Eau
Qualité de l’eau : agir de la parcelle au bassin versant
Arvalis a organisé un colloque sur la qualité de l’eau et les pratiques culturales, mardi, à Saint-Jean-de-Linières.
Comment adapter les pratiques agricoles en préservant les résultats technico-économiques des exploitations ? C’est le défi auquel le colloque organisé par Arvalis-Institut du végétal a apporté des éléments de réponse mardi dernier à Saint-Jean-de-Linières. Partant des résultats de suivis des eaux de drainage et de ruissellement sur plusieurs sites expérimentaux (dont la Jaillère, 44), d’exemples de programmes mis en œuvre “grandeur nature”, les intervenants ont rappelé les principaux leviers d’action.
Adapter les pratiques au contexte
Les expérimentations montrent une très grande variabilité des transferts de phytosanitaires et d’éléments fertilisants. Par exemple, dans les limons battants de la Jaillère, on observe des flux importants d’isoproturon dans les eaux de drainage. Alors que les flux sont faibles dans les eaux infiltrées dans les terres de groies du Magneraud (sols argilo-calcaires, caillouteux, proches de Niort). À l’inverse, le glyphosate est transféré en quantité plus importante dans les terres de groies. En fonction du type de sol, de son état au moment de l’application (sec, saturé, présence de fentes de retrait), de la topographie, de la météo, des comportements des molécules, les impacts d’une application seront très différents. Le conseil doit donc être basé sur un diagnostic pertinent de la situation, pour aboutir aux modifications de pratiques adaptées. Par exemple le conseil phytosanitaire s’oriente de plus en plus vers un choix des produits et des périodes d’application qui prend en compte ces spécificités du sol.
Rappeler des fondamentaux et casser des idées reçues
Malgré ces variabilités, quelques idées fortes sont valables en toutes situations. Tout d’abord, les conditions d’application sont primordiales. Sur un sol saturé en eau ou battant on observera du ruissellement, sur un sol avec des fentes de retrait, de l’infiltration. Ce facteur paraît évident, mais n’est pas toujours facile à prendre en compte. Il suppose parfois de revoir totalement la rotation ou le mode de travail du sol.
La pertinence des bandes tampons (enherbées, boisées, humides) a été confirmée. Leur efficacité peut cependant être remise en question par un tassement ou des “courts-circuits” auxquels il faut être vigilants : passages de roues, ravine.
Les résultats des couverts d’interculture montrent une nouvelle fois qu’ils sont une solution incontournable à la lixiviation des nitrates… à condition qu’ils soient implantés dans des conditions correctes. Par exemple à la Jaillère, entre une rotation maïs/blé sans Cipan et avec Cipan, les flux de nitrates lixiviés ont diminué de 30 à 60 kg/ ha et par an.
Quant au drainage à la Jaillère, il limite les quantités de pesticides transférés en sortie de parcelle. Il réduit le ruissellement, favorise l’infiltration et donc permet aux micro-organismes du sol de dégrader une partie des pesticides avant que l’eau s’écoule dans les ruisseaux ou nappes. Malgré tout, les eaux en sortie de drains ne sont pas indemnes de substances, et un aménagement de zone tampon est nécessaire pour éviter un rejet direct dans les cours d’eau.
Agir à plusieurs niveaux
En conclusion, Guy Le Henaff (Irstea, ancien Cemagref) a résumé : “il faut agir à tous les échelons”. Le choix des produits et des conditions d’application, la réduction du ruissellement (travail du sol, enherbement des inter-rangs 0en vigne…) et l’aménagement à l’échelle d’un bassin sont complémentaires. Cette démarche globale est déjà appliquée par la Chambre d’agriculture dans plusieurs secteurs du département, notamment des zones de captage et sur le bassin de la Vilaine.