du grand public et des actions de proximité (visites d’entreprises, comices) sont avancés. Jean-François Mater (*) Plan local d’urbanisme.
Démarche
« La diversité des filières, un atout pour l’avancée de la réflexion »
À l’automne 2007, un courrier a été envoyé aux 60 agriculteurs du Plessis-Grammoire, de Saint-Barthélémy-d’Anjou, de Saint-Sylvain-d’Anjou et de Trélazé. La première réunion a eu lieu en décembre 2007. « Au total, entre décembre 2007 et juin 2008, six réunions ont été organisées », précise Bertille Thareau, chargée d’études au laboratoire de sciences sociales de l’Ésa, qui fait partie de l’équipe d’animation et d’accompagnement du projet.
Représentant toutes les filières du territoire, huit agriculteurs ont assisté à au moins trois réunions. « Cette diversité a constitué un atout pour l’avancée de la réflexion, reprend Bertille Thareau. Les agriculteurs ont pu poser véritablement les problèmes du point de vue professionnel et se projeter vers l'avenir, même si une partie d'entre eux a parfois eu du mal à le faire, en raison des incertitudes quant à la suite de leur exploitation. »
Au final, un lien s’est créé entre le groupe et la commission agricole du Pays Loire Angers. « Deux agriculteurs du groupe faisaient déjà partie de la commission au moment de débuter les travaux. Depuis, un troisième les a rejoints, conclut Bertille Thareau. Et les réflexions issues du groupe local ont été intégrées au travail de la commission. »