Congrès FNSEA
À Saint-Malo, un ministre attentif aux préoccupations des agriculteurs
Coût du travail, instruction des dossiers d’aide, indexation des prix, mise en place de contrats équilibrés en filière lait, des décisions seront prises dans les semaines et mois qui viennent.
“D’ici fin 2011, on aura fait un pas supplémentaire sur le coût du travail permanent en agriculture”, a déclaré Bruno Le Maire au congrès de la FNSEA qui s’est déroulé à Saint- Malo, les 29, 30 et 31 mars. Après avoir pris une mesure sur l’allé-gement des charges des salariés occasionnels, le gouvernement est prêt à aller plus loin sur le travail permanent. Il est vrai que le sujet est très prégnant et que de nombreux intervenants ont dénoncé les distorsions sur les coûts de travail en Europe qui pèsent sur la compétitivité de l’agriculture française. Qu’il s’agisse de l’Espagne où la main-d’œuvre est plus de la moitié moins chère qu’en France ou de l’Allemagne. Ces deux pays ne
cessant de nous damer le pion sur les productions légumières et porcines.
Indexation des prix
Interrogé par la salle sur les difficultés que les agriculteurs rencontrent au quotidien, le ministre ne s’est pas débiné. Ainsi s’est-il montré favorable à la proposition de Xavier Beulin sur l’indexation des coûts de production dans les prix alimentaires pour préserver la marge des agriculteurs et notamment des éleveurs. “Le principe d’une répercussion de l’augmen-tation des coûts de production sera mis en place avec les GMS dans les jours qui viennent”, a-t-il assuré. De même il confirmé que les contrats interfilières entre les productions végétales et les productions animales pour tenir compte de la flambée du prix des céréales se mettraient bien en place au mois de juillet comme prévu. (lire p. 12) Le ministre est également revenu sur les contrats laitiers qui se mettent en place à partir du 1er avril dans le secteur laitier. Ainsi a-t-il annoncé la nomination d’un médiateur, Pierre Lepetit, pour faire en sorte que les contrats proposés par les entreprises ne soient pas léonins. “Je souhaite qu’il soit le garant de l’équité entre producteurs et transformateurs”, a-t-il déclaré sous les applaudissements. Certaines propositions qui circulent sur le terrain ne sont pas très satisfaisantes. C’est le moins que l’on puisse dire en effet. (lire p. 6)
Décret irrigation
Décidément très en verve, le ministre s’est appliqué à répondre aux questions des congressistes. Les aides environnementales du deuxième pilier qui ne sont pas versées ou celles des agriculteurs bio en conversion toujours en attente. “Tous les dossiers seront réglés dans les semaines à venir”, a promis Bruno Le Maire. Sur l’irri-gation qui ne cesse de susciter des crispations avec l’administration et les organisations environnementales, notamment en matière de création de lacs collinaires ou de retenues d’eau, le ministre s’est montré ouvert aux attentes des
irrigants. “Je souhaite que soient révisées les conditions d’application du décret d’application sur les lacs collinaires et les réserves”, a-t-il indiqué. Les changements attendus devraient intervenir dans “quelques semaines”.
Pas convaincant sur les OGM
Interpellé sur les prédateurs et la gestion du loup dans les Alpes, le ministre a reconnu l’échec des mesures qui avaient été prises. “Il faut en tirer les conséquences”, a-t-il assuré. Aussi s’est-il engagé à ce que les préfets puissent être autorisés à procéder à des battues plus fréquentes, dès cette année.
En revanche, Bruno Le Maire n’a pas convaincu sur les OGM et les biotechnologies. S’il a reconnu la nécessité de maintenir l’effort de recherche sur les biotechnologies, il n’a pas apporté la réponse attendue sur la façon de sortir de l’impasse actuelle : l’autorisation qui peut être donnée à des impor-tations de plantes OGM alors que leur culture reste interdite en France.
MICHEL BOURDONCLE
ACTUAGRI
Xavier Beulin à Angers
1001 bonnes raisons d'avoir confiance
Brillante analyse géopolitique et les conséquences tangibles sur le secteur agricole français, européen et international. Xavier Beulin n'a pas déçu son auditoire, jeudi dernier, lors de la soirée débat organisée par la FDSEA et l'Anjou agricole à l'Ésa.
À l'heure où d'aucuns se complaisent à vilipender une certaine forme d'agriculture, ne considérant que ses excès sans en reconnaître les apports, dans son propos, le président de la FNSEA a voulu rappeler le rôle prépondérant et indispensable de l'agriculture. Quels que soient leur système et leur latitude, "sur 6 milliards d'habitants sur terre, il y a trois milliards de paysans", rappelle-t-il. Se passer de paysans, c'est prendre un risque. Xavier Beulin en veut pour preuve les récentes agitations qui soulèvent le pourtour sud de la Méditerranée. "Quand la faim entre dans la ville ", prévient-il. C'est en ce sens qu'il organise, en juin prochain, le G20 agricole à Paris. Pour que l'agriculture ne soit pas traitée comme un produit industriel.
Une salle de plus de trois cents personnes, attentive, parfois inquiète, et qui interroge le président de la FNSEA sur son projet et sa vision de l'avenir (voir interview complète pages 4 et 5)
Xavier Beulin préfère la proposition à l'incantation et du constat doit surgir le projet. Au jeune de l'Ésa qui s'interroge sur l'opportunité aujourd'hui pour les jeunes de s'installer, il tiendra un discours de confiance : "On a besoin de toutes les agricultures du monde et de la française en particulier. La croissance en Chine, la modification des flux commerciaux, la France plus à l'abri des aléas climatiques, la relative stabilité des prix, les perspectives dans les énergies renouvelables comme la méthanisation… "1001 bonnes raisons d'avoir confiance", a-t-il résumé.Quant au verdissement par le premier pilier de la Pac, controversé, Xavier Beulin rappelle la nécessité d'une croissance durable équilibrée. "On peut combiner performance économique et environnementale en maintenant le lien au territoire", est-il persuadé. Et de réaffirmer sa confiance dans la recherche, l'innovation, la pertinence ciblée de certaines biotechnologies pour gagner en efficacité.
M. L.-R.