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Les espaces ruraux, objets de toutes les convoitises

Pour leur congrès annuel, les Chambres régionale et départementales ont évoqué la gestion du foncier, les compensations et l'Agriculture écologiquement intensive.

Michel Griffon, fondateur du concept AEI, a conclu les débats lors du congrès des Chambres d’agriculture Pays de la Loire.
Michel Griffon, fondateur du concept AEI, a conclu les débats lors du congrès des Chambres d’agriculture Pays de la Loire.
© AA
C’est un peu le revers de la médaille. Le dynamisme et la population jeune de la région des Pays de la Loire font de son foncier un objet de convoitise. Sur vingt ans, la population y a crû de 500 000 habitants et l’on s’attend à une forte croissance d’ici les trente prochaines années, pour passer d’une densité de 95 à 135 habitants au km2.
Dans ces conditions, comment concilier le développement et la maîtrise du foncier, d’autant que cet engouement ne concerne pas uniquement le secteur urbain ? Le milieu rural est, lui aussi, confronté à cette demande qui relève de la quadrature du cercle : garder le caractère rural des communes mais y accueillir de plus en plus de population et les infrastructures qui en découlent. Les agriculteurs voient donc "avancer la ville", au risque de voir s’engloutir leur outil de travail sous le béton. L’idée n’est pas d’opposer un mur du refus face aux besoins croissants de logements, de zones d’activité, de routes, mais bien d’organiser le développement de façon cohérente et concertée, ne serait-ce que pour laisser une indispensable lisibilité aux agriculteurs, notamment les jeunes installés. Pour ce faire, des moyens ont été mis en œuvre, à l’instar de la charte Agriculture et Urbanisme qu’a présentée François Beaupère, élu chargé du dossier "espace rural", à la Chambre d’agriculture de Maine-et-Loire, lors du congrès annuel des Chambres régionale et départementales. Le foncier était l’un des thèmes retenu pour cette rencontre qui se tenait à Angers, vendredi 27 avril. Un sujet en totale cohérence avec le thème du matin qui traitait, en présence de Michel Griffon lui-même, de l’Agriculture écologiquement intensive (voir ci-dessous). Une AEI qui vise à "produire plus avec moins".
Sans doute, comme l’a souligné François Beaupère, "la charte n’est pas un outil suffisant". L’évolution des surfaces montre sans ambages que la région des Pays de la Loire figure parmi les premières régions consommatrice d’espaces agricoles en valeur absolue. Il n’empêche que cette charte, qui est également en application dans trois autres départements de la région, fait référence. "Trois des sept Scot en tiennent compte et affichent des volontés de maîtrise", poursuit François Beaupère qui prône "la concertation et une posture constructive", ce qui n’est pas toujours évident car "l’agriculture doit encore et toujours valoriser ses positions et se justifier".

La compensation écologique vue comme une “double peine”
Un autre élément vient encore compliquer la situation. C’est celui des compensations écologiques.
Inscrite dans les textes dès 1976, reprise en 1985 et 2004, cette disposition est devenue véritablement d’actualité à la suite du Grenelle de l’environnement. C’est une mesure qualifiée de "double peine" par les agriculteurs puisqu’il leur échoit de laisser de leurs terres en cas d’emprise pour des infrastructures alors même que d’autres de leurs terres sont captées pour un projet. Et que la compensation doit apporter un "plus" en terme de biodiversité. On a cité, lors de cette réunion, la LGV, ligne à grande vitesse, sur le département de la Sarthe notamment. En l’occur-rence, les agriculteurs réclament que soit appliqué le principe "éviter – réduire – compenser" et que si compensation il y a, elle s’exerce en priorité sur les terres non exploitables et sur les surfaces non exploitées. C’est en ce sens qu’a été votée une motion. Ce qui n’exonère pas, là aussi, la concertation. D’autant que cette recherche de terres de compensation constitue un "nouveau marché pour des opérateurs extérieurs", a souligné Claude Charron, président de la Chambre d’agriculture de Mayenne. D’où la claire affirmation de l’ensemble des élus pour que les Chambres d’agriculture et le syndicalisme soient invités à la table des discussions.

M. L.-R.

Élevage et productions végétales

L’Agriculture écologiquement intensive en pratique

Lors des entretiens de l’AEI à l’automne dernier, Michel Griffon avait clairement indiqué que c’est dans le domaine de l’élevage qu’il fallait travailler le plus pour trouver des méthodes de production à la fois productives et écologiques. Les Chambres d’agriculture ont entendu le message. Hervé Pillaud, responsable du pôle élevage des Chambres, a présenté les techniques d’avenir qui vont permettre d’améliorer le suivi du troupeau, donc sa production, tout en permettant de diminuer les traitements sanitaires. La ferme expérimentale des Trinottières teste ces nouvelles méthodes : “Un thermomètre vaginal implanté dans la vache six jours avant le vêlage permet de prévenir l’éleveur par téléphone quand le vêlage se déclenche. Cette technique existe déjà et concourt à faciliter le travail. Sur la ferme, nous testons plusieurs outils pour détecter les chaleurs et améliorer l’efficacité des inséminations. Enfin, nous sommes en phase de test d’outils qui permettent de détecter très tôt quand un animal couve une maladie, ce qui va déboucher sur des traitements très ciblés et une baisse des frais vétérinaires.
En productions végétales, Jean-Loïc Landrein, président de la Chambre de la Sarthe, a démontré comment l’amélioration des Bulletins de santé du végétal et le réseau des fermes d’observation ont permis, dans de nombreuses productions, de diminuer fortement les traitements phytosanitaires, tout en maintenant une production identique : “Aujourd’hui, on ne lutte plus contre tel ou tel ravageur, on s’en protège ; c’est une approche très différente”. Christiane Lambert, responsable du Comité développement durable de la Chambre régionale, explique l’importance de l’observation, la fiabilité des indicateurs, l’évaluation sur les temps longs et la recherche de progrès en boucle pour obtenir des résultats techniques et économiques positifs. Cela s’illustre par exemple avec de nouvelles techniques de travail du sol, l’associations de plusieurs cultures, au service d’une meilleure valorisation des sols et des plantes.

Jean-Paul Goutines - Frsea

VERBATIM

Michel Griffon, président de l’association AEI : “Bien sûr, la recherche, c’est l’Inra, les Instituts, les Chambres d’agriculture, mais c’est d’abord les agriculteurs eux-mêmes. Ce qui marche le mieux pour faire changer les choses, c’est la recherche pas à pas. Toutes les techniques de l’Agriculture écologiquement intensive ne sont pas nouvelles.
Ce qui est nouveau, c’est de les utiliser toutes ensemble. Cela en multiplie l’effet.
L’Agriculture biologique nous a beaucoup aidés en inventant des techniques que nous avons
utilisées ensuite dans l’agriculture conventionnelle”.
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