Pays de la Loire
Relever le défi du climat
L’agro-météorologue Serge Zaka était l’invité de l’assemblée générale de la FRSEA des Pays de la Loire qui s’est déroulée lundi 4 octobre à Angers.
L’agro-météorologue Serge Zaka était l’invité de l’assemblée générale de la FRSEA des Pays de la Loire qui s’est déroulée lundi 4 octobre à Angers.
Quel sera le climat en 2050 en Pays de la Loire, avec quelles conséquences pour l’agriculture ? L’agro-météorologue Serge Zaka s’est appuyé sur des faits scientifiques pour aider à se projeter dans l’avenir. Sécheresses, gels tardifs, voire coups de chaleur : ces phénomènes ne représenteront plus des exceptions.
« Quand on parle de sécheresse, les records de chaleur d’aujourd’hui deviendront la norme demain », a-t-il indiqué. Le cumul annuel des précipitations sera stable sur l’ensemble de l’année, mais la répartition intra-annuelle elle, évoluera. C’est déjà le cas aujourd’hui : « en hiver, il pleut plus, mais cette pluie n’est pas efficace pour l’agriculture », car les pluies fortes et soudaines entraînent des phénomènes d’évapotranspiration.
Quant à l’épisode dévastateur de gel tardif vécu cette année, il pourrait bien se répéter. « Les scientifiques du Giec ont montré que le gel d’avril 2021 est bien une conséquence du changement climatique, du fait d’un démarrage plus précoce de la végétation », souligne Serge Zaka.
Quels effets du changement climatique sur les productions ? En grandes cultures, on observe une stagnation des rendements depuis le début des années 2000, avec des baisses régulières sur certaines années, dues au déficit hydrique et à l’échaudage. « On arrive sur un plateau. Si le changement climatique continue ainsi, on risque d’arriver sur une baisse ».
Concernant la viticulture, il faut s’attendre à des baisses de rendements lors des étés plus secs, à une modification du sucre dans les baies et à une modification des arômes, engendrées par les stress hydriques, les changements brutaux de températures, les gels. « Le risque, c’est de produire des vins qui ne seront plus représentatifs de leur terroir, alerte Serge Zaka. Il faut adapter les cahiers des charges des AOC ».
Pour l’élevage, il faut construire dès aujourd’hui des bâtiments adaptés à un climat futur, avec de l’ombrage, de la ventilation et de la brumisation associées, avec aussi des modifications d’horaires de rations. De même, lorsqu’on implante des haies, « il faut réfléchir à des espèces qui seront adaptées dans 30 ans », note Serge Zaka. Il est rejoint sur cette idée par Olivier Dauger, agriculteur, en charge du changement climatique à la FNSEA et co-auteur du rapport d’orientation 2020 “Faire du défi climatique une opportunité pour l’agriculture”. Celui-ci plaide pour « une agriculture qui ose la transition » : ainsi, quand on plante des vignes aujourd’hui, il faut anticiper sur les cépages qui supporteront une élévation de la température de 2°C...
Préservation des sols
Le scientifique propose des solutions et des adaptations : la première est ce qu’il nomme « l’irrigation de résilience », qui selon lui doit bénéficier d’une aide de l’Etat. « Le stockage de l’eau est essentiel et inévitable lors des excès hivernaux pour la redistribuer l’été. Il y a beaucoup de réticences à ce sujet en France, mais il faut trouver des solutions, sinon l’agriculture ne sera plus rentable ! ». Il préconise une « irrigation intelligente, couplée à des outils d’aide à la décision et liée à la préservation des sols ». La deuxième solution, « pas forcément simple à mettre en place sur le terrain », est justement la
« préservation des sols ». Serge Zaka conseille de « s’inspirer de l’agriculture de conservation des sols pour mieux gérer la biodiversité, augmenter la capacité de stockage d’eau dans le sol et surtout la captation du carbone de l’air ».
La troisième solution consiste à cultiver des nouvelles espèces et variétés. Il cite l’exemple du sorgho, qui en situation de stress hydrique, « produit plus que le maïs ».
S.H.