Manifestation
Les producteurs d'œufs mettent la pression
Environ 150 agriculteurs ont vidé le rayon oeufs d’un Auchan et ont distribué leurs propres oeufs aux clients pour dénoncer le prix payé aux producteurs, en dessous de leurs coûts de production.
Environ 150 agriculteurs ont vidé le rayon oeufs d’un Auchan et ont distribué leurs propres oeufs aux clients pour dénoncer le prix payé aux producteurs, en dessous de leurs coûts de production.
Ils venaient de toute la région Pays de la Loire et même au delà. Ce 17 février en début d’après-midi, au magasin Auchan de Saint-Sébastien-sur-Loire (44), les producteurs d’oeufs étaient mobilisés en nombre : environ 150 personnes ont répondu à l’appel de la FRSEA Pays de la Loire et de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB). Ils ont sorti tous les oeufs du rayon ainsi que des produits transformés, comme des crêpes, brioches ou madeleines de marques suspectées d’importer des oeufs non français. Certains avaient même apporté leurs propres oeufs pour les distribuer aux clients et leur expliquer leur démarche. « Nous les vendons à perte, alors autant les donner ! », déclare un producteur des Deux-Sèvres.
« Aujourd’hui les distributeurs renient les producteurs »
« Il y a un an, pendant la crise du Covid, les grandes surfaces faisaient des louanges au monde agricole car nous avions su répondre à l’augmentation de la demande, notamment sur la partie oeuf puisque les Français ont changé leur mode de consommation à ce moment-là. Les maillons de la production ont tout fait pour y répondre et la filière entière a dû s’adapter. Aujourd’hui, les distributeurs renient les producteurs ! », alerte Eric Guellaff, président de la section oeuf au sein de l’UGPVB.
Forte hausse du prix des matières premières
En effet, les négociations annuelles sont en cours entre distributeurs et fournisseurs et certaines enseignes nationales, comme Carrefour, Auchan, Casino et Aldi, exigent une baisse générale de leurs prix d’achat de 4 % à leurs fournisseurs. « Elles exercent une pression commerciale incroyable sur la filière. En plus, cette année est marquée par une forte hausse du prix des matières premières composant l’alimentation des poules pondeuses. L’aliment représente en moyenne 60 % de notre prix de revient. Forcément, ça impacte notre coût de production, en augmentation de 20 % en moyenne sur un an ! », précise Olivier Traineau, représentant de la FRSEA au CNPO (Comité national pour la promotion de l’oeuf) et producteur en Maine-et-Loire. Cette hausse de la matière première s’explique notamment par le retour de la Chine aux achats, par la suspension des exportations de maïs par l’Argentine ou encore par la diminution des exportations de la Russie pour privilégier son propre marché.
Une augmentation de 0,1 € par oeuf
Face à cette situation, « il faudrait que le prix payé aux producteurs soit augmenté d’un centime d’euro par oeuf minimum. Plus de deux ans après l’instauration de la loi Egalim, la grande distribution n’en respecte toujours pas les principes. Avec cette action, nous exigeons un prix rémunérateur pour les producteurs et l’application de la loi Egalim. Le prix doit être élaboré en marche avant, c’est-à-dire qu’il doit partir du coût de production pour établir le prix final », affirme Michaël Trichet, président de la FRSEA Pays de la Loire. Jusque-là « on est toujours en marche à l’envers, constate Eric Guellaff. S’il n’y a pas de changement, c’est toute la filière oeuf qui est en danger ».
C’est le message que les producteurs ont fait passer au directeur et chef de rayon d’Auchan. Mais ils sont bien conscients que ce n’est pas à ce niveau que cela se joue. Les agriculteurs donnent jusqu’au mardi 23 février à Auchan pour revoir sa position. « Nous suivrons l’évolution des négociations suite à cette action. J’espère que ça évoluera dans le bon sens », souhaite Olivier Traineau. Dans le cas inverse, les producteurs sont prêts à revenir « mais ça risque d’être moins convivial », confie un agriculteur vendéen appuyé par un collègue de la Vienne : « il faut que l’on s’en sorte. C’est une question vitale ».
A la fin de l’action, vers 16h, le directeur s’est engagé auprès des producteurs à donner à une association d’aide alimentaire les aliments sortis des rayons et dont les codes-barres ont été rayés.