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Économie
Les revenus 2009 des exploitations accusent les cours

Les résultats de l’année 2009 marquent un effondrement dans la majorité des productions agricoles. En cause, les prix, la diminution des soutiens et des outils de régulation.

Jean-Paul Piet, président de AS49 et Laurent Lelore, responsable du pôle conseil aux entreprises à la Chambre d'agriculture.
Jean-Paul Piet, président de AS49 et Laurent Lelore, responsable du pôle conseil aux entreprises à la Chambre d'agriculture.
© AA

Du jamais vu depuis dix ans ». L’étude menée conjointement par la Chambre d'agriculture et l’AS49 vient confirmer les chiffres communiqués au niveau national sur les revenus agricoles 2009 : un recul, par rapport à l’année 2008, de 32 % en moyenne en Maine-et-Loire. Le résultat  courant d’exploitation moyen se situe donc, pour le département, toutes productions confondues, à 12 620 euros par UTA pour l’échantillon retenu, soit 938 exploitations sur 1 600 exploitations suivies. « 35 % des exploitations ont un revenu courant inférieur à 7 500 euros », indique Jean-Paul Piet, le président de AS49.
Que recouvre cette somme de 12 620 euros en moyenne ? À la fois la rémunération du travail et celle des capitaux engagés, ainsi qu’une part pour l’autofinancement. Autant dire que cette année ce montant est loin de servir tout le monde. Et certains producteurs n’ont d’autre choix que de recourir à l’endettement ou la décapitalisation pour pouvoir couvrir leurs besoins vitaux. Parallèlement à ce revenu moyen historiquement bas, on assiste à une augmentation des capitaux de l’exploitation qui dépassent, en moyenne toujours, les 200 000 euros. On voit donc que l’augmentation du capital investi ne permet pas le maintien ou l’amélioration du revenu.
Pourquoi cette situation ? Ce résultat intervient après une année 2008 de hausse pour certaines productions, telles que le lait ou les céréales ou encore la production porcine qui après un résultat négatif de 14 000 euros en moyenne voit son revenu passer à 13 000 cette année. Ces chiffres 2009 traduisent également les premières retombées de la réforme de la Pac. Pour d’autres, les bas revenus désormais s’enchaînent, comme la viande bovine qui en est à sa troisième année de crise.
La situation est donc loin d’être idyllique et bon nombre d’agriculteurs s’interrogent sur leur capacité à « tenir ». « Ce n’est pas un problème de compétence technique des agriculteurs », souligne Laurent Lelore, le responsable du pôle conseil aux entreprises à la Chambre d'agriculture. « Il y a un écart flagrant entre les coûts de production et les prix payés aux agriculteurs ». Les dispositions de la Loi de modernisation   et les dispositions de la future Pac 2013 (voir page 8), devraient doter les agriculteurs d’outils pour faire face à ces aléas. « Ce sera du rôle de nos conseillers de former les agriculteurs à cette gestion prévisionnelle des risques », indiquent Jean-Paul Piet et Laurent Lelore, « car nous allons tout droit vers des soutiens moindres et des fluctuations de prix plus importantes. » Des formations seront également proposées aux agriculteurs afin de mieux approcher leurs coûts de production et apprendre à « garder la tête froide à la hausse comme à la baisse ».

M. L.-R.

Les productions

Les résultats des exploitations faisant partie de l’échantillon (973 sur 1 600) portent sur l’année 2009. À noter que la date de clôture varie d’une production à l’autre. Ainsi, si pour la plupart des exploitations, les exercices sont clos à fin décembre, pour les exploitations laitières, la clôture intervient fin mars. Les répercussions du prix du lait en 2009 ne se font donc sentir que sur un trimestre et se vérifieront à nouveau, et pour trois trimestres, sur l’exercice prochain clos au 30 mars 2010.

En production laitière (73 exploitations individuelles, 158 sociétés), l’année 2009 se caractérise par la baisse du prix du lait et un maintien des charges. Les résultats passent donc, en moyenne, de 22 400 à 12 300 euros. Le poids des investissements réalisés en 2008 vient largement impacter les trésoreries.

La situation de la viande bovine (80 exploitations individuelles, 69 sociétés) est largement préoccupante malgré une baisse de certaines charges. Le résultat courant continue de chuter pour descendre à 6 190 euros/Uta, contre 8 061 en 2008. Il était de 16 215 euros en 2006.

La production porcine (10 naisseurs engraisseurs, 2 individuels, 8 sociétés) connaît un certain retour à la normale grâce à de moindres charges. L’aliment ne pèse plus de 46 % du produit brut contre 71 % l’an dernier. Si l’endettement est en léger recul, les résultats de 2009 (13 293 euros contre - 14 632 euros en 2008) ne permettent pas d’améliorer les trésoreries.

En aviculture (12 exploitations individuelles, 9 sociétés), l’EBE du groupe est en baisse. Les prélèvements privés ont dû être réduits afin de pourvoir à la modernisation du parc. Le résultat courant se situe à 13 406 euros (12 930 euros en 2008).

Pour les ovins et les caprins, l’échantillon n’était pas suffisant pour permettre une approche de groupe. On peut tabler, pour les ovins, sur une amélioration du revenu grâce à la revalorisation des DPU. La prime à la brebis aura également un impact positif. En production caprine, les entreprises ont tendance à invoquer le prix du lait de vache. La taille des exploitations et des investissements est également déterminante. 

Productions végétales Pour les grandes cultures (29 exploitations individuelles, 14 sociétés), l’année 2009 restera marquée par le niveau très bas des cours et des charges de production en hausse. Le résultat 2009, qui succède à un exercice 2008 exceptionnel, l’est aussi, mais à l’inverse. De 23 022 euros en 2008, les céréaliers accusent un revenu proche de zéro.

• Les semences (13 exploitations individuelles, 14 sociétés) sont quasiment les seules à afficher un résultat significativement en hausse, malgré l’augmentation des charges opérationnelles : de 16 016 euros en 2008,
le revenu moyen passse à 36 367 euros. Mais cela pourrait ne pas durer : les contrats sont revus à la baisse en surfaces et en rémunération.

Pour la viticulture (33 exploitations individuelles, 50 sociétés), les résultats se maintiennent notamment pour les appellations angevines. Situation plus préoccupante en muscadet.

• Après deux années un peu moins moroses, l’arboriculture connaît un nouvel effondrement avec un résultat quasiment nul. Les plans d’arrachage se poursuivent, qui pourraient préfigurer l’arrêt pur et simple de cette production dans la région.

En production maraîchère (9 exploitations individuelles, 5 sociétés), 2009 est quasi identique à 2008 avec 22 876 euros par Uta.

La production horticole (6 exploitations individuelles, 14 sociétés) n’a pas connu le ralentissement redouté. Le produit brut moyen par Uta a progressé de 7 %.

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