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Transmission
Qui pour remplacer Jean-Claude ?

À l'EARL de la Bouillère à Mauges-sur-Loire (La Pommeraye), Jean-Claude Bretault a entrepris, avec son associé, une série de démarches et investissements pour anticiper au mieux sa retraite. L'objectif : passer le flambeau, le moment venu, à un (ou une) candidat motivé.

55 ans : pas encore l'heure du départ en retraite, mais le bon moment pour, déjà, anticiper son futur remplacement. Jean-Claude Bretault, et son associé, un tiers de 10 ans plus jeune, Vincent Ory, ont décidé de prendre les choses en main. Le déclencheur a été un problème de santé. "En 2018, j'ai commencé à avoir des soucis de dos", relate Jean-Claude Bretault. Cela l'a même amené à suivre une session de formation "Continuer d'exploiter ou se reconvertir", avec la MSA et la Chambre d'agriculture. "Cette session m'a confirmé que j'étais quand même très attaché au métier et je voulais continuer à m'investir au sein d'une exploitation qui fonctionne très bien", raconte-t-il. Continuer donc, mais en préparant l'avenir.

Un passage en tout lisier réfléchi

Il y a deux ans, les associés ont réalisé un conseil de stratégie de transmission avec la Chambre d'agriculture. "Nous avions besoin d'aide à la réflexion pour faire évoluer notre outil", expliquent-ils. Un conseil qui a débouché sur une transformation concrète, le passage d'un système logettes paillées en système tout lisier. "L'idée de départ était surtout de subvenir au manque de main-d'œuvre. Avec le tout lisier, on réduit la pénibilité, le temps de travail, les besoins en matériel", souligne Jean-Claude Bretault. L'investissement se monte à 150 000 €. "Mais d'un autre côté, il faut considérer les économies réalisées, estimées à 5 000 litres de fuel par an, les effluents mieux valorisés par la plante, et la vente d'une partie du matériel, un roundballer et un épandeur à fumier. Ce gain économique nous a conforté dans le projet, expliquent-ils. Quant au temps de travail économisé, il est estimé à 294 heures".

Une entreprise au service des personnes

Dans le cadre de ce conseil stratégique, ils n'ont pas abordé que l'aspect matériel. Les associés ont aussi été invités à écrire les valeurs de l'entreprise. Des valeurs présentées à toute personne qui souhaite intégrer l'exploitation, que ça soit en tant que stagiaire, apprenti, salarié, ou associé. Leurs priorités ? "L'entreprise est au service des personnes" et "l'on doit s'y sentir bien". Ce postulat est pris en compte dans toutes leurs décisions, dont ils mesurent toujours les conséquences en termes économiques, de temps et de pénibilité de travail..."Ici, tout est fait pour le confort des gens, souligne Jean-Claude Bretault. Chaque associé a un week-end sur deux de libre, du vendredi soir au lundi matin. Et les salariés ne travaillent pas le week-end. Tout le monde prend 4 semaines de congés par an". Pour Jean-Claude Bretault, ces conditions de travail sont un atout pour une personne qui souhaite intégrer l'exploitation. "Lorsqu'on discute avec des jeunes, ils ont plutôt des projets en individuel, mais je mets en avant les contraintes de ces installations en élevage : c'est du 7 jours/7, 365 jours/an !", remarque l'éleveur. Il insiste aussi sur le fait que l'entreprise doit permettre de "gagner correctement sa vie".

"On cherche une tête, pas que des bras"

Les associés mettent également en avant la transmission des savoir-faire et savoir-être, l'importance des échanges avec l'extérieur pour faire connaître le métier. L'exploitation a toujours employé des salariés, elle ouvre régulièrement ses portes aux écoles. La dimension de la société, à 2 associés, permet d'échanger, même si c'est de manière plutôt informelle. "On voudrait mettre en place des réunions régulières, avec nos apprentis et salarié, avec un point sur le travail et pourquoi pas un thème", expliquent les associés. "On parle beaucoup, et cela me semble essentiel, complète Vincent Ory. Quand on est en société, c'est important de s'entraider, de discuter, de contribuer chacun, à ce que tout le monde se sente bien".

Ils ont travaillé avec la conseillère en relations humaines de la Chambre d'agriculture Véronique Manche. "Elle nous a demandé si nous avions réfléchi à la place que nous voulions laisser à un futur associé".  La question n'est pas anodine. Les associés sont bien conscients qu'un candidat viendra sans doute avec ses idées, de production, de système d'exploitation, de diversification ou autres. "C'est même souhaitable que la personne s'affirme sur un projet, souligne Jean-Claude Bretault. On cherche une tête et pas seulement des bras." Lorsqu'il s'est lui-même installé, en 1991, l'éleveur a choisi d'imposer son projet d'atelier porcin au sein de l'exploitation familiale : "j'avais tenu tête aux partenaires". Au chapitre des valeurs promues par l'EARL, il y a aussi le fait de "permettre à chaque dirigeant de s'émanciper et de gagner en responsabilités".

Des projets qui améliorent l'existant

Différents investissements sont réalisés dans l'objectif de pérenniser l'entreprise et la conforter économiquement, d'améliorer les pratiques, tout en ne nécessitant pas de main-d'œuvre supplémentaire. L'élevage laitier est déjà équipé de caméras et d'un robot de traite. Des panneaux photovoltaïques ont été installés pour créer une nouvelle source de revenu. En matière de gestion de l'eau, différentes pratiques sont mises en place dans le sens d'une économie de la ressource : un semoir à maïs à écartement de rang réduit, pour mieux garder la fraicheur du sol, une récupération d'eau sur les toitures, pour le lavage du matériel et rafraîchir la porcherie l'été, des semis de printemps en travers de la pente pour éviter l'érosion... L'exploitation développe aussi des petits projets d'association avec des partenaires locaux, comme l'utilisation de co-produits pour l'alimentation porcine. Et bien d'autres encore, que ses associés aimeraient pouvoir partager avec un futur candidat.

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