Fourrages
Les Fourrages de substitution
Les pluies de cette semaine vont peut-être permettre d’ensemencer des espèces “soudures”. Point sur les pistes de semis d’espèces envisageables pour pallier partiellement un déficit fourrager.
Ensemencer des espèces “soudures” peut s’avérer intéressant pour combler une partie du manque de fourrages. Leur choix peut être fait en fonction de la date de semis, leur utilisation probable et leur coût. Pour l’ensemble de ces espèces, la levée reste tributaire de l’humidité du sol et est donc très aléatoire. Sans eau, il n’y aura pas de miracle.
Pour les semis de début juin après céréales immatures et orge
Après une récolte de céréales immatures ou d’orge, le choix des espèces à semer peut se faire en fonction de l’utilisation qui en est prévue (tableau 1). Pour les surfaces accessibles aux animaux, ou pouvant servir d’affourragement en vert le colza fourrager, le chou, le moha et le trèfle d’Alexandrie, sont possibles. Pour les surfaces non accessibles, le choix portera plus sur le sorgho fourrager. Le moha et le trèfle d’Alexandrie sont également possibles. Ce sont des espèces fourragères à utilisation mixte.
Après une céréale récoltée en grain
Après une récolte de céréales en grain, une base de graminée (RGI, avoine brésilienne, triticale, avoine d’hiver, seigle) donne les meilleures chances de réussite (tableau 2). Cette base peut être mélangée à une légumineuse telle que le trèfle incarnat ou le colza fourrager. Ce mélange pourra être utilisé en pâturage ou en fauche. Le sorgho fourrager est également à réserver pour la fauche.
À cette date, il peut être intéressant de choisir un fourrage valorisable en sortie de l’hiver comme le RGI. Dans ce cas, les plantes susceptibles de geler (avoine brésilienne) sont à éviter.
Dans tous les cas, il est conseillé de semer dès la récolte de la céréale (à condition d’avoir de la pluie) en assurant un bon contact sol/graine par un bon rappuyage du sol.
Semer du sorgho fourrager, économe en eau ?
Après un ensilage de céréales, le sorgho fourrager présente des atouts. Son système racinaire lui permet d’extraire l’eau plus efficacement que le maïs. Pour un apport de fourrages verts pour l’été, le sorgho fourrager (de type suddan grass) est à exploiter en pâturage. Il peut être consommé quand la plante a dépassé les 60 cm de hauteur. On peut prévoir 2 autres passages toutes les 4 - 5 semaines. Le sorgho fourrager a une pousse explosive qui demande un suivi régulier après les pluies pour ne pas être débordé. Pour une bonne valorisation en ensilage, il faut préférer le sorgho sucrier. Les valeurs du sorgho ensilé sont proches de celles du maïs (mais avec moins d’énergie dans le cas du sorgho
fourrager). Il viendra ainsi plutôt remplacer le maïs que l’herbe dans la ration.
Le colza fourrager après céréales ?
Culture à levée et à croissance très rapide, le colza peut être bon à pâturer 50 à 60 jours après un semis de fin de printemps (si humidité et chaleur). Pour une production de fourrage au plus vite, choisir une variété précoce (variétés type hiver, plus souple d’exploitation).
L’utilisation est intéressante pour les bovins adultes et déconseillée pour les animaux en croissance. L’exploitation devrait être terminée au début de la floraison. Par la suite, la teneur en cellulose brute augmente et les teneurs en matières azotées diminuent ainsi que l’appétence.
L’affouragement en vert permet de limiter les pertes.
Le RGI
Dérobée très connue et très utilisée l’an dernier, elle a donné satisfaction. Avec un semis précoce en août, on peut en attendre une production d’automne pour le pâturage puis une production précoce de printemps pour ensiler. C’est la plante qui donnera la meilleure valeur
alimentaire (0,90 UFL 65-70 PDI). On peut l’associer avec du trèfle incarnat. Quelques éleveurs font une association avec du colza (5 à 7 kg) et en sont satisfaits.
Valorisation du pâturage de moha-trèfle d’Alexandrie
Le trèfle d’Alexandrie fournit de l’azote (15 à 20 % de MAT) assez peu dégradable dans le rumen. Sa valeur énergétique est correcte en lien avec une cellulose plutôt digestible. La valeur du moha est très liée à son stade. Sa valeur énergétique est faible, entre 0,65 et 0,70 UFL. La valeur du mélange moha – trèfle d’Alexandrie est d’autant plus faible que le moha aura épié : 0,72 UFL à l’épiaison vs 0,80 pour du moha peu avancé. Pour avoir des repousses, il faut pâturer le moha jeune. Il est mieux adapté à une ration ensilage d’herbe qu’à une ration maïs en raison de sa faible teneur en azote soluble.
François BATTAIS CA 49
Selon les propos de :
J.-L. GAYET - J.-C. HUCHON (CA 44) M. THEBAULT (CL-BC 44)
(CA53 - CLASEL)
PAC Les agriculteurs peuvent être amenés à modifier leurs assolements face à la sécheresse. Pour ne pas avoir de souci vis-à-vis de la Pac, il faut en informer la DDT.
Informer la DDT des modifications du dossier Pac
Modification d'assolement, accident de culture ou implantation de cultures dérobées, la sécheresse de ce début d’année peut amener les agriculteurs à modifier ce qui avait été prévu dans leur dossier Pac 2011. Dans tous les cas, il convient d’en informer la DDT. Plusieurs situations sont susceptibles d’intervenir :
• La culture déclarée dans le dossier Pac 2011 au 15 mai ne lève pas (que la culture ait été semée ou non au 15 mai) et l'agriculteur souhaite remplacer cette culture par une autre. Dans ce cas, l'agriculteur utilise le bordereau « modification de l'assolement » en précisant la nouvelle culture ;
• Absence de semis de la culture déclarée à cause des conditions inadaptées ou non levée de la culture déclarée au 15 mai dans le dossier Pac (sans la remplacer par une autre culture). Dans ce cas, l'agriculteur
utilise le bordereau de “modification de l'assolement” en indiquant “accident de culture”;
• La culture déclarée au 15 mai est suffisamment développée pour être récoltée (ensilage ou récolte précoce) et une culture dérobée est mise en place en vue d'une récolte à l'automne. Dans ce cas, l'agriculteur informe la DDT, sur papier libre, de l'implantation d'une culture dérobée.
Le tableau ci-dessous recense l’ensemble des situations qui peuvent se présenter et les démarches à effectuer par l’agriculteur.
Damien Boussiron