JA
Les Jeunes agriculteurs contestent le bilan de Michel Barnier
Michel Barnier est sorti sous les huées du congrès des JA qui n’ont pas totalement digéré le bilan de santé de la Pac, la LME, et pas du tout le récent accord sur le prix du lait.
Michel Barnier avait inauguré ses fonctions de ministre de l’Agriculture, il y a deux ans, devant le Congrès de Jeunes agriculteurs (JA). Le 11 juin, le nouveau député européen a fait sa sortie lors du même Congrès de JA, à Saint-Flour, dans le Cantal. Une sortie sous les huées et les sifflets, tandis que le ministre justifiait le bilan de son passage rue de Varenne. Mais, depuis deux ans, le bilan de santé de la Pac a été adopté, la loi de modernisation de l’économie votée au Parlement, et, sujet explosif, la fixation du prix du lait a été dérégulée par les services du ministère de l’Économie et des Finances. Il en fallait moins pour déclencher la colère des JA et au-delà de l’ensemble de la profession, dans un contexte de dérégulation de la politique agricole et de forte volatilité des prix sur les marchés.
Le lait de la colère
Depuis quelques semaines, la question du prix du lait a fortement dégradé les relations entre les producteurs d’un côté, et les industriels et les pouvoirs publics de l’autre. Au cœur de cette protestation, très vive dans les fermes, le président de JA, William Villeneuve, l’a redit au ministre : « l’accord signé sur le prix du lait est un mauvais accord. » Producteurs et transformateurs ont abouti en effet à un compromis, le 3 juin, sur un prix moyen annuel compris entre 262 et 280 euros les 1 000 litres. Mais pour les JA, ce prix est insuffisant pour rémunérer les producteurs, et ce n’est pas les 30 millions d’euros consentis par le gouvernement qui règleront le solde. « C’est comme si on finançait la vente à perte », s’est indigné William Villeneuve. Michel Barnier lui a seulement répondu qu’il « valait mieux un accord que pas d’accord, qui aurait livré les producteurs seuls face aux industriels ».
La LME dénoncée
Autre sujet de tension, le contrôle des marges de la grande distribution dans les relations commerciales. Une opération nationale “vérité sur les marges” de 48 heures, lancée le 11 juin contre les GMS, via des blocages de centrales d’achat par exemple, a été très suivie dans toute la France. « Nous sommes lassés (…) et tous floués » par les comportements des grandes enseignes, a tonné
William Villeneuve. Quant à l’Observatoire des prix et des marges mis en place par le gouvernement, les JA déplorent qu’il soit pour l’instant « vide ». Et rien à retirer non plus, selon eux, de la Loi de modernisation de l’économie (LME) pour l’avenir des producteurs. Reprenant ici un peu la main, Michel Barnier a assuré que l’État irait « chercher les informations », par l’intermédiaire de l’Inspection des finances, « si elles n’étaient pas données spontanément » par les distributeurs et les industriels. Concernant l’observatoire, le ministre s’est défendu en soulignant qu’un accord sur « des éléments de transparence pour le prix du porc » avait été trouvé le 10 juin, et que des réunions similaires sur le lait et les fruits et légumes allaient suivre.
Enfin, au sujet de l’application nationale, à partir de 2010, du bilan de santé de la Pac, les JA sont inquiets. Ils reconnaissent comme « indispensable » la réorientation des aides Pac en faveur de l’élevage. Cependant, pour William Villeneuve, ce n’est pas l’« incertaine réserve de DPU de 20 millions d’euros » qui va rassurer les jeunes installés. C’est pourquoi il propose d’expérimenter « un fonds de garantie » ciblé sur les jeunes agriculteurs, intervenant « en cas de chute des prix ». Et, en attendant, il demande une pérennisation des 15 % d’exonération de cotisations sociales lors de la sixième année d’installation, et la prise en charge supérieure pour les jeunes des intérêts d’emprunt, « en cas de crise dans un secteur ». En réponse, Michel Barnier a reconnu que la mise en œuvre de certaines décisions ne devait pas déstabiliser ceux qui viennent de s’installer ou vont le faire. Aussi, « dans les semaines qui viennent », son ministère doit boucler deux propositions : la possibilité de prendre la meilleure des années de la période de référence 2005-2008 pour calculer les dotations de DPU, soit un tournant depuis leur mise en place en 2005. Ensuite, un programme spécifique de dotation à partir de la réserve de DPU, pour les agriculteurs installés en 2009. Enfin, un programme pour ceux qui vont s’installer en 2010, doit aussi être alimenté par la réserve début 2010.
ACTUAGRI