Pac : de plus en plus verte, de plus en plus complexe
Une après-midi d’informations et de débats a rassemblé étudiants et agriculteurs, jeudi 28 mars au Campus de Pouillé. Un événement organisé par la Maison de l’Europe Angers et Maine-et-Loire, à quelques semaines des élections européennes.
Dimanche 26 mai, auront lieu des élections européennes. Un scrutin dont l’enjeu est concret pour les exploitations agricoles. Car les députés qui seront choisis ce jour-là voteront la prochaine réforme de la Pac. Une Pac qui va devoir « combiner les enjeux agricoles et climatiques », comme le résume l’économiste Karine Daniel, de l’Esa d’Angers. Des questions abordées lors de l’après-midi Pac organisée jeudi 28 mars à Pouillé. Il y a été rappelé que les agriculteurs sont, à la fois, les premiers à subir le changement climatique qui viendra imputer leur revenu certaines années, mais qu’ils sont aussi au cœur des solutions avec, notamment, le stockage de carbone dans le sol et la biomasse.
Des politiques plus hétérogènes
Qu’attendre de la nouvelle Pac en matière de lutte contre le réchauffement climatique ? Le projet de Pac a la particularité de comprendre une grande part de subsidiarité. « Ce principe de subsidiarité, qui est une sorte de renationalisation de la Pac, va renforcer les distorsions de concurrence, s’inquiète Karine Daniel. Les contraintes ne seront pas homogènes d’un pays à l’autre. Le premier pilier aura une dimension environnementale pour les états qui le souhaitent ». Pour quelle efficacité ?
Christophe Sablé, agriculteur en Loire-Atlantique, a tenu à ramener le débat sur le plan budgétaire, socle de toute politique publique : « un des plus grands enjeux de la prochaine Pac, c’est le budget, rappelle-t-il. On pourra demander ce que l’on veut aux agriculteurs, mais s’ils ne vivent pas de leur métier, ils ne feront rien ». Ludovic Roncin, président de JA 49, trouve « extrêmement dommage » que la prochaine Pac prenne le chemin d’une renationalisation. Il plaide plutôt pour un socle commun de la Pac afin d’éviter les distorsions de concurrence. « Chez JA, on partage les objectifs de la Pac sur l’environnement et les filières, le renouvellement des générations, mais on déplore la partie administrative, de plus en plus complexe, dans laquelle plus personne ne se retrouve ».
Divers outils à mobiliser
Il faut parvenir à « semer de l’Europe jusque dans nos territoires », souligne pour sa part Lydie Bernard, présidente de la commission agricole de la Région, qui a dressé un bilan du Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural). « Grâce au Feader, on peut répondre à des problématiques autour du climat, par exemple en subventionnant des tours antigel », a-t-elle cité. Le PCAE est aussi un instrument important, qui participe à l’adaptation des agriculteurs au changement climatique. Il donne, à partir de cette année 2019, un accès prioritaire aux fermes bas carbone.
S.H.