Environnement
Les conséquences de l’extension de la zone vulnérable
L'extension de la zone vulnérable posera des problèmes aux exploitations. Démonstration hier sur le terrain.
Le préfet de Maine-et-Loire, François Burdeyran, devait se rendre hier sur l'exploitation de Philippe et Jérôme Landelle à Longué Jumelles. Objectif de la visite organisée par la FDSEA : montrer au préfet, de façon pratique, les conséquences de l'extension en zone vulnérable à l’est du département et de l'application des nouveaux programmes d'action.
Le Gaec se situe sur la commune de Longué-Jumelles, située sur la nappe du séno-turonien et classée du fait d’un captage à Neuillé dont la teneur en nitrates dépasse le 50 mg/litre. L’exploitation produit 512 000 litres de lait sur une SAU de 118 hectares ; le système, en polyculture élevage, pratique le non labour et implante des couverts hivernaux.
Conséquences à plusieurs niveaux
Le passage de la région - de l'exploitation visitée et de toutes celles concernées - en zone vulnérable aura des conséquences sur plusieurs plans.
Le principal problème concerne l'allongement des périodes d'interdictions d'épandage pour les effluents de type II (type lisier), notamment sur les prairies ainsi que sur les cultures implantées à l'automne, ou en fin d'été, (autre que colza) c'est à dire les céréales. Ces modifications auront des conséquences importantes sur les capacités de stockage. Dans le cas présent, les éleveurs se trouvent dans une impasse qui ne leur permet pas de vider leur fosse. La capacité de stockage de six mois, pourtant largement suffisantes réglementairement, devient trop faible. La profession demande de conserver des fenêtres d’épandage à l’automne et que les renforcements proposés soient justifiés agronomiquement.
Un autre point fort des négociations concerne l’implantation de couverts durant les intercultures. Jérôme et Philippe Landelle ne sont pas opposés à implanter des couverts, comme le prévoit le 5e programme d'actions. Ils le font d'ailleurs déjà. Mais s’ils mentionnent que l'implantation des couverts est possible dans leur cas particulier, et précisent que ce ne serait pas forcément le cas avec d’autres systèmes. Notamment pour les éleveurs et producteurs de maïs semences qui travaillent sur des terres argileuses nécessitant un travail d’hiver – très fréquent dans la région. Ils mentionnent également l’impossibilité d’implanter des couverts en cas d'années très pluvieuses (comme en 2012 par exemple). C’est pourquoi la profession défend la présence de dérogations pour l’implantation de couverts pour les terres nécessitant un travail hivernal (argile, faux semis).
Ensuite, le cadre national interdit formellement l'usage de produits chimiques pour la destruction des couverts végétaux. Dans le cas présent, lors de conditions atmosphériques douces, c'est-à-dire des hivers sans gel, comme cette année par exemple, l'interdiction d'utilisation de produits chimiques rend le problème insoluble car le passage d'un outil mécanique détruira certes le couvert, mais pas les parasites. Les agriculteurs se trouveront donc dans une impasse technique avec des retombées ingérables sur les cultures futures et craignent de devoir ensuite utiliser des insecticides, ce qu’ils déplorent au nom de l’environnement.
Ces différentes dispositions du 5e programme d’actions viennent compliquer la conduite des exploitations et principalement les systèmes d'élevage. Cela amène bon nombre d’éleveurs à se poser la question d’abandonner les animaux pour se tourner exclusivement vers des cultures à haute valeur ajoutée, très présentes dans l'est du département.
L'exploitation de Jérôme et Philippe Landelle, présentée au préfet de Maine-et-Loire n'est qu'un exemple des problèmes que posent le passage en zone vulnérable et l'application du 5e programme de la directive nitrates. D'autres complications liées à la nature des sols argileux, aux conditions climatiques ou aux systèmes herbagers ont également été présentées au représentant de l'État.
Manon Gosset
SAU : 118 ha