Energies
Méthanisation, solution écologique et économique
Des initiatives locales voient le jour, malgré des freins parfois lourds à leur mise en place. Le sujet était à l'ordre du jour de l'AG du GIE élevage.
A l'heure de la transition énergétique, la méthanisation se pose comme un procédé pertinent pour revaloriser la matière organique (effluents d'élevage, résidus de cultures, ensilage...) et la transformer en énergie. Contrairement au compostage où la dégradation des éléments se fait au contact de l'oxygène, c'est son absence qui engendre une méthanisation. Ce processus génère d'un côté un digestat qui, par épandage ou revalorisation peut servir de fertilisant sur les exploitations et de l'autre du biogaz, source d'énergie. Un double avantage pour les agriculteurs mais qui ne peut être viable que dans certaines conditions. "L'énergie et la chaleur dégagées par la méthanisation doivent pouvoir être produites de manière importante et en continu pour être utiles et rentables", rappelle Sébastien Bordereau, conseiller énergie de la Chambre d'agriculture. Pas question ici d'engager un projet de chauffage de maisons particulières qui consommeraient trop peu d'énergie notamment en été, mais plutôt la vente à des industries, hôpitaux, maisons de retraites, serres horticoles... Des impératifs auxquels s'ajoutent des contraintes administratives, des procédures longues et des dossiers complexes qui peinent encore à trouver leur voie. Sébastien Bordereau insiste ainsi sur "la nécessité que ce soit les agriculteurs eux-mêmes et non pas des groupes industriels qui portent ces projets avec le soutien des collectivités, car les subventions sont de plus en plus difficiles à obtenir".
Un projet coopératif
A Saint-Georges-sur-Loire, un groupement de six exploitants (principalement bovins) devrait, au premier trimestre 2015, mettre en service un digesteur solide (sous forme de garages alimentés régulièrement). Le projet a pu se concrétiser, porté par les élus et grâce aux soutiens bancaires et subventions allouées. Il serait ainsi mis en marche après environ cinq ans de réflexion et de travaux. Sébastien Bordereau, en charge du dossier, le concède volontiers : "lancer un tel projet nécessite une bonne santé financière". Dans ce cas précis, c'est environ 10 % de l'investissement total de 2 450 000 euros qui ont été nécessaires sur les fonds propres des exploitations, un pourcentage a minima par rapport à d'autres projets (entre 15 et 20 %). C'est également la combinaison de la négociation avec la Communauté de communes Loire-Layon et l'Ehpad Saint-Louis, qui seront chauffés par le biogaz et la coopérative Anjou Plantes, dont des séchoirs seront essentiellement alimentés pas ce moyen, qui a permis de valoriser le maximum de la production. Une nécessité pour rentabiliser au mieux la méthanisation des effluents d'élevage, de tontes de pelouse, de menues pailles et profiter de la prime efficacité énergétique pouvant ajouter jusqu'à 25 % au tarif de base.
Inodore, hygiénisé (pour une réduction des maladies sur les céréales), le digestat produit en parallèle pourra, quant à lui, être réutilisé par les agriculteurs en tant que fertilisant. Malgré tout, toujours considéré aujourd'hui comme déchet, son utilisation reste dépendante des plans d'épandage, malgré de nombreuses négociations en cours pour faciliter son utilisation face aux engrais minéraux. Ce projet collectif et abouti montre l'exemple d'une méthanisation alliant des résultats économiques rapides (temps de retour brut sur investissement prévu d'un peu moins de six ans) combinée avec un bilan énergétique remarquable avec environ 1 100 tonnes de CO2 économisés pour 250 000 Watts produits.