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Quelles solutions pour la castration ? Entretien avec Aude Dubois

Mise sur le devant de la scène médiatique suite aux annonces du ministre Didier Guillaume, qu’en est-il réellement de la castration des porcelets ? Le point avec Aude Dubois, chargée de la production porcine à la ferme expérimentale des Trinottières.

© AA

>> En quoi consiste la castration à vif des porcelets ?
Aude Dubois : La castration est une intervention réalisée sur le porcelet lors de sa première semaine de vie. Elle est réalisée pour éviter les problèmes d’odeurs de viande, au moment de sa cuisson. Ce défaut est lié au développement sexuel du mâle. Ainsi, contrairement à la caudectomie, le problème de la castration est inhérent à l’aval, pas à l’élevage. Mais castrer impacte toute la filière, pour au final peu de carcasses malodorantes. Selon différentes études, on trouve des taux de carcasses malodorantes de moins de 5 % à 10 %. Les composés responsables de l’odeur sont stockés dans le gras, et on les détecte avec l’aide d’un “nez humain”, expert sensoriel. Ainsi, le problème de la castration des porcelets est un problème de filière, et les éleveurs ne peuvent pas arrêter la castration si l’ensemble de la chaîne n’y est pas préparé. En revanche, les problèmes de comportements sont rarement dus à la non castration.


>> En France, que fait-on sur cette question ? Existe-t-il des alternatives ?
En France, la Cooperl est, depuis 8 ans, pionnière sur la question. D’autre acteurs vont bientôt la rejoindre, comme Terrena et sa marque Nouvelle Agriculture. Ce sont les deux seuls qui font des mâles entiers. Mais ils en ont la capacité car ce sont des filières intégrées. La vraie question c’est le support du surcoût au niveau de l’abattoir. Pour l’éleveur, le coût est moins élevé (suppression de temps de travail, meilleure assimilation de l’aliment), mais pour la filière il l’est davantage. En France, la solution qui semble être privilégiée à l’heure actuelle par les pouvoirs publics est l’anesthésie locale pratiquée par l’éleveur. Cela demandera une dérogation, car l’anesthésie est un acte vétérinaire. Les éleveurs devront suivre une formation, car le geste est délicat et nécessite de la pratique. Enfin, une solution développée à l’international est l’immunocastration. C’est une vaccination dirigée contre la GnRH (hormone de l’hypothalamus), visant à supprimer la sécrétion des hormones sexuelles au niveau de l’hypophyse. L’Ifip et l’Inra ont travaillé sur cette technique, mais aucune filière en France ne l’a adoptée.


>> La prise de conscience n’est pourtant pas récente ?
C’est une préoccupation de longue date. En Europe, la Déclaration de Bruxelles de 2010 prévoyait déjà l’arrêt de la castration à vif des porcelets en 2018. De manière générale, les éleveurs y sont plutôt favorables. Certains pays, comme l’Angleterre, castrent peu car les porcs sont abattus plus précocement et n’ont pas le temps de développer d’hormones sexuelles. De manière générale, la législation européenne n’impose pas de prise en charge particulière si l’intervention a lieu dans les 7 jours suivant la naissance. En France, nous sommes allés plus loin. Dans le cahier des charges du porc français, il est stipulé que l’éleveur doit administrer un antalgique permettant de diminuer la douleur post-opératoire.


>> En termes de bien-être animal, quelle semble être la meilleure solution ?
De toute manière, c’est une intervention invasive. Telle qu’elle est pratiquée, ce n’est pas suffisant car l’antalgique ne diminue pas la douleur lors de l’acte chirurgical, mais uniquement après. Avec l’anesthésie, on obtient quelque chose de plus acceptable pour le bien-être du porcelet. Mais pour le bien-être de l’éleveur et de l’animal, l’idéal est de ne pas castrer du tout. Cela représente des heures de travail, pas forcément intéressantes ni valorisantes.

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