Paille
Opération paille : les premiers camions arrivent
Les premières livraisons de paille ont commencé en début de semaine dans le département. Elles vont se poursuivre pendant plusieurs semaines.
Mercredi, Philippe Brisset, éleveur de vaches allaitantes à Beaucouzé, a réceptionné 15 tonnes de paille sur son exploitation en provenance d’Eure -et- Loir. 11 000 tonnes de paille vont être ainsi transportées dans le cadre de l’opération paille lancée par la FDSEA. L’approvisionnement a été négocié auprès de deux départements : l’Indre-et-Loire (2000 tonnes) et l’Eure-et-Loir (9 000 tonnes). Dès avril, les contacts étaient pris. “Nous avons eu un gros coup de pouce de la Mayenne puisque c’est elle qui est entré en relation avec des agriculteurs d’Eure-et-Loir et qui a envoyé des équipes là-bas qui pressent la paille en ce moment même”, explique Jean-Marc Lézé, secrétaire général de la FDSEA. (Lire en page 2, l’interview de Philippe Jéhan, secrétaire général de la FDSEA de Mayenne).
Une concertation entre départements
Les départements se sont concertés pour organiser au mieux les opérations et éviter de marcher sur les plates-bandes des uns et des autres. “En Maine-et-Loire, nous avons aussi été en contact avec Terrena qui cherchait 5 000 tonnes de paille qu’ils ont finalement négocié en Charentes et en Espagne”, note Jean-Marc Lézé. La livraison est en quelque sorte la partie la plus visible de l’opération, mais la FDSEA s’est emparée du dossier dès février. “Nous avons mobilisé très tôt les agriculteurs du département en leur disant de traiter en local tout ce qu’ils pouvaient. Beaucoup l’ont fait en direct. Ce qui explique que nous avons commandé un volume moins important que nos voisins”.
Une inconnue sur les prix
Si le transport de la paille en provenance d’Indre-et Loire est lui aujourd’hui assurée, ce n’est pas le cas pour la totalité de la paille commandée. “Nous devons faire face à la difficulté de trouver des transporteurs. Tous les camions avec un plateau sont sollicités aujourd’hui”, souligne le représentant syndical. L’acheminement devrait mobiliser plus de 500 camions sur plusieurs mois. Tout ce qui ne pourra pas être transporté rapidement sera stocké sur un site sécurisé du côté de Chartres, ce qui alourdira encore la facture avec un surcoût lié au gardiennage de 12 à 15 euros/tonne.
Car le prix reste aujourd’hui la grande inconnue et l’an dernier l’opération s’était déroulée dans un contexte sensiblement différent. Si au niveau national, le prix moyen recommandé est autour de 20 à 25 euros en andain la tonne, qu’en sera-t-il du prix livré sur l’exploitation ? “Aujourd’hui, nous n’avons pas la réponse”, indique Jean-Marc Lézé. “Nous espérons que les transporteurs ne vont pas spéculer sur les prix et qu’ils vont rester raisonnables”.
Face à la pénurie de camions et afin de maîtriser au maximum les coûts de l’opération, la FDSEA réfléchit aujourd’hui à envoyer une flotte de tracteurs en Eure-et-Loir en convoi sécurisé. “Le trajet est long - 10 heures aller, 10 heures retour - mais cela nous coûterait moins cher que de faire livrer”. Pour l’heure les livraisons continuent, y compris le week-end, la FDSEA ayant obtenu une dérogation de la préfecture pour la circulation des poids lourds. Ceux venant d’Indre-et-Loire entreront dans la course la semaine prochaine.
Viande bovine
“Nous sommes très fragiles aujourd’hui”
Si Philippe Brisset, producteur de viande bovine bio, a accueilli avec une certaine fébrilité sa première livraison de paille - il en attend une deuxième dans les prochaines semaines - , il n’en reste pas moins inquiet : “Ces quinze tonnes de paille vont nous permettre de tenir un mois, alors pour les cinq mois d’hiver…”. Depuis deux ans, l’agriculteur est contraint d’acheter du fourrage. “De 400 bottes de foin pressées en 2009, nous sommes passés à 200 en 2010 et à 117 cette année sur les mêmes parcelles”. Il évalue le déficit fourrager cette année sur l’exploitation à 100 tonnes. Une situation qui met à mal la trésorerie de l’exploitation pour la deuxième année consécutive et chaque décision est aujourd’hui longuement pesée. “Avant nous vendions un peu de blé. Cette année nous allons tout garder, mais cela fait un manque de trésorerie de 3 500 à 4 000 euros”. La conjoncture difficile en viande bovine vient encore amplifier le malaise. “Nous sommes très fragiles aujourd’hui”, confie l’agriculteur. “Ce qui nous sauve jusqu’à présent, c’est la vente directe, mais jusqu’à quand ?”