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Métiers de la vigne et du vin : « Nous manquons de candidats »
Face aux difficultés de recrutement des formations aux métiers de la vigne, les établissements et les professionnels se mobilisent. Le point avec Sylvestre Cavagné, directeur du lycée agricole de Montreuil-Bellay.
Comment se portent les filières viticoles ?
Sylvestre Cavagné : Le recrutement baisse depuis plusieurs années dans tous les établissements. Les filières viticoles souffrent au même titre que toutes les formations sur la production. Il n’y a pas, selon moi, de relation directe entre les difficultés de la viticulture et les difficultés de recrutement. Celles-ci sont liées à l’évolution de la démographie et à la baisse du taux de natalité. Cette année, nous avons cinq jeunes qui ont débuté en Bépa alors que nous avons une capacité de 25 élèves. Pour la rentrée prochaine, nous avons une douzaine de contacts. L’effectif est très variable d’une année sur l’autre, mais globalement, il diminue dans toutes les formations, y compris dans celles qui se font par apprentissage ou qui sont destinées à un public adulte.
En Val de Loire, la surface en vigne n’a pas baissé, mais le nombre d’entreprises a diminué. Le nombre global d’actifs ne baisse pas, et il y a un besoin de main-d’œuvre salariée. À l’heure actuelle, nous manquons de candidats pour maintenir les formations et pour répondre aux besoins des viticulteurs.
Pourquoi ces filières ont-elles des difficultés à attirer les jeunes ?
Ce métier souffre d’un déficit d’image auprès du grand public. Les gens de la région pensent souvent que la viticulture n’emploie que des saisonniers, qu’elle ne propose que des jobs d’appoint. Il faut faire connaître le métier de salarié permanent, le second du chef d’entreprise. Les compétences demandées sont de plus en plus complexes et de plus en plus larges : être viticulteur aujourd’hui, c’est être un spécialiste de la cave, de la vigne, du tourisme, mais c’est aussi avoir des connaissances en gestion, commerce, analyse des filières. Il y a des postes intéressants pour les jeunes avec des possibilités d’évolution : on peut commencer par être salarié, puis devenir actionnaire et co-exploitant.
Nous avons lancé une réflexion de fond avec les professionnels de la viticulture. Cette problématique de formation va être examinée dans le cadre d’une commission du comité de bassin du Val de Loire, qui est le seul, à l’heure actuelle, à y travailler.
De façon globale, je pense qu’il faut être attentif à la façon de communiquer, de présenter ce métier au grand public. Il est difficile de parler aux jeunes du produit en raison de leur âge. Il faut que dans notre message nous revenions aux fondamentaux de ce métier-là, en l’évoquant par l’entrée du végétal, de la nature. On peut se passionner pour la vigne et pour tous les travaux qui permettent de la structurer. Être viticulteur, c’est contribuer à donner une qualité au paysage. Il faut répéter que la qualité du produit est faite à 80 % dans la vigne.
Par ailleurs, les métiers de la viticulture sont ceux, en agriculture, où les contraintes de travail sont les moins permanentes. Il est possible en tant que salarié d’organiser son travail avec plus ou moins de souplesse en fonction des saisons. Il faut aussi combattre les idées reçues : je reçois régulièrement des parents qui sont persuadés que si on n’est pas du milieu, on ne peut pas s’installer en viticulture. Il faut également faire la promotion des hommes et peut-être diffuser plus largement notre message.