Interview
Prix du porc : la France dernière de la classe en Europe
Interview
ean-Michel Serres, président de la Fédération nationale porcine, s’exprime sur la chute brutale des cours en ce début d’année. Position partagée par la section départementale porcine.
« Nous regrettons que notre proposition pour un projet plus ambitieux n’ait pas été retenue pour soutenir une véritable adaptation de l’élevage porcin français lui permettant du mieux se positionner dans la concurrence européenne et mondiale. »
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Réussir
La conjoncture porcine en ce début d’année est très difficile. Le prix de marché se rapproche dangereusement de 1 euro. Comment expliquer cette situation ?
Jean-Michel Serres : La situation actuelle était totalement inattendue compte tenu de la fluidité du marché observée au cours de l’automne. Certes, la période de fin d’année est en général plus difficile pour la consommation mais compte tenu des prix observés en milieu d’année, nous n’attendions pas un tel décrochage, à tel point que le prix français est désormais le dernier de la classe des prix européens. Cette situation est aggravée par l’augmentation très importante du prix de l’aliment qui a entraîné une croissance des coûts de production, depuis le premier semestre, d’environ 10 centimes d’euro du kilo de carcasse. Une nouvelle fois, nous nous interrogeons sur le décrochage du prix français et une telle spirale à la baisse. Aucun élément objectif, tant français qu’européen, ne justifie une telle baisse.
La nouvelle grille de paiement des porcs entrée en vigueur le 18 décembre dernier n’a-t-elle pas une incidence sur la conjoncture de ce début d’année ?
Il n’y aurait aucune raison que la mise en place de cette nouvelle grille de paiement ait un effet sur la conjoncture. Je rappelle que celle-ci a été nécessitée par la mise en œuvre de l’équation sur la base du TMP (Taux de maigre des pièces) qui a réajusté les critères de classement des porcs suite à la dissection qui a eu lieu en 2005. La négociation professionnelle a été conduite par le Comité régional porcin de Bretagne et un accord a été conclu avec les abatteurs. Si cet accord modifie la répartition des plus-values sur de nouveaux critères de qualité, compte tenu de l’évolution des besoins du marché, la valorisation globale des porcs doit être équivalente à ce qu’elle était dans la grille précédente. La FNP a toujours défendu cette position. Nous avons bien noté que cet accord prévoit une clause de rendez-vous d’ici quelques mois pour vérifier les effets de cette nouvelle grille et apporter les corrections éventuelles si des dérives devaient être constatées. Or, avec les prix constatés depuis quelques semaines, nous avons le sentiment de nous être fait rouler. La plus-value intégrée dans le prix de marché du 18 décembre 2006, le
premier marché de la mise en place de la nouvelle grille, nous a été reprise. C’est pourquoi, il faut un
rendez-vous d’urgence* de tous les signataires de l’accord pour revoir la situation.
Au delà de la situation conjoncturelle actuelle, quelles sont les perspectives pour l’année 2007 ?
La priorité est de sortir du marasme actuel car il entame sérieusement les résultats positifs de l’année 2006 compte-tenu du niveau élevé du prix de l’aliment, et les éleveurs ont besoin de retrouver de la confiance. Pour le reste, les prévisions annoncent plutôt une stabilité de la production au niveau communautaire. En conséquence, le niveau des prix repose essentiellement sur l’évolution de la demande. Dans ce domaine, des efforts importants sont à faire dans l’innovation et la recherche de nouveaux produits afin d’offrir une gamme plus large de produits mieux adaptés aux nouvelles habitudes de consommation. Cela permettrait de relancer la consommation de viande de porc qui connaît une baisse régulière depuis ces
dernières années.
Le marché est également très dépendant des exportations. En 2006, celles-ci ont été d’un bon niveau et nous pouvons souhaiter qu’en 2007, elles le restent. Mais la parité très élevée de l’euro par rapport au dollar enlève de la compétitivité à nos produits sur nos marchés à l’export.
Ainsi, les indicateurs conjoncturels habituels pour les mois à venir ne laissent pas entrevoir de situation de crise. Mais nos préoccupations sont, d’une part, l’augmentation sensible des coûts de production du fait de la progression du prix de l’aliment et, d’autre part, l’important besoin d’investissements de réno-vation et de restructuration de la production pour assurer notre compétitivité future. Nous avons obtenu une enveloppe de 3 millions d’euros, dès 2007, pour la mise aux normes bien-être animal des bâtiments d’élevage porcins et nous attendons la sortie prochaine de la circulaire d’application.
Face aux enjeux qui se présentent, comment envisagez-vous l’avenir de la production porcine ?
La production porcine dispose de nombreux atouts et elle est en mesure d’offrir des perspectives aux éleveurs, pour peu que nous arrivions enfin à lever tous les freins qui bloquent son adaptation dans un espace économique en grande évolution. C’est avec l’ambition de faire prendre conscience des possibilités qu’offre la production porcine que la FNP, lors de son assemblée générale de mars 2007, entend proposer un « pacte de développement » avec les responsables politiques, les administrations et les citoyens. Derrière cette idée de pacte, il ne s’agit pas de vouloir relancer une course aux volumes comme certains pourraient le redouter, mais avant tout de développer un potentiel économique par la « création de valeur ajoutée » en s’appuyant sur la production existante, tout en respectant l’environnement. Pour garder sa place dans la concurrence européenne et mondiale, la production doit se restructurer, se moderniser, rénover ses installations, accroître ses moyens de recherche et d’innovation et attirer des emplois dans un secteur qui en a cruellement besoin. Cette adaptation, nous entendons l’entreprendre avec l’appui de toutes les composantes du milieu qui entoure nos élevages, d’où cette volonté d’engager un pacte de développement.
Actuagri
* Une réunion du CRP a eu lieu ce jeudi 11 janvier, à laquelle assistait Gérard Bourcier, président de la section porcine FDSEA 49.
Jean-Michel Serres : La situation actuelle était totalement inattendue compte tenu de la fluidité du marché observée au cours de l’automne. Certes, la période de fin d’année est en général plus difficile pour la consommation mais compte tenu des prix observés en milieu d’année, nous n’attendions pas un tel décrochage, à tel point que le prix français est désormais le dernier de la classe des prix européens. Cette situation est aggravée par l’augmentation très importante du prix de l’aliment qui a entraîné une croissance des coûts de production, depuis le premier semestre, d’environ 10 centimes d’euro du kilo de carcasse. Une nouvelle fois, nous nous interrogeons sur le décrochage du prix français et une telle spirale à la baisse. Aucun élément objectif, tant français qu’européen, ne justifie une telle baisse.
La nouvelle grille de paiement des porcs entrée en vigueur le 18 décembre dernier n’a-t-elle pas une incidence sur la conjoncture de ce début d’année ?
Il n’y aurait aucune raison que la mise en place de cette nouvelle grille de paiement ait un effet sur la conjoncture. Je rappelle que celle-ci a été nécessitée par la mise en œuvre de l’équation sur la base du TMP (Taux de maigre des pièces) qui a réajusté les critères de classement des porcs suite à la dissection qui a eu lieu en 2005. La négociation professionnelle a été conduite par le Comité régional porcin de Bretagne et un accord a été conclu avec les abatteurs. Si cet accord modifie la répartition des plus-values sur de nouveaux critères de qualité, compte tenu de l’évolution des besoins du marché, la valorisation globale des porcs doit être équivalente à ce qu’elle était dans la grille précédente. La FNP a toujours défendu cette position. Nous avons bien noté que cet accord prévoit une clause de rendez-vous d’ici quelques mois pour vérifier les effets de cette nouvelle grille et apporter les corrections éventuelles si des dérives devaient être constatées. Or, avec les prix constatés depuis quelques semaines, nous avons le sentiment de nous être fait rouler. La plus-value intégrée dans le prix de marché du 18 décembre 2006, le
premier marché de la mise en place de la nouvelle grille, nous a été reprise. C’est pourquoi, il faut un
rendez-vous d’urgence* de tous les signataires de l’accord pour revoir la situation.
Au delà de la situation conjoncturelle actuelle, quelles sont les perspectives pour l’année 2007 ?
La priorité est de sortir du marasme actuel car il entame sérieusement les résultats positifs de l’année 2006 compte-tenu du niveau élevé du prix de l’aliment, et les éleveurs ont besoin de retrouver de la confiance. Pour le reste, les prévisions annoncent plutôt une stabilité de la production au niveau communautaire. En conséquence, le niveau des prix repose essentiellement sur l’évolution de la demande. Dans ce domaine, des efforts importants sont à faire dans l’innovation et la recherche de nouveaux produits afin d’offrir une gamme plus large de produits mieux adaptés aux nouvelles habitudes de consommation. Cela permettrait de relancer la consommation de viande de porc qui connaît une baisse régulière depuis ces
dernières années.
Le marché est également très dépendant des exportations. En 2006, celles-ci ont été d’un bon niveau et nous pouvons souhaiter qu’en 2007, elles le restent. Mais la parité très élevée de l’euro par rapport au dollar enlève de la compétitivité à nos produits sur nos marchés à l’export.
Ainsi, les indicateurs conjoncturels habituels pour les mois à venir ne laissent pas entrevoir de situation de crise. Mais nos préoccupations sont, d’une part, l’augmentation sensible des coûts de production du fait de la progression du prix de l’aliment et, d’autre part, l’important besoin d’investissements de réno-vation et de restructuration de la production pour assurer notre compétitivité future. Nous avons obtenu une enveloppe de 3 millions d’euros, dès 2007, pour la mise aux normes bien-être animal des bâtiments d’élevage porcins et nous attendons la sortie prochaine de la circulaire d’application.
Face aux enjeux qui se présentent, comment envisagez-vous l’avenir de la production porcine ?
La production porcine dispose de nombreux atouts et elle est en mesure d’offrir des perspectives aux éleveurs, pour peu que nous arrivions enfin à lever tous les freins qui bloquent son adaptation dans un espace économique en grande évolution. C’est avec l’ambition de faire prendre conscience des possibilités qu’offre la production porcine que la FNP, lors de son assemblée générale de mars 2007, entend proposer un « pacte de développement » avec les responsables politiques, les administrations et les citoyens. Derrière cette idée de pacte, il ne s’agit pas de vouloir relancer une course aux volumes comme certains pourraient le redouter, mais avant tout de développer un potentiel économique par la « création de valeur ajoutée » en s’appuyant sur la production existante, tout en respectant l’environnement. Pour garder sa place dans la concurrence européenne et mondiale, la production doit se restructurer, se moderniser, rénover ses installations, accroître ses moyens de recherche et d’innovation et attirer des emplois dans un secteur qui en a cruellement besoin. Cette adaptation, nous entendons l’entreprendre avec l’appui de toutes les composantes du milieu qui entoure nos élevages, d’où cette volonté d’engager un pacte de développement.
Actuagri
* Une réunion du CRP a eu lieu ce jeudi 11 janvier, à laquelle assistait Gérard Bourcier, président de la section porcine FDSEA 49.