Maraîchage : des solutions pour maîtriser les adventices
La 10ème Rencontre technique maraîchage s’est déroulée à Villebernier, mardi 10 septembre. Thème choisi cette année par les organisateurs : le paillage en cultures légumières.
Comme les autres filières agricoles, le maraîchage doit faire face à l’interdiction progressive des herbicides de synthèse. étant donné ce contexte réglementaire, la gestion de l’enherbement peut être facilitée par l’utilisation du paillage. Comment adapter les méthodes disponibles à son propre système de culture ? Le thème a été abordé lors de la 10ème Rencontre technique maraîchage, mardi 10 septembre à Villebernier. à l’initiative conjointe de la Chambre d’agriculture des Pays-de-la-Loire, du Comité départemental de développement légumier (CDDL) de Maine-et-Loire et de l’Union régionale des Cuma, les démonstrations de matériaux et machines ont été réalisées sur les planches de l’EARL Moriceau.
Une dizaine de fabricants, constructeurs et distributeurs ont participé à l’évènement, devant une trentaine de maraîchers et techniciens.
La société bourguignonne Géochanvre F a notamment détaillé sa toile de paillage Herbi’Chanvre, lauréate d’un prix de l’innovation sur le salon Tech & Bio 2017. Composé à 100 % de fibres naturelles de chanvre et de lin, liées entre elles par de l’eau à forte pression selon un procédé breveté, ce produit est facile à découper et à poser. Il possède un fort pouvoir couvrant, pour une faible densité : entre 400 et 700 g / m2. Surtout, le matériau absorbe très bien l’humidité. « C’est un vrai buvard, que ce soit en production de mâches, de carottes, d’épinards, etc., en semis direct par-dessus, sans buttage », énonce Frédéric Roure, PDG de Géochanvre F. Opaque aux UV, d’où son effet anti-photosynthèse, Herbi’Chanvre empêche la pousse d’herbes indésirables, « même le liseron ». De plus, « le chanvre est réputé pour inhiber la croissance des adventices à moyen terme : 1 an, 1 an et demi ». Enfin, cette toile de paillage enrichit naturellement l’humus du sol en se dégradant. Sa durée de vie est de 6 à 9 mois selon la nature du terrain, le type de pose et l’irrigation, « mais il est possible d’accélérer sa dégradation en l’enfouissant dans le sol à partir de 3-4 mois », indique Frédéric Roure. Le tarif : de 50 centimes à 1 euro / m2.
Autre paillage 100 % naturel, celui proposé par Anjou Miscanthus à Bellevigne-en-Layon. Produit localement, il bénéficie lui aussi d’une très bonne tenue dans le temps. « Le miscanthus est implanté pour 20 ans. C’est une graminée à pH neutre, qui n’acidifie pas les sols. Spongieuse, elle restitue l’eau progressivement dans le temps », explique Gaëtan Coutant, producteur et gérant de l’entreprise. En légumes de plein champ, salades en particulier, il préconise une épaisseur de paillage de 3 à 6 cm - soit 30 à 60 l / m2. Compter aux alentours de 90 centimes le m2. « On obtient ainsi une protection efficace contre le froid et les grandes chaleurs, et cela permet également de contrôler une bonne part des adventices, grâce à un paillage plus fin - 5 à 30 mm de diamètre - mais aussi plus dense, plus clôturant. » Après broyage au cultivateur, le miscanthus est biodégradable au bout de 2 ans.
La société nordiste Terrateck, spécialisée dans le désherbage mécanique, est venue quant à elle avec son porte-outils automoteur Culti’Track. Compromis entre le gros motoculteur et le tracteur, conçu pour le maraîchage diversifié, cet enjambeur permet de tavailler en autonomie lors des opérations de binage, buttage et désherbage. Culti’Track est doté de la direction assistée, et d’un avancement hydrostatique proportionnel à la poussée. Le conducteur dispose d’un joystick pour affiner le guidage. équipé de divers types de bineuse, l’automoteur est capable de travailler sur des largeurs allant jusqu’à 6 m. Sous sa poutre ventrale à relevage hydraulique, il peut notamment recevoir une bineuse à brosses pour paillage plastique, apte à limiter la pression mauvaises herbes au niveau du passage de roues.
L’appareil est constitué d’un châssis classique à direction manuelle, muni de 2 brosses rotatives montées sur parallélogrammes. Elles sont entraînées hydrauliquement afin d’assurer la finition du binage aux abords du paillage. Les brosses comportent différentes hauteurs de poils, en vue d’ajuster l’agressivité à l’épaisseur de film. La machine est utilisable sur paillage plastique, tissé, géotextile ou biodégradable ; à plat ou sur planche cultirateau : « il suffit d’ajuster l’angle des brosses pour être parallèle à la terre », précise Pierre Decourcelle, technico-commercial France chez Terrateck. Le porte-outils Culti’Track seul, avec relevage avant et relevage arrière en 2 roues motrices, est proposé à 39 000 euros HT, et la bineuse à brosses entre 5 000 et 6 000 euros suivant options. Cette dernière est également disponible en version attelée, avec guidage arrière, aux alentours de 8 500 euros.