Congrès FNSEA
À Montpellier, Dacian Ciolos défend son projet de réforme de la Pac
Le Commissaire européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos, a expliqué ses propositions de réforme de la Politique agricole commune et dit vouloir un budget fort.
On ne peut pas dire que la proposition de Dacian Ciolos sur la réforme de la Politique agricole commune ait suscité beaucoup d’en-thousiasme en France. Incertitude sur les moyens financiers, manque d’ambition productive pour faire face à des besoins alimentaires croissants dans le monde, excès de verdissement et de bureaucratie, abandon des instruments de gestion du marché, tels sont les principaux reproches qui sont fait à son endroit. Et d’ailleurs Xavier Beulin, le président de la FNSEA n’a pas manqué de les rappeler. Le Commissaire européen à l’Agriculture s’est attaché à les réfuter les uns après les autres.
Le financement de la Pac ? “La Pac a besoin d’un budget fort” a déclaré Dacian Ciolos. Aussi la Commission européenne a proposé son maintien pour la période 2014-2020. Mais il n’a pas caché non plus, comme Xavier Beulin d’ailleurs, que “rien n’était gagné à ce stade”. Et que la décision finale relevait du Parlement européen et du Conseil des chefs d’État et de gouvernement. À cause de la crise financière qui frappe l’Europe, un certain nombre de pays se verrait bien faire des économies sur le dos du budget de l’Union européenne. Ce qui ne serait pas sans conséquence sur les moyens financiers dédiés à la Pac. Sur la production de biens alimentaires, le Commissaire a bien entendu rappelé que la production agricole était “la priorité de la Pac”, mais “en intégrant la bonne gestion des ressources naturelles”. “On peut concilier l’approche par le marché et l’approche de la durabilité” a-t-il insisté à l’adresse des délégués en précisant que leur “métier est de produire ce qui va dans l’assiette, mais aussi de veiller à leur activité dans les champs”. Ainsi sont justifiées les zones de 7 % à intérêt écologique qui “ne sont pas de la jachère”, alors qu’il existe encore en Europe 4 à 4,5 millions d’hec-tares non cultivées qui pourraient l’être. Sans parler du gaspillage de terres en France où “100 hectares de terre par jour passent sous le bitume”. Ses détracteurs ne devraient pas oublier non plus que les 30 % “d’aides vertes” qui ont été intégrées dans la politique agricole auraient pu aller ailleurs “pour financer des actions contre le changement climatique ou la protection de l’environnement”.
Flexibilité
S’agissant de la convergence des aides au niveau national dont la profession considère “que la première marche à 40 % n’est pas supportable” ainsi que l’a rappelé Xavier Beulin, le Commissaire a rétorqué que son projet offrait de “la flexibilité”. Et que les différents pays pouvaient définir des régions homogènes sur des bases agronomiques, économiques ou administratives, à l’intérieur de leur territoire. En notant au passage que les jeunes agriculteurs, les exploitants des zones de montagne et défavorisées bénéficieront de paiements supplémentaires.
Comme on le lui reproche, le Commissaire a reconnu que la Commission avait renoncé à un certain nombre d’outils de gestion des marchés. Mais que sa proposition prévoyait un filet de sécurité et un renforcement de l’organisation des producteurs et des interprofessions. Ainsi des avancées ont été acquises dans ce sens dans le secteur laitier. Et de nouveaux progrès dans ce sens devraient être réalisés dans le secteur des fruits et légumes, dans le vin avec la création d’un groupe à niveau dont la première réunion est prévue le 19 avril. Mais ce qu’il faut retenir surtout est son message : “la solution est de plus en plus chez vous” pour dire que désormais il ne fallait pas tout attendre des autorités de Bruxelles. Il n’en reste pas moins, qu’en ce domaine de l’organisation des marchés et des filières, la Commission devrait aller plus loin avec de nouvelles propositions législatives sur “la répartition de la valeur ajoutée dans la chaîne alimentaire” pour renforcer le poids de la production vis-à-vis de la distribution.