Environnement
Programme nitrates, Sdage : les agriculteurs en colère
Manifestation de 800 personnes, mardi dernier à Orléans.
Mardi, les FDSEA et JA de tout le bassin Loire- Bretagne s’étaient donné rendez-vous à Orléans, pour protester contre plusieurs règlementations environnementales. C’est au son des klaxons des 30 tracteurs que les 800 manifestants ont défilé dans les rues jusqu’à la préfecture, déversant sur leur passage des pommes de terre et du fumier pour témoigner de leur colère. “Administration intraitable = exploitations vulnérables”, pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les agriculteurs.
Eric Thirouin, président de la FRSEA du Centre, a égrené en tribune les sujets de revendication. En premier lieu le Sdage. Sa future version contient plusieurs contraintes supplémentaires (irrigation, zones humides, fertilisation…) et de nouveaux zonages. Les programmes nitrates : “on parle à nouveau de les renforcer suite à la condamnation de la France par Bruxelles. Mais jusqu’où va-t-on aller ? Les Zar* ne sont pas imposées par l’Europe, c’est de la sur-transposition. Stop !”
L’installation en question
L’évocation de la nouvelle extension de la zone vulnérable a aussi soulevé des cris parmi les manifestants. Comme l’a expliqué Eric Thirouin, l’état la justifie par un nouveau seuil de qualité fixé à 18 mg/l de nitrates dans les cours d’eau, sans réel fondement scientifique. Daniel Prieur, secrétaire général adjoint de la FNSEA, résume en quelques mots : “Qui s’en sortirait avec toutes ces contraintes sur le dos ? Une autre politique est possible. Nous sommes en résistance pour que les jeunes qui s’installent puissent continuer à nourrir les hommes.”
Le préfet de bassin à l’écoute
à l’issue de la manifestation, les responsables ont porté leurs revendications au préfet coordonnateur de Bassin. Arnaud Jeanson, qui participait à cette rencontre pour les Pays de la Loire, résume : “nous avons été très fermes sur la nécessité d’obtenir des délais pour les mises aux normes. Nous avons aussi insisté sur le stockage des fumiers pailleux au champ : il est dans le viseur de Bruxelles, mais il n’est pas question que l’administration cède. Une interdiction totale de stockage des fumiers au champ aurait des conséquences très lourdes pour de nombreux élevages. Le préfet s’est montré à l’écoute, conscient des difficultés sur le terrain. Il a convenu qu’il allait faire appliquer toutes les simplifications réalisables à son niveau. Reste à concrétiser ces paroles.”
Le préfet a rappelé les annonces du Premier ministre : il va œuvrer pour une révision de la directive nitrates à Bruxelles. Des réunions vont se tenir dans les prochaines semaines à ce sujet au niveau national. Il partage la volonté professionnelle d’obtenir des délais et financements pour réaliser les mises aux normes.
La pression mise par la venue de nombreux participants a ainsi permis d’appuyer les dires des représentants, et de convaincre le préfet de l’importance et de l’urgence des sujets portés.
Marie Calmejane
*Zones d’actions renforcées.