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Pour des filières lait en Afrique
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Le Comité français pour la solidarité internationale milite pour une agriculture africaine familiale, viable et durable. À coup de campagnes chocs, qui, au risque de heurter parfois, ne laissent pas indifférents.
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La campagne “Exportations de poulets : l’Europe plume l’Afrique !” avait déjà jeté un pavé dans la mare. Avec le slogan “Lait : l’Europe est vache avec l’Afrique”, le CFSI (Comité français pour la solidarité internationale) frappe fort à nouveau. Objectif : interpeller le grand public sur la concurrence entre les filières laitières européennes et africaines, dans le contexte actuel de globalisation des marchés
agricoles, afin d’influer sur les décideurs européens.
Lors d’une rencontre orga-nisée par Afdi Maine-et-Loire le 31 janvier dernier, Sarah Pommeranz, responsable de la campagne au CFSI, a expliqué qu’en Afrique de l’ouest et du centre, la consommation de produits laitiers est satisfaite à plus de 50 % par les importations. Une proportion pouvant atteindre plus de 90 % dans les grandes villes. Les prix de la poudre de lait importée sont inférieurs à ceux de la production locale, ce qui freine le développement d’une filière là où il y a un potentiel de production, comme au Mali ou en Mauritanie. « Les filières laitières se heurtent à des problèmes de collecte et de distribution sans aucune politique de soutien avec des règles commerciales qui leur sont défavorables », a souligné Sarah Pommeranz. L’association a lancé une pétition qui revendique notamment un droit à la souveraineté alimentaire pour chaque pays africain ainsi qu’un arrêt de toutes les formes directes ou indirectes à l’exportation des produits agricoles, et l’élimination des excédents.
Soutenir le développement local
Gilles Psalmon, de la FNPL, a rappelé que, première puissance laitière mondiale, l’Europe exporte 10 % de sa production. En France, un litre de lait produit sur trois est exporté. 70 % de nos exportations, du fromage et des produits basiques comme le beurre, la poudre ou le lait concentré, vont vers les pays de l’Union européenne. « Les échanges intra-européens représentent 45 % du marché mondial des
produits laitiers », a-t-il souligné. Si l’Europe maintient ses exportations de fromage, c’est l’Océanie qui est aujourd’hui le leader mondial sur tous les autres produits basiques.
Stigmatiser l’Europe est, selon lui, un faux problème : « Si les produits ne viennent pas d’Europe, ils viendront d’autres pays. La question est de savoir comment on peut permettre un développement local de la production laitière et de la consommation dans certains pays africains ». Un sentiment partagé par Alain Cholet, président de la FDL : « La maîtrise de la production va dans le sens premier de l’intérêt des producteurs français qui y sont tous attachés. Si on ne trouve plus nos produits en Afrique, d’autres y seront par intérêt économique ».
Si tous s’accordent sur le constat et sur l’ampleur du chantier à mettre en place, la méthode employée par le CFSI est loin de faire l’unanimité, comme l’ont montré les réactions dans l’assistance. « Votre campagne m’a choqué et blessé. Pourquoi culpabiliser les agriculteurs ? Pourquoi opposer les producteurs européens et africains, alors que nous sommes tous des paysans ? » s’est ému un agriculteur dans la salle, en dénonçant "le discours simpliste ". Certains ont évoqué aussi le danger de pointer ainsi du doigt la Pac. « Nous soutenons les politiques agricoles au Nord et nous les défendons, mais nous avons besoin de politiques agricoles au Sud », s’est défendue la représentante du CFSI.
Au-delà de la controverse, l’appel à la solidarité a été entendu.
agricoles, afin d’influer sur les décideurs européens.
Lors d’une rencontre orga-nisée par Afdi Maine-et-Loire le 31 janvier dernier, Sarah Pommeranz, responsable de la campagne au CFSI, a expliqué qu’en Afrique de l’ouest et du centre, la consommation de produits laitiers est satisfaite à plus de 50 % par les importations. Une proportion pouvant atteindre plus de 90 % dans les grandes villes. Les prix de la poudre de lait importée sont inférieurs à ceux de la production locale, ce qui freine le développement d’une filière là où il y a un potentiel de production, comme au Mali ou en Mauritanie. « Les filières laitières se heurtent à des problèmes de collecte et de distribution sans aucune politique de soutien avec des règles commerciales qui leur sont défavorables », a souligné Sarah Pommeranz. L’association a lancé une pétition qui revendique notamment un droit à la souveraineté alimentaire pour chaque pays africain ainsi qu’un arrêt de toutes les formes directes ou indirectes à l’exportation des produits agricoles, et l’élimination des excédents.
Soutenir le développement local
Gilles Psalmon, de la FNPL, a rappelé que, première puissance laitière mondiale, l’Europe exporte 10 % de sa production. En France, un litre de lait produit sur trois est exporté. 70 % de nos exportations, du fromage et des produits basiques comme le beurre, la poudre ou le lait concentré, vont vers les pays de l’Union européenne. « Les échanges intra-européens représentent 45 % du marché mondial des
produits laitiers », a-t-il souligné. Si l’Europe maintient ses exportations de fromage, c’est l’Océanie qui est aujourd’hui le leader mondial sur tous les autres produits basiques.
Stigmatiser l’Europe est, selon lui, un faux problème : « Si les produits ne viennent pas d’Europe, ils viendront d’autres pays. La question est de savoir comment on peut permettre un développement local de la production laitière et de la consommation dans certains pays africains ». Un sentiment partagé par Alain Cholet, président de la FDL : « La maîtrise de la production va dans le sens premier de l’intérêt des producteurs français qui y sont tous attachés. Si on ne trouve plus nos produits en Afrique, d’autres y seront par intérêt économique ».
Si tous s’accordent sur le constat et sur l’ampleur du chantier à mettre en place, la méthode employée par le CFSI est loin de faire l’unanimité, comme l’ont montré les réactions dans l’assistance. « Votre campagne m’a choqué et blessé. Pourquoi culpabiliser les agriculteurs ? Pourquoi opposer les producteurs européens et africains, alors que nous sommes tous des paysans ? » s’est ému un agriculteur dans la salle, en dénonçant "le discours simpliste ". Certains ont évoqué aussi le danger de pointer ainsi du doigt la Pac. « Nous soutenons les politiques agricoles au Nord et nous les défendons, mais nous avons besoin de politiques agricoles au Sud », s’est défendue la représentante du CFSI.
Au-delà de la controverse, l’appel à la solidarité a été entendu.
Delphine JÉgo
www.cfsi.asso.fr / www.fnpl.fr