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FNSEA
Retour de congrès : les réactions

Deux jours de congrès et sept candidats à la présidentielle sur scène, le jeudi, dans le cadre de la journée Ensemble pour nos territoires. Ce qu'en pense la délégation de Maine-et-Loire.

1 200 congressistes étaient réunis à Montpellier à l’occasion du congrès de la FNSEA.
1 200 congressistes étaient réunis à Montpellier à l’occasion du congrès de la FNSEA.
© AA

Le congrès de la FNSEA constitue toujours un temps fort de l'animation syndicale. Dans le contexte électif de cette année, ce moment revêtait un relief particulier par la présence, le jeudi, de sept des dix candidats à l'élection présidentielle (1). "Qui d'autre que la FNSEA est capable de réunir un tel plateau", remarque Gérard Bourcier. "Cela prouve la pertinence de notre organisation, la force de ses propositions et la reconnaissance de son travail". Les représentants des vingt-deux organisations partenaires étaient réunis sur scène (voir liste ci-contre) ; parmi elles, une seule femme, Claudine Faure de la MSA, ce qui fait dire à Anne Gautier que "la parité a encore bien du chemin à faire dans les organisations agricoles alors que la profession se flatte d'avoir 34 % de femmes chefs d'exploitation". Elle souligne aussi le manque de questions sur la protection sociale agricole.
La place des femmes dans l'agriculture, c'est aussi ce que relève Jacqueline Cottier, la présidente de la section agricultrices de Maine-et-Loire et vice-présidente de la section nationale, citant Karen Serres : un métier qui se féminise, des installations plus tardives que les hommes sur des projets moins gourmands en surfaces. Subsiste le problème du statut, avec 16 000 femmes simplement ayant droit. La MSA lance une campagne sur le sujet.
C'est aussi la notion de "climat" qui prédomine pour Jacqueline Cottier, Le climat économique apaisé pour plusieurs productions, le climat syndical toujours aussi solidaire grâce notamment, souligne-t-elle, à l'opération paille 2011. Quant au climat politique, elle l'a vu passer "du beau fixe à l'orage voire à la tornade" sur la scène du Corum de Montpellier, "mais les congressistes ont su braver ces aléas, eux qui sont confrontés réellement aux éléments sur leurs exploitations”.

“Une bonne connaissance des dossiers”
On ne sait si la prestation des différents candidats a été de nature à modifier les intentions de vote. Mais les commentaires de la délégation relèvent "une bonne connaissance des dossiers". Sur la forme, c'est surtout l'agressivité de l'une, le dynamisme d'un autre, ou encore leur proximité, leur dignité, leurs compétences... qui ont marqué les esprits. Avec une “mention spéciale” de Jean-Marc Lézé pour Éva Joly : “Nous ne partageons par les mêmes idées, mais c’est elle que j’ai trouvé la plus honnête et la plus objective”. Globalement, tous ont apprécié, comme l'a souligné Xavier Beulin, président de la FNSEA dans son introduction, "ce moment de démocratie républicaine".
Unanimité également pour souligner l'intérêt de la rencontre avec Dacian Ciolos. Le commissaire européen à l'Agriculture a impressionné par sa connaissance des dossiers, sa parfaite maîtrise de la langue française, son esprit de répartie. "Il nous a dit ses impératifs, mais aussi que la Commission européenne restait ouverte à nos propositions. À nous d'être efficaces et d'avancer unis avec des arguments", estime Frédéric
Vincent, président de JA49. Ce même commissaire européen qui, s'adressant à Bruno Le Maire, a remis le politique devant ses prérogatives : "ce sera désormais au Conseil européen plus qu'à la Commission de trancher". On peut dire aussi que la délégation angevine ne gardera pas un souvenir impérissable de la dernière prestation du ministre de l'Agriculture. "On l'a entendu dire ce qu'il fallait faire alors que, depuis trois ans, il n'a pas fait ce qu'il fallait", lapide Frédéric Vincent.
Est-ce l'effet d'une meilleure conjoncture, toujours est-il que certains repartent du congrès avec le sentiment que les questions sur les productions ont été insuffisamment abordées. "Alors qu'il faudrait profiter de ces moments pour élaborer des stratégies", estime Jean-Maurice Dupont. Le responsable cantonal du Louroux Béconnais relativise son propos : "heureusement qu'en Maine-et-Loire on travaille le sujet".
Même sentiment de décalage chez Gérard Bourcier : "on sent que le lait et la viande, ça va mieux, alors, le reste est un peu occulté". Le responsable professionnel fait, bien évidemment, allusion aux difficultés de la viande porcine et au péril de seuil minimal qui se profile. Pour sa part, Anne Gautier a vu, dans les interventions de la salle, une prédominance du secteur des grandes cultures. "Le volet employeur est un peu passé à la trappe", indique-t-elle en déplorant, elle aussi, "la récurrence de certains sujets". Mais souvent, le chronomètre a limité le temps de parole de toutes les régions.

Le problème de l’eau
On a beaucoup parlé de l'eau lors de ce congrès : la pluviométrie en déficit avec la menace d'une nouvelle pénurie, mais aussi l'eau à stocker. "Les politiques reprennent nos propositions et formulent des promesses, mais reste à les mettre en application", remarquent les agriculteurs de Maine-et-Loire qui restent sceptiques quand il s'agit de passer des paroles aux actes :  "On a besoin d'un dialogue interministériel et d'une cohérence entre les décisions politiques et les mises en œuvre administratives", disent-ils. D'autant que les échéances électorales et les modifications gouvernementales qui en découleront, quelles qu'elles soient, risquent, craignent les agriculteurs, de faire prendre du retard à un sujet plus qu'urgent.
Si tous ont apprécié que l'on aborde également le foncier et la mission irremplaçable de l'agriculture en matière d'alimentation, il n'a pas échappé à Jean-Noël Socheleau que le sujet des retraites n'avait été que peu ou pas abordé. Mais le président de la section des Aînés se veut pragmatique et retient de ce congrès la recommandation des intervenants de la table ronde sur le thème de la compétitivité des exploitations. "On ne dit pas assez ce que l'on fait", est persuadé Jean-Noël Socheleau, et il faut que l'on mette les moyens de le faire savoir". Une suggestion retenue également par Xavier Beulin qui invitait, en fin de congrès, les 21 organisations partenaires de la journée à continuer à travailler ensemble.

Sur la compétitivité des entreprises
La compétitivité des entreprises, ce congrès à Montpellier en abordait le deuxième volet, prévu dans le rapport d'orientation triennal présenté l'an dernier à Saint-Malo. "J'aurais aimé que ce thème du statut de l'entreprise et des entrepreneurs fasse l'objet de plus longs débats. Le programme prévu pour ce congrès ramené à deux jours ne l'a pas permis", indique Jean-Marc Lézé. "L'évolution des statuts et des dispositions fiscales sont autant d'outils de gestion essentiels pour l'avenir de nos entreprises", indique le président de la FDSEA de Maine-et-Loire qui rappelle que le sujet a été abordé – et le sera encore – en conseil d'administration de sa FDSEA.

 

M. L.-R.

(1) Sur les dix candidats invités, étaient présents François Bayron, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont Aignan, François Hollande, Eva Joly, Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy.

Présidentielle

Ce qu’ils ont dit

Pas moins de sept sur les dix candidats à l’élection présidentielle se sont présentés à Montpellier le 29 mars au matin devant quelque 1 500 personnes à l’issue du congrès de la FNSEA. Un événement organisé par 22 organisations professionnelles de l’agriculture à l’initiative de la FNSEA.

François Bayrou : l’agriculteur est un producteur-protecteur
Celui qui se revendique toujours exploitant agricole dans les Pyrénées-Atlantiques souhaite que l’agriculteur soit considéré à la fois comme un producteur de biens alimentaires et un protecteur de l’environnement. Et que les efforts réalisés par les agriculteurs pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires dans le cadre du plan Écophyto 2018 notamment soient mieux reconnus.  Regrettant la disparition des quotas laitiers, il s’est prononcé en faveur de la régulation des marchés, contre la spéculation financière ainsi que le grignotage des terres qui aboutit “à la disparition d’un département français tous les sept ans”. Interrogé sur la Pac, il a indiqué “qu’il ne céderait pas d’un pouce sur l’affaire du budget agricole”.

Jacques Cheminade : la spéculation financière, le mal absolu
“Nous devons ouvrir un grand chantier en sortant de la tutelle de Wall Street”. Pour le candidat qui a recueilli 0,28 % des voix lors de l’élection présidentielle de 1995, la principale cause de tous nos maux  trouve sa source dans la spéculation financière à Wall Street ou ailleurs, sans oublier le rôle négatif des géants de l’agroalimentaire et de la distribution. Son projet vise à privilégier les circuits courts pour éviter la pression des grandes surfaces. Il a également insisté sur la nécessité d’harmoniser les règles sanitaires et phytosanitaires en Europe. Plus originale est sa proposition de faire varier les aides de la Pac selon la conjoncture.

Nicolas Dupont-Aignan : le retour à la Pac d’antan
S’affichant comme l’héritier du gaullisme, Nicolas Dupont-Aignan, “veut revenir aux fondamentaux de la Pac” qui n’a cessé d’être  “détricotée” depuis trente ans et qui va continuer à l’être, s’il n’est pas élu président de la République. Son message est de renégocier de fond en comble la politique agricole commune pour rétablir la préférence communautaire et garantir un prix minimum aux agriculteurs. Sa méthode : le droit de veto que n’ont pas hésité à utiliser le Général de Gaulle et Margareth Thatcher dans le passé pour faire prévaloir leurs intérêts. Plus surprenant en revanche est sa position sur la contractualisation qu’il considère “comme un mensonge organisé”. À l’image de celle proposée par Lactalis à ses fournisseurs.

François Hollande : la recherche du consensus
Discours relativement consensuel de François Hollande. D’accord pour reconnaître la v
ocation productive de l’agriculture et pour maintenir la part agricole dans le budget européen, les efforts réalisés par les agriculteurs  pour réduire les pesticides, le déséquilibre  des relations avec la grande distribution qu’il faut corriger, l’hémorragie des terres agricoles qu’il faut faire cesser. “Je veux réduire la moitié de la consommation de terre d’ici la fin du quinquennat”, a-t-il martelé. Mais pas de propositions précises en la matière  si ce n’est l’encouragement à la production d’énergies renouvelables par les exploitants, la mise en place d’un fonds d’investissement pour soutenir la recherche et l’innovation. Plus originale en revanche est sa proposition  de mettre en place  un contrat de génération, entre l’agriculteur qui cède et le candidat à l’installation, pour favoriser l’accès au métier d’agriculteur.

Marine Le Pen : le protectionnisme et la renationalisation des aides
“Je ne vois qu’une seule solution le protectionnisme” pour résoudre les problèmes de l’agriculture française, a martelé Marine Le Pen. Sa politique agricole est d’abord française et son projet est “de défendre les intérêts des agriculteurs français et non des Marocains”. Parce que “l’Europe agricole se comporte en valet de l’OMC” et la nouvelle Pac est “un outil ultra libéral repeint en vert”. Aussi propose-t-elle la renationalisation des aides agricoles, “ce qui évitera de toujours demander l’autorisation de mener la politique que la France souhaite”. Autre cible, les grands groupes agro-alimentaires, Lactalis, Bongrain, Bigard… et  la grande distribution qu’elle considère comme “des prédateurs”.

Nicolas Sarkozy : le principe de réciprocité
Nicolas Sarkozy veut ériger un nouveau principe dans le fonctionnement de l’Europe, “le principe de réciprocité” qui consiste à imposer aux fournisseurs des pays tiers les mêmes règles que celles qui sont exigées des producteurs français (normes sanitaires, environnementales, bien-être animal.
traçabilité…). Sinon, il n’hésitera pas à adopter des mesures qui garantissent aux producteurs nationaux un accès aux appels d’offre par exemple comme le font d’ailleurs les États-Unis, y compris pour les PME. Le président candidat a toutefois reconnu  qu’il avait “des petits cailloux dans son soulier” : l’environnement  notamment où “on était allé trop loin”. Avant de s’engager s’il est élu “à supprimer deux anciennes normes, chaque fois qu’on imposera une nouvelle norme”. Autre promesse l’extension aux agriculteurs de l’allégement des cotisations sociales qui a été accordée aux salariés dans le cadre de la TVA emploi.

Éva Joly : un autre modèle agricole
“Je ne partage pas la vision techniciste de l’agriculture” a déclaré Eva Joly. Son projet à elle, c’est de donner la priorité à l’agriculture biologique, aux circuits courts et à la réduction des pesticides. Si elle partage avec les organisations agricoles son intention de lutter contre la volatilité des cours et la spéculation financière, elle considère que “l’Europe n’a pas vocation à nourrir le monde” et que “le défi alimentaire n’impose pas d’exporter plus vers l’Afrique”. Et qu’il faut privilégier dans les pays en développement des politiques de développement rural. L’Europe devrait plutôt penser à réduire  son déficit en protéines.  Bien entendu, elle est contre les OGM et les biotechnologies. La recherche doit privilégier d’autres systèmes et notamment “le savoir agronomique et le savoir empirique des paysans”.

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