Sécheresse
Paille : pérenniser les transactions locales entre productions
Au niveau local, des éleveurs s’organisent avec des producteurs en végétal spécialisé pour couvrir leurs besoins en paille. Exemple dans la Vallée.
Dans la Vallée, cinq éleveurs de Brion ont acheté de la paille en andain à des
agriculteurs de Saint-Mathurin-sur Loire, producteurs en végétal spécialisé. Environ 450 tonnes, vendues au prix estimé par Arvalis et indiqué par la FDSEA (23 euros la tonne), ont ainsi pu être récupérées et vont permettre aux éleveurs de couvrir leurs besoins.
Cette initiative locale est née d’une réflexion amorcée il y a plusieurs années. Les cinq exploitations de Brion ne produisent en effet pas, ou peu, de paille et sont donc dépendantes pour leur approvisionnement fourrager. “Au niveau de la Cuma, nous avions envisagé de créer une activité autour de la paille : d’aller la chercher en andain sur champ dans des départements voisins, mais les contacts n’ont pas abouti”, explique Emmanuel Lachaize, président du canton de Beaufort. Quant aux échanges paille-fumier, les éleveurs n’ont pas l’autosuffisance qui leur permettrait d’entrer dans un tel système.
L’année dernière, face aux premiers signaux de sécheresse, ils se sont organisés avec des éleveurs de La Ménitré et de La Daguenière et ont réservé 130 hectares de paille. Ils réfléchissent alors à travailler régulièrement avec ces agriculteurs. “Nous avons repris contact avec eux dès décembre, mais, personne ne sachant alors qu’on allait connaître une nouvelle sécheresse, ils n’ont pas donné suite à nos sollicitations, car ils souhaitaient conserver la paille pour la broyer”, remarque le président cantonal.
150 hectares de paille disponibles
Quand la fédération a commencé à inviter les agriculteurs à ne pas broyer la paille, les éleveurs ont été contactés par le président de Saint-Mathurin pour une mise à disposition de 50 hectares de paille. Au final, ils en ont disposé du triple chez une dizaine de producteurs. La répartition des parcelles s’est faite au niveau cantonal en fonction des besoins de chacun. Ensuite, pour la partie logistique, les agriculteurs sont entrés directement en contact entre eux.
“Nous nous sommes engagés à libérer les parcelles le plus tôt possible et à effectuer le paiement en novembre-décembre”, explique Emmanuel Lachaize. “Cette initiative montre qu’il peut y avoir des possibilités à côté de chez soi. Les gens ne broieraient pas forcément s’il y avait quelque chose d’organisé. Certains sont prêts à mettre annuellement de la paille à disposition”.
Les éleveurs du canton de Beaufort souhaitent aujourd’hui pérenniser le système. “L’idée, ce serait de contractualiser uniquement un certain pourcentage des assolements, avec un maximum de producteurs pour organiser une sorte de roulement d’une année sur l’autre”, note Emmanuel Lachaize. “Il faut trouver un fonctionnement où personne n’est pénalisé. La contractualisation ne marchera que si les deux parties s’y retrouvent”. Cet hiver, les éleveurs du canton de Beaufort vont donc essayer d’élargir le cercle des producteurs susceptibles de fournir de la paille. “Il s’agit d’un travail de terrain important, mais l’enjeu en vaut la chandelle”.
D. J.
Transport
Par la route, par le rail, par voie maritime
Le premier train de paille est parti le 7 juillet d'Engenville (Loiret) en direction de Brive (Corrèze). Composé de trente wagons (600 m de long), ce train a transporté près de 500 tonnes de paille. Plusieurs cas d'incendies volontaires de pailles ont été découverts ces derniers jours à Étampes (Essonne). L'origine criminelle de cet incendie est établie. Les bottes de paille (300 tonnes) étaient stockées dans une ancienne carrière qui abrite des voies de garage de la SNCF. Trois jours avant, 150 tonnes de paille, entreposées au même endroit, étaient déjà parties en fumée. Les agriculteurs et la mairie font désormais surveiller le terrain par des vigiles, pour éviter que la centaine de tonnes de paille qui reste ne soit également brûlée. Le prix coutant de la SNCF, estime de 50 à 60 €/t pour 400 kilomètres, est élevé selon la FNSEA.
Près d'un million de tonne de paille circulent chaque année sur les routes. Cette année, selon la FNSEA, c'est près d'un million supplémentaire qui devrait circuler durant six mois. Par ailleurs, avec les vacances, les camions ne sont pas autorisés à circuler les week-ends de juillet et d'août. Certains préfets autorisent cependant des dérogations pour le transport de paille lors de ces fameux week-ends, Le coût du transport routier est évalué de
1,30 € à 1,50 €/km. Par ailleurs, les ministères des Transports et de l’Agriculture ont annoncé, le 18 juillet, que les transports de camions de paille seront exonérés de péage en accord avec l’association des sociétés françaises d’autoroutes.
Côté transport maritime, une cargaison a été transportée par bateau pour “expertise”, selon la FNSEA. Mais les coûts seront certainement “prohibitifs au final”.