Élevage caprin
Produire son fourrage pour réduire les coûts de production
L’exploitation de Patrick et Chantal Chaussepied, à Allonnes, aux Tilleuls, est en autonomie alimentaire depuis deux ans. Témoignage du couple d’éleveurs.
“On produit 525 000 litres de lait par an. 100 000 sont destinés à notre fromagerie”, explique Patrick Chaussepied, l’éleveur du Gaec les Tilleuls à Allones qui accueillait, cette semaine, l’assemblée générale de l’Union caprine (voir ci-dessous). L’exploitation agricole représente 90 hectares, 550 chèvres alpines, 175 chevrettes (pour le renouvellement du troupeau). Pour s’occuper de toute l’exploitation, les deux agriculteurs emploient deux salariés et un stagiaire. “Ici, on ne se contente pas de produire du lait. Une partie est transformée en fromage. On les vend dans une quarantaine de grandes surfaces. Mais, cela ne représente qu’un quart du chiffre d’affaire”, précise l’agriculteur. “Le reste est revendu en laiterie”.
Face à la crise
Le couple d’agriculteurs subit la crise de la filière caprine. “On a baissé notre référence laitière alors que je venais d’investir. D’un côté, on n’a moins de rentrées d’argent et de l’autre, je dois continuer à payer mes investissements”. Face à cette situation, les éleveurs doivent réduire les coûts de production. Avec 90 hectares de surface d’exploitation, l’agriculteur décide, il y a deux ans, de passer en autonomie alimentaire. Le but : baisser les coûts alimentaires. Sur la totalité des terres, quarante hectares sont irrigués. “L’an dernier, cela m’a permis de procéder à cinq coupes sur ma culture de luzerne”. Grâce à ses cultures, l’agriculteur nourrit son troupeau toute l’année. “Du 10 avril au 10 octobre, les chèvres sont nourries grâce à l’affouragement en vert. Et les six autres mois de l’année, elles sont alimentées par l’enrubannage de fétuque et de luzerne”. Cette pratique permet de réduire la consommation de granulés. “Avant, je devais donner 1,1 kg de granulés par chèvre laitière, par jour. Maintenant, je ne leur en donne plus que 600 g. En un an, j’ai économisé près de 20 000 €.” Une économie peu négligeable, pour l’agriculteur. Et il assume les inconvénients qui en découlent. “L’affouragement demande plus de travail. Il me faut 40 minutes tous les jours pour nourrir les bêtes. Et ce, trois fois par jour. Avant, je prenais 30 minutes. Je le faisais seulement le matin et le soir”. Autre point noir : “Avec l’affouragement en vert, la production de lait est moins régulière. Mais ces inconvénients sont moindres par rapport à l’économie réalisée.”
Hélène Rongier
Union caprine
Maîtriser la référence laitière et privilégier l’autonomie alimentaire
L’Union caprine 49 a présenté et voté son projet départemental caprin, lors de son assemblée générale, mardi dernier.
“Dans les Pays de la Loire, la production de lait a doublé en seulement onze ans alors que le nombre d’élevage, lui, a diminué de 63 %”, explique François Poirier, président de l’Union caprine de Maine-et-Loire. Une situation à laquelle s’ajoute une diminution du prix du lait. “Le prix du lait, pour 1 000 l, a baissé de 75 € en deux ans”, constate Marc Taillecaurs, le secrétaire général du syndicat. Cette baisse combinée à une augmentation des coûts de production conduit l’union à chercher des solutions pour “s’en sortir”.
“Nous souhaiterions maîtriser les références laitières par exploitation, éviter la surproduction”, souligne Marc Taillecaurs. Pour maîtriser la charge de travail, l’union préconise des exploitations à taille raisonnable : “Des ateliers qui demandent 2 500 à 3 000 heures de travail par unité de main-d’œuvre”. Soit un élevage de 250 chèvres permettant de produire 175 à 200 000 litres de lait. Le tout exploité par une personne.
Pour maîtriser ces charges, l’union est favorable à une autonomie alimentaire (voir ci-dessus). Nourrir son cheptel en produisant son propre fourrage. “Pour cela, il est primordial que l’agriculteur dispose d’une assise foncière importante par rapport au lait produit”, indique le président. “Il peut produire sur ses terres de l’affouragement en vert et de l’enrubannage”. Une solution qui permet de diminuer le coût de production. Avoir du foncier a aussi un avantage environnemental. Cela permet d’épandre le fumier et donc de régénérer les terres. Toutefois, chaque terre du département n’a pas le même potentiel de production. “Nous les avons répertoriées selon trois catégories : terres moyennes, bonnes terres et bonnes terres irriguées. Celles-ci devraient être prises en compte dans les références laitières”.