Fruits et légumes
Les productions maraîchères pâtissent de la fraîcheur des températures
Une campagne fraises correcte, mais sans plus, des asperges qui peinent à trouver des débouchés : le temps frais ne joue pas en faveur de la consommation.

Alors que vient de commencer la semaine Fraîch’attitude (lire page 2), destinée à promouvoir la consommation de fruits et légumes frais, la campagne de fraises de printemps se termine en Anjou. « Elle aura été correcte, sans être exceptionnelle, mais en tout cas meilleure qu’en 2007 », explique Pascal Laidé, de Fleuron d’Anjou. La coopérative a commercialisé 200 tonnes de fraises cette année, soit 20 % de moins qu’en 2007. « Les cours de la fraise se sont maintenus à un niveau correct, avec un prix nettement supérieur à 2007. Cette meilleure orientation des prix s’explique par une alimentation régulière du marché, indique André Mabileau, producteur à Varennes-sur-Loire. La saison n’a pas été précoce, mais une fois démarrée, on n’a pas déploré de coups de température ». Ce qui a facilité, au passage, la gestion de la main-d’œuvre. La qualité des fruits est correcte. Les variétés Gariguette, Ciflorette, Cireine et Darselect dominent toujours la production angevine. À noter l’arrivée dans les tunnels d’une nouveauté, Candisse, « une fraise prometteuse, au bel aspect et de bonne qualité gustative », souligne le producteur. Le climat est en revanche plus morose en asperges. Pascal Laidé évoque une « ambiance commerciale lourde », mais attend la fin de la saison, qui pourrait s’étaler pour la coopérative jusqu’à la fin juin, pour tirer des conclusions. La saison avait pourtant assez bien commencé, mais l’afflux de production du 1er au 15 mai a provoqué un effondrement des cours et l’on a déploré quelques problèmes de qualité sur les produits, comme des rosissements de turions dus à la chaleur. « Le fait qu’il y ait eu un pont en moins cette année, avec la coïncidence du 1er mai et l’Ascension, n’a pas joué en faveur de la consommation d’asperges. C’est un produit qui se cuisine et s’achète plutôt le week-end », analyse Jeannick Cantin, producteur et élu à la Chambre d’agriculture, où il coordonne un plan de relance de la filière maraîchère.
Coûts de récolte en hausse
Il note aussi que les producteurs « ont dû absorber récemment deux augmentations du Smic, qui est passé de 8,27 à 8,63 euros, augmentant ainsi les coûts de cueillette ». Le responsable professionnel observe avec une certaine inquiétude l’évolution de ces coûts au regard de la situation européenne. La France produit en effet 18 000 tonnes d’asperges, en exporte 3 500 et en importe… 16 000, dont 10 000 d’Espagne et 1 500 d’Allemagne (en 2007, sources Scees et Douanes françaises). Et la légis-lation sociale est loin d’être harmonisée au niveau européen. « Jusqu’ici, les Allemands payaient leurs cueilleurs polonais avec des salaires polonais ».
Mécaniser la cueillette ?
Certains producteurs voient la mécanisation de la récolte comme une solution d’avenir. « Il ne faut pas négliger cette voie. Il ne s’agit pas de laisser le train passer et de se retrouver dépassé dans quelques années, estime Jeannick Cantin. Nous étudions tous les projets de machines de près ». À Saint-Lambert-des-Levées, Pascal Pinguette a franchi le pas en acquérant une récolteuse générale d’asperges de la marque Kirpy. Un investissement de 50 000 euros qu’il prévoit d’amortir en six ans. Principal avantage : la main-d’œuvre est divisée par cinq. Plus de cueillette le week-end, un passage par semaine seulement, au lieu d’une cueillette tous les deux jours auparavant. Quatre personnes suffisent à faire fonctionner la récolteuse. « Je vais passer de 5 hectares à 10 très prochainement, indique le producteur. Sans cette machine, il n’était pas question d’augmenter ma production d’asperges ». Seul inconvénient de la mécanisation : il faudra trouver une valorisation pour les asperges courtes que la machine récolte sans distinction.
S.H.