Avenir
Que retenir de l'année 2011 ? Qu'espérer pour celle qui commence ?
À l'heure des bilans et des bonnes résolutions, qu'attendent les agriculteurs pour l'année qui vient ? Une douzaine de responsables professionnels s'est exprimée sur le sujet.
Quelques responsables de la FDSEA et de JA se sont prêtés au jeu des questions, et celui, parfois cruel de devoir choisir : ils n'avaient droit qu'à une seule réponse à chacune des trois questions suivantes : quel est, pour vous, le fait marquant en agriculture pour 2011, le fait marquant non agricole et que souhaitez-vous pour 2012 ?
Sécheresse
Le climat et les conséquences de la sécheresse sur les exploitations arrivent, sans surprise, en tête des faits marquants agricoles de 2011. D'autant plus marquants qu'ils font suite à une sécheresse en 2010. Aussi n'est-il pas surprenant que, pour 2012, la mise en place d'une "véritable stratégie pour la réali-sation de réserves d'eau", soit réclamée. L'eau, c'est aussi celle de la vallée de l'Authion. "Je retiens la façon dont on a géré le problème dans la vallée de l'Authion, indique Emmanuel Lachaize : on a pu déplafonner au delà des seuils d'étiage grâce à l'écoute du préfet et l'attitude du lobby environnemental". La situation climatique et le niveau des cours d'eau ont induit des mesures très tôt dans la saison : "Que la Loire entre en restriction pour la première fois m'a vraiment marqué", se souvient Jean-François Ramond. Dans les productions végétales, Pascal Laizé s'indigne de "la destruction de parcelles de tournesols tolérants aux herbicides. Je n’admets pas que les faucheurs volontaires s’autorisent à détruire ce qui a été autorisé, c’est la démocratie même qui est menacée".
Solidarité
Si la sécheresse a marqué les esprits, la solidarité qui s'est instaurée à cette occasion restera aussi un temps fort. "La solidarité existe encore", souligne Jacqueline Cottier. "L'opération paille entre éleveurs et céréaliers, d'envergure nationale, a été efficace”, apprécie pour sa part Alain Cholet. Le responsable laitier souligne également l'augmentation des coûts de production engendrée par cet incident climatique bien que l'enveloppe dégagée (5 millions d'euros) soit répartie "de façon trop différenciée", regrette François Beaupère. Mais, plus que jamais, les valeurs collectives et le rôle du syndicalisme sont rappelés : "Le groupe est nécessaire pour exister, est persuadé Jean-Noël Socheleau, et à tous les échelons, la FDSEA est la cheville ouvrière". Le président de la section des aînés préconise aussi l'ouverture aux autres, comme l'ont montré les adhérents de sa commission en rencontrant les autres syndicats de retraités. Comme les agricultrices avec leur livret sur le voisinage. "Que ces valeurs persistent", souhaite Alain Cholet "et que les prochaines élections à la Chambre d'agriculture se déroulent dans le respect des personnes", recommande Emmanuel Lachaize. Une solidarité et un respect des personnes que les agriculteurs pratiquent également en dehors de leurs responsabilités professionnelles : "Une vingtaine de jeunes handicapés a pu participer aux JMJ (Journées mondiales de la jeunesse) à Madrid, cet été, grâce à d’autres jeunes valides qui ont accepté de les accompagner", retient Pascal Laizé. Des jeunes qui, estime le responsable de la section environnement à la FDSEA, “doivent disposer de moyens de formation suffisants pour assurer leur avenir".
Évolutions sur les prix du lait et de la viande
L'évolution des prix a apporté un peu de répit dans certaines productions, comme le lait. En fin d'année, les cours des bovins ont enregistré "un retournement de situation avec un manque d'offre par rapport à la demande", indique Mickaël Bazantay, responsable de la section viande bovine. La situation est moins propice pour les éleveurs caprins. Pour la production ovine, Jean-Marc Gaborit souligne "la baisse en 2011 de 40 % du volume des importations de viande d'agneaux en provenance de Nouvelle-Zélande en raison des conditions climatiques, mais aussi des prix pratiqués : "Les éleveurs néozélandais ne peuvent pas vivre de leurs produits et changent d'orientation".
Crise financière
Plus que jamais, la crise financière et ses conséquences constituent un des sujets les plus évoqués par les agriculteurs. "Comment bâtir une Europe économique et sociale cohérente, vivable par tous et viable dans le temps", interroge Jean-Marc Gaborit. Et Jean-François Ramond de réclamer "une plus grande cohérence des pays européens face à la crise".
Dans ces conditions, on voit bien que les orientations prises par la Pac 2013 seront déterminantes. "Il faut prendre le temps de réfléchir à des dispositifs d'adaptation pour notre agriculture angevine", préconise Mickaël Bazantay. D'autant que, comme le souligne Gérard Bourcier (production porcine), "l'augmentation de la population mondiale doit inciter les responsables politiques à faire de la production alimentaire française un axe stratégique vital en privilégiant la sécurité alimentaire plutôt que la réglementation idéologique".
Dans ce contexte de crise mondiale "qu'on ne peut plus se cacher", estime Anne Gautier, alors que la plupart des agriculteurs interrogés retiennent de 2011 le Printemps arabe, c'est aussi l'organisation par Xavier Beulin du G120 qui est citée avec, en souhait, la régulation des marchés et la nécessaire maîtrise du prix des matières premières. Anticiper, c'est bien ce que réclame Anne Gautier : “Il est temps que l'homme prenne le temps suffisant de réagir plutôt que de suréagir, car cela ne mène jamais à des solutions durables". La précipitation, la recherche du scoop, c'est aussi ce que déplorent un certain nombre d'agriculteurs : la communication faite sur la crise a plus d'impact sur la perte de consommation que la crise elle-même", estime Frédéric Vincent. Quant au tsunami japonais, "on en a parlé pendant six semaines et puis plus rien : le regard médiatique n'assure pas un suivi dans le temps".