Viticulture
Maladies du bois : à la recherche d’une solution
La 7e journée technique viticole organisée par la MFR de Chalonnes s’est tenue le jeudi 4 décembre.
Depuis novembre 2001 et l’interdiction de l’utilisation de l’arsénite de sodium pour traiter les vignes, en raison de recommandations environnementales, les maladies du bois se développent, tout particulièrement l’esca, le BDA (Black dead arm) et l’eutypiose. Des recommandations qui sont toujours plus importantes, surtout dans le cadre du Grenelle de l’environnement, où de plus en plus de produits vont être interdits d’utilisation. « Les répercussions sur la production ? D’abord un ralentissement avec, à terme, la destruction des ceps », explique Philippe Larignon, chef de projet sur les maladies du bois à l’Institut français de la vigne et du vin (IFV). Les intervenants étaient unanimes pour souligner que l’utilisation, centenaire, de l’arsénite de soude avait contribué à ce qu’aucune recherche sur une solution alternative de traitement ne soit réalisée. Mais la réaction s’est organisée : « Suite à cette interdiction, un groupe national de travail a été formé, sous l’égide de Viniflhor et coordonné par l’IFV. L’objectif était et est toujours de trouver une méthode de lutte à moyen terme. » Cependant, à l’heure actuelle, « il n’existe pas de solution », reconnaît Philippe Larignon. Et il en détaille les raisons : « Les maladies du bois sont très complexes, on manque d’informations. On ne connaît pas les agents responsables des symptômes sur la partie herbacée. Il existe un désintérêt des firmes phytosanitaires pour proposer des molécules spécifiques.» Que ce soit l’action directe sur les micro-organismes associés aux maladies, l’action directe sur les champignons ou l’action sur la plante, les recherches se sont révélées infructueuses. Les maladies du bois ne représentent pas un problème spécifiquement français. « Tous les pays de l’arc méditerranéen sont touchés par l’esca, c’est aussi un gros problème en Californie. Dans l’hémisphère sud, les vignobles étant neufs, ils ne sont pas touchés par les maladies du bois, mais d’autres problèmes existent. » Pour l’heure, à défaut de solution, il convient donc de se pencher sur les moyens préventifs pour les viticulteurs. Olivier Lecomte, viticulteur à Passavant-sur-Layon, propose plusieurs mesures prophylactiques : « Sortir les bois morts lors de la taille, que ce soit des souches entières ou des parties de souches. Les brûler, toujours. En cas d’arrachage des souches, ne pas les stocker, ni les utiliser pour les barbecues. Par rapport aux dates de taille, tailler les vieilles vignes en premier. Pour limiter l’impact économique, penser également à complanter. » « Penser aussi à faire du recépage », ajoute Damien Richou, viticulteur à Mozé-sur-Louet. « Ces champignons-là, on ne s’en débarrassera pas facilement, complète Olivier Lecomte. Si cela ne s’arrête pas, il faudra prendre en compte le coût de la replantation plus fréquente, c’est-à-dire augmenter les prix. Mais nous n’en sommes pas encore là. » Un appel d’offres sur les maladies du bois, piloté par l’IFV, va être lancé début 2009, avec une dotation d’1,5 millions d’euros sur trois ans. Les projets sélectionnés débuteront vraisemblablement aux alentours de septembre prochain.
80 personnes présentes
« Peu de viticulteurs, mais beaucoup de techniciens de la Chambre, de l’Inra, des caves coopératives, plus bien sûr les élèves, relève Pascal Baruchi, responsable de la formation vignes et vins à la MFR de Chalonnes. C’est une participation satisfaisante, qui prouve que l’intérêt existe, même si on aurait souhaité que plus d’exploitants, les premiers concernés par les problèmes actuels, soient présents. »
J.F. M.