Interview
“Saisir les opportunités en restant raisonnable”
Réaction : Alain Cholet, président de la Fédération départementale laitière.

Comme le montrent les chiffres, la tendance est à l’investissement et à l’optimisme, en particulier dans le secteur laitier. Partagez-vous cette euphorie ?
Alain Cholet : En effet, le prix du lait sur l’année 2014 est correct. La preuve en est que les producteurs de lait croient en l’avenir et investissent. C’est bien. Ils préparent l’après-quota. Je suis tout à fait partisan pour que les conditions de travail des producteurs laitiers s’améliorent. Il faut, pour cela, investir, moderniser les outils et parfois les agrandir dans la mesure où les références laitières ont évolué depuis ces cinq dernières années.
Sachons cependant rester raisonnables et n’oublions pas que nous sommes dans un système libéral avec, comme on a pu le voir, un prix du lait volatil et sensible à des à-coups qui ne sont pas forcément liés au marché, mais qui peuvent être d’ordre politique -la Russie par exemple-, ou sanitaire, je pense au problème de la mélamine en Chine en 2009. Il convient également d’avoir une approche économique des projets en gardant à l’esprit l’évolution du prix moyen du lait dans les 5 à 10 ans qui viennent, soit le temps de l’amortissement de l’investissement. Et ne pas perdre de vue qu’en dépit des aides techniques, comme la robotisation, il faudra toujours une présence humaine. D’où l’importance de ne pas surdimensionner des outils, d’autant plus que cela ne signifie pas forcément un meilleur résultat financier.
On annonce une baisse du prix du lait pour 2015. N’est-ce pas un paradoxe d’investir aujourd’hui ?
On annonce effectivement une baisse du prix du lait en 2015 avec une augmentation des volumes. Cela peut paraître risqué. Par contre, on sait que la production laitière va se restructurer très fortement : la production va continuer à augmenter dans le Grand ouest, parce que d’autres régions vont voir leur production diminuer ou disparaître. La production va donc se concentrer là où il y a du dynamisme, des hommes, des surfaces non concurrencées par les céréales, et des outils.
Le contexte est donc une opportunité pour l’Ouest de la France ?
Pour l’ouest, investir aujourd’hui, ce n’est pas être à côté de la plaque, c’est au contraire saisir des opportunités pour autant, je le répète, qu’on reste raisonnable et modeste, car il faudra que les trésoreries résistent à la volatilité. C’est un facteur à intégrer au plan de financement. Et ne pas oublier qu’il faudra aussi compter avec les aspects environnementaux.