Viande bovine
Rémunération des éleveurs : Egalim 2, un outil sans précédent
Une centaine de personnes ont assisté, vendredi 26 novembre au Lion-d’Angers, à un rendez-vous organisé par la FDSEA et JA. Avec la loi Egalim 2, les éleveurs doivent pouvoir accéder à une rémunération tenant enfin compte de leurs coûts de production.
Une centaine de personnes ont assisté, vendredi 26 novembre au Lion-d’Angers, à un rendez-vous organisé par la FDSEA et JA. Avec la loi Egalim 2, les éleveurs doivent pouvoir accéder à une rémunération tenant enfin compte de leurs coûts de production.
« Les conditions sont-elles désormais réunies pour que le revenu des éleveurs s’améliore ?, a questionné Jean-Paul Goutines, animateur de la table ronde. Il y a urgence quand on voit les chiffres ! ». Ces chiffres, ce sont ceux présentés par Alain Denieulle, élu Chambre d’agriculture. Les Pays de la Loire, première région française de production de viande, connaissent une diminution de cheptel « très inquiétante ». En 2018, la Chambre d’agriculture avait écrit des scénarios pour la production à l’horizon 2030. 3 ans après, c’est le scénario “de crise”, le moins optimiste qui se profile déjà. C’est un message d’alerte qu’ont souhaité lancer les organisateurs, face à la forte décapitalisation observée depuis quelques années.
Avec la contractualisation obligatoire entre l’éleveur et son premier acheteur, qui entre en vigueur au 1er janvier prochain pour certaines catégories d’animaux, la filière dispose d’un outil sans précédent pour revaloriser le revenu des éleveurs.
Non négociabilité des prix agricoles
Autour de la table, tous les maillons de la filière étaient là, de l’élevage à la GMS. « Aujourd’hui le taux de contractualisation n’est que de 2 à 3 % en viande bovine. La contractualisation obligatoire va permettre de prendre en compte les coûts de production », a souligné Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse, rapporteur de la loi Egalim 1.
Comment les éleveurs abordent-ils les choses ? « La loi Egalim 1 n’a pas apporté les résultats escomptés, et l’augmentation actuelle des prix de la viande n’est pas liée à Egalim 1, mais à la baisse de l’offre en Europe », a tenu à dire Emmanuel Bernard, vice-président de la Fédération nationale bovine, éleveur dans la Nièvre. Mais il se veut confiant, car la loi Egalim 2 va permettre de « donner un prix au produit agricole qui sera gravé dans le marbre ! Celui qui signera le contrat prendra la responsabilité d’aller répercuter le prix du produit. On transfère ainsi la part de risque vers l’aval, et j’en suis heureux ».
Clément Traineau, secrétaire général de JA 49, attend, pour sa part, dès cet hiver, une « amélioration du revenu pour compenser la hausse des charges et donner envie aux jeunes de s’installer ». Il trouve cependant dommageable que « toutes les productions ne partent pas en même temps (dans la contractualisation), notamment la production de viande issue de vaches laitières ».
Quant au maillon transformation, il était représenté par le président d’Elivia, Marc Réveillère, éleveur en Maine-et-Loire. Il « approuve la loi », mais il craint que cette évolution fasse prendre des « risques aux industriels, qui ont des marges très faibles ». Pour Marc Réveillère, il est important que « l’ensemble de la filière puisse rebondir ».
« Il faudra passer les hausses, mais il faudra aussi que toutes les enseignes jouent le jeu», a estimé de son côté Alban Grazélie, président de Super U Ouest. La GMS travaille déjà avec Elivia pour développer le label rouge. Et le client, sera-t-il d’accord pour se voir répercuter la revalorisation des prix dans son prix d’achat ? « Il faudra travailler sur la différenciation, communiquer envers le client, sans quoi il ira vers le moins cher », estime Marc Réveillère.
Régulation du marché
En cette période de négociations commerciales, le signal envoyé récemment par deux acteurs de la grande distribution, qui refusent que l’interprofession publie l’indicateur des coûts de production élaboré par l’Idele, ne rassure guère la FNB. « Ces indicateurs, c’est pourtant la base pour que la loi soit appliquée ! », a martelé Emmanuel Lachaize, président de la FDSEA 49. La transparence est nécessaire dans un contexte où, « depuis 20 ans, les prix au consommateur ont pris 78 % quand ceux au producteur, n’ont augmenté que de 26 % », a rappellé Emmanuel Bernard.
La loi existe, mais ne résoudra pas tout, il faudra que tous les acteurs s’emparent de cet outil et que les services de l’Etat, notamment la DGCCRF, contrôlent son application. Le chemin ne sera pas facile, « on ne change pas 30 années d’habitudes en 6 mois », admet Jean-Baptiste Moreau. Le député agriculteur parle aussi d’une nécessaire « régulation du marché, pour ne pas arriver à une inadéquation de l’offre et de la demande, comme en lait bio ». Il est rejoint par Emmanuel Lachaize, qui souhaite aussi un regroupement de l’offre. « C’est un changement culturel profond, explique-t-il, quand on sait que seule la moitié des éleveurs sont dans les groupements de producteurs. Mais n’a-t-on pas tout à gagner avec la contractualisation qui devient obligatoire ? ».
S.H.