LAIT
Réflexions sur le paysage laitier à court et moyen terme
LAIT
Interview d’Alain Cholet, président de la Fédération départementale laitière.

Alain Cholet.
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Pour réaliser le quota et les allocations de fin de campagne, les éleveurs sont tentés de garder leurs animaux plus longtemps. Qu’en pensez-vous ?
Alain Cholet : Je comprends tout à fait la démarche de garder des animaux, cela paraît logique. Mais attention toutefois à ne pas prendre de risques sanitaires en gardant des animaux avec
cellules. Un phénomène que pourrait amplifier une paille de mauvaise qualité. Les problèmes de cellules ou de mammites sur un troupeau laitier coûtent très cher en frais de vétérinaire, mais aussi sur le prix du lait.
N’oublions pas non plus qu’un troupeau qui se dégrade met du temps à se redresser. Je conseille donc aux éleveurs de ne pas hésiter à renouveler leur troupeau en réformant les animaux en production qui ont des cellules.
Quitte à ne pas produire tout le quota et les allocations de fin de campagne ?
À chacun de faire son calcul. Je considère qu’il vaut mieux ne produire que 4 ou 5 % de l’allocation de fin de campagne avec des animaux en bon état que les 10 % octroyés avec un prix du lait inférieur. Une seule vache à 7 millions de cellules et c’est tout le tank qui est touché. C’est prendre le risque de compromettre cette campagne, mais aussi celle à venir.
Ne faut-il pas aussi raisonner à moyen terme. D’ici trois ans, ne risque-t-il pas d’y avoir trop d’animaux ?
Admettons que la consommation européenne reste au même niveau qu’aujourd’hui. Si, d’ici trois ans, on s’aperçoit que c’est la consommation mondiale qui augmente, il faudra vraisemblablement produire du lait un peu moins cher pour pouvoir exporter. Les pays asiatiques qui sont demandeurs actuellement pourront-ils toujours payer ce produit à ce prix là ? Et quid des autres pays émergents ? Ce qui signifie que, dans trois ans, on risque d’avoir du cheptel supplémentaire, car on aura de la relève, mais on dépendra des cours mondiaux et de l’export. C’est donc important de ne pas se priver d’outils de production. Jusqu’à présent, il y a toujours eu des débouchés, notamment vers les pays du sud et la Méditerranée, pour exporter nos bovins en production ou en génisses amouillantes. Cette
possibilité va persister, tout en gardant plus de génisses de renouvellement.
Pourquoi manque-t-on de cheptel actuellement en France ?
Les producteurs se sont désintéressés de la production laitière. L’économie plaidait en faveur d’une vente des petites génisses à quinze jours pour un rachat deux ans plus tard lorsque la bête est prête à vêler. Pour l’éleveur qui était un peu juste en main-d’œuvre ou en surface, c’était tentant. Pour celui qui gardait toutes ses femelles, il fallait un niveau génétique élevé pour valoriser l’élevage pendant deux ans. Résultat, depuis deux ou trois ans, le nombre de génisses disponibles diminue.
La France, ainsi que dix-sept autres pays européens (voir page 18), sera en sous-réalisation au niveau national. Mais au niveau individuel, certains producteurs iront
au-delà des attributions. Quelle position adopter pour ceux-là ?
La sous-réalisation de l’an dernier était de l’ordre de 2,7 % par rapport à la référence France. Cette année, on peut tabler sur -3,75 %, car la référence France a, en même temps, évolué de
120 000 tonnes. Le nombre de pénalisables va sans doute diminuer, du fait des allocations provisoires mais il me semble normal que des pénalités s’appliquent pour ceux qui sont en dépassement au-delà. Ce sont ceux-là qui, avec leurs entreprises, ont voulu maintenir des allocations de fin de campagne en 2006 alors que nous étions en légère surproduction. Même si la pénalité est symbolique, il faut l’appliquer.
Ces moindres pénalités ne vont-elles pas avoir un impact sur les attributions à venir ?
Les attributions payantes seront décidées début 2008 pour la prochaine campagne. Elles dégageront des attributions gratuites qui seront distribuées à l’automne prochain pour la
campagne 2008-2009. Les pénalités de la dernière campagne 2006-2007 vont servir la campagne prochaine pour financer la restructuration et du lait gratuit. Mais pour la campagne 2009-2010, on ne sait pas si on aura de l’argent pour racheter le lait des cessations. C’est une bombe à retardement. Peut-être faudrait-il trouver un autre dispositif.
Alain Cholet : Je comprends tout à fait la démarche de garder des animaux, cela paraît logique. Mais attention toutefois à ne pas prendre de risques sanitaires en gardant des animaux avec
cellules. Un phénomène que pourrait amplifier une paille de mauvaise qualité. Les problèmes de cellules ou de mammites sur un troupeau laitier coûtent très cher en frais de vétérinaire, mais aussi sur le prix du lait.
N’oublions pas non plus qu’un troupeau qui se dégrade met du temps à se redresser. Je conseille donc aux éleveurs de ne pas hésiter à renouveler leur troupeau en réformant les animaux en production qui ont des cellules.
Quitte à ne pas produire tout le quota et les allocations de fin de campagne ?
À chacun de faire son calcul. Je considère qu’il vaut mieux ne produire que 4 ou 5 % de l’allocation de fin de campagne avec des animaux en bon état que les 10 % octroyés avec un prix du lait inférieur. Une seule vache à 7 millions de cellules et c’est tout le tank qui est touché. C’est prendre le risque de compromettre cette campagne, mais aussi celle à venir.
Ne faut-il pas aussi raisonner à moyen terme. D’ici trois ans, ne risque-t-il pas d’y avoir trop d’animaux ?
Admettons que la consommation européenne reste au même niveau qu’aujourd’hui. Si, d’ici trois ans, on s’aperçoit que c’est la consommation mondiale qui augmente, il faudra vraisemblablement produire du lait un peu moins cher pour pouvoir exporter. Les pays asiatiques qui sont demandeurs actuellement pourront-ils toujours payer ce produit à ce prix là ? Et quid des autres pays émergents ? Ce qui signifie que, dans trois ans, on risque d’avoir du cheptel supplémentaire, car on aura de la relève, mais on dépendra des cours mondiaux et de l’export. C’est donc important de ne pas se priver d’outils de production. Jusqu’à présent, il y a toujours eu des débouchés, notamment vers les pays du sud et la Méditerranée, pour exporter nos bovins en production ou en génisses amouillantes. Cette
possibilité va persister, tout en gardant plus de génisses de renouvellement.
Pourquoi manque-t-on de cheptel actuellement en France ?
Les producteurs se sont désintéressés de la production laitière. L’économie plaidait en faveur d’une vente des petites génisses à quinze jours pour un rachat deux ans plus tard lorsque la bête est prête à vêler. Pour l’éleveur qui était un peu juste en main-d’œuvre ou en surface, c’était tentant. Pour celui qui gardait toutes ses femelles, il fallait un niveau génétique élevé pour valoriser l’élevage pendant deux ans. Résultat, depuis deux ou trois ans, le nombre de génisses disponibles diminue.
La France, ainsi que dix-sept autres pays européens (voir page 18), sera en sous-réalisation au niveau national. Mais au niveau individuel, certains producteurs iront
au-delà des attributions. Quelle position adopter pour ceux-là ?
La sous-réalisation de l’an dernier était de l’ordre de 2,7 % par rapport à la référence France. Cette année, on peut tabler sur -3,75 %, car la référence France a, en même temps, évolué de
120 000 tonnes. Le nombre de pénalisables va sans doute diminuer, du fait des allocations provisoires mais il me semble normal que des pénalités s’appliquent pour ceux qui sont en dépassement au-delà. Ce sont ceux-là qui, avec leurs entreprises, ont voulu maintenir des allocations de fin de campagne en 2006 alors que nous étions en légère surproduction. Même si la pénalité est symbolique, il faut l’appliquer.
Ces moindres pénalités ne vont-elles pas avoir un impact sur les attributions à venir ?
Les attributions payantes seront décidées début 2008 pour la prochaine campagne. Elles dégageront des attributions gratuites qui seront distribuées à l’automne prochain pour la
campagne 2008-2009. Les pénalités de la dernière campagne 2006-2007 vont servir la campagne prochaine pour financer la restructuration et du lait gratuit. Mais pour la campagne 2009-2010, on ne sait pas si on aura de l’argent pour racheter le lait des cessations. C’est une bombe à retardement. Peut-être faudrait-il trouver un autre dispositif.
PROPOS RECUEILLIS PAR M. L.-R.
Lira la suite dans le dossier Lait de L'Anjou agricole du 26 octobre