Les agriculteurs, « un appui déterminant dans cette gestion de crise »
Pompiers, entreprises, agriculteurs et bénévoles qui ont fait face aux incendies de l’été étaient conviés à une cérémonie d’hommage
organisée par le Département, la Préfecture et le Sdis, mardi 4 octobre, à Angers.
Pompiers, entreprises, agriculteurs et bénévoles qui ont fait face aux incendies de l’été étaient conviés à une cérémonie d’hommage
organisée par le Département, la Préfecture et le Sdis, mardi 4 octobre, à Angers.
Cet été, 2 300 hectares ont été détruits par le feu en Maine-et-Loire. Dans la lutte contre ces incendies, les pompiers ont pu compter sur le soutien des agriculteurs, des habitants, des élus. « Les agriculteurs ont été un appui déterminant dans cette gestion de crise », souligne le préfet du Maine-et-Loire Pierre Ory, lors de la cérémonie de remerciements. Dans les jardins de l’Hôtel du département à Angers, tous soulignent leur rôle déterminant. « On ne s’attendait pas à une mobilisation des agriculteurs d’une telle ampleur », souligne Philippe Chalopin, maire de Baugé-en-Anjou. « Ils ont été un apport essentiel. » Dans le Baugeois, entre 70 et 80 agriculteurs se sont mobilisés. Parmi eux, Jackie Raimbault. « Dès le premier jour, j’ai apporté 2 tracteurs avec 2 tonnes à lisier de 8 000 l », explique l’agriculteur et entrepreneur en travaux agricoles de Montpollin. « Le lendemain, j’ai contacté mon neveu pour qu’il apporte une de ses tonnes de 24 000 l pour qu’il puisse ravitailler les camions des pompiers. » Avec son matériel, Jackie Raimbault a arrosé les bordures de chemin : « partout où les pompiers nous disaient d’aller... ». Pendant 5 jours, il a passé ses nuits à combattre le feu puis le jour, il retournait au travail. « J’ai pris du temps à retrouver le sommeil...» 2 mois après le drame, l’agriculteur entrepreneur a « encore les images des flammes qui lui reviennent en tête ». Et aujourd’hui, quand il voit la forêt en tas, il ne pensait pas « voir un jour un tel désastre ». Amaury Gigou, agriculteur et exploitant forestier à Lasse, a aussi prêté main-forte aux pompiers lors de l’incendie du Baugeois. « Le feu était à 200 m de mon habitation ». En tant qu’exploitant forestier, il a pu mettre à disposition son matériel. « En coupant du bois 200 m de long et 40 m de large, nous avons créé, avec l’ONF, des pare-feu entre Baugé et Clefs. » Le but étant que le feu n’aille pas dans le centre de Baugé. Ensuite, l’agriculteur a aussi aidé à déberner les bords de route. Pour lui, « c’était une évidence que je devais prêter mon matériel comme j’étais juste à côté. » Amaury Gigou regrette ne pas être intervenu rapidement. « Il faudrait établir une liste des exploitants forestiers du coin avec le matériel disponible pour gagner du temps si cela arrivait de nouveau. »
L’intervention des agriculteurs a fait gagner un temps
précieux.
L’incendie de la forêt de Beaulieu-sur-Layon a ravagé 200 hectares. Bruno Ménard, éleveur et viticulteur à Faye d’Anjou a été un des premiers exploitant à intervenir. Son exploitation est au ras de la forêt. « Le feu a démarré vers 16 h, à 17 h, j’étais déjà sur place avec ma tonne à lisier personnelle ». Pendant 4 jours, il s’est relayé avec d’autres agriculteurs pour ravitailler les camions des pompiers en eau et « noyer les bois ». « Une cinquantaine d’agriculteurs et viticulteurs se sont relayés pour aider les pompiers », complète Sébastien Massicat, viticulteur du Faye-d’Anjou. « Ça fait mal de voir la forêt partir comme ça. » Un élan de solidarité apprécié par le maire de la commune de Beaulieu sur Layon : « l’intervention des agriculteurs a fait gagner un temps précieux ».
La réactivité des agriculteurs et des ETA a aussi été déterminante pour lutter contre le feu de Trélazé. « Le sol était tellement chaud que le feu courait dans les prairies. Il fallait le couper au plus vite », explique Aurélien Gaugain, salarié de l’ETA Cadeau qui est intervenu « par solidarité pour les clients ». Avec d’autres agriculteurs, il a labouré, déchaumé des parcelles pour limiter la propagation du feu. « On a aussi arrosé les lisières de bois », note Eric Hervé, agriculteur d’Andard qui a été impressionné par le calme des professionnels du feu.
Tirer les leçons
Tous les agriculteurs qui ont apporté leur soutien espèrent que des leçons soient tirées de cet épisode dramatique. « Il faudrait qu’on améliore la communication entre nous et les pompiers pour qu’on puisse agir plus vite » glisse l’un d’entre eux. Pour Philippe Chalopin, maire de Baugé en Anjou, cette meilleure coordination pourrait passer par le plan de sauvegarde communal. Ce document réalisé par la collectivité prévoit l’organisation des acteurs locaux en cas de gestion de crise. « Il pourrait y avoir un référent agricole qui pourrait être en lien direct avec le Sdis », imagine le maire.