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Interview
Sodiaal en quête de valeur, les producteurs aussi

Rachat de Yoplait, prix du lait, marché à terme, le président de Sodiaal pour la région Pays de la Loire, Jean-Pierre Faucon, revient sur les grands dossiers d’actualité de la coopérative.

Jean-Pierre Faucon, président de Sodiaal pour la région Pays de la Loire.
>> Vous vous apprêtez à racheter Yoplait, que la coopérative avait dû céder il y a 20 ans. Que ressentez-vous aujourd’hui en tant qu’administrateur ?

Une grande fierté. Parce que l’histoire entre notre coopérative et Yoplait ne remonte pas seulement à 20 ans. Elle est beaucoup plus ancienne, puisque la marque Yoplait a été créé en 1965 de la fusion de deux marques détenues par des coopératives laitières, Yola et Coplait. Et même au-delà de la coopérative, ça fait partie de l’histoire de la filière laitière française. L’histoire est faite de hauts et de bas. En 2001, les administrateurs de l’époque n’ont pas eu d’autre choix que de céder 50 % du capital de Yoplait à PAI Partners, pour sauver la coopérative. 20 ans plus tard, nous sommes toujours là et en capacité de ramener Yoplait au sein de la coopérative.

>> Cette opération a été rendue possible par l’investissement de Sofiproteol (Avril) et Idia capital (Crédit Agricole) pour renforcer les fonds propres de Sodiaal ?

Non. En tout cas pas directement, puisqu’il n’y a pas d’échange de cash avec Général Mills. La valeur reprise côté européen par Sodiaal est équivalente à celle reprise par Général Mills côté nord-américain. Les fonds participatifs de 40 millions d’euros apportés par Sofiproteol et Idia capital vont nous donner des capacités supplémentaires d’investissements dans la modernisation
de nos outils industriels, et dans la recherche et développement, pour accélérer notre plan Value. Je tiens d’ailleurs à préciser que l’émission de titres participatifs de Sodiaal aux deux investisseurs cités ne leur donne ni droit de vote, ni part sociale.

 >> Concrètement, comment la valeur peut-elle revenir aux producteurs ? Cette acquisition va-t-elle modifier le mix-produit de la coopérative ?

Non notre mix-produit ne va pas évoluer. Nous resterons sur 40 % de PGC France, 40 % de B to B et RHF et 20 % de beurre-poudre. Les produits Yoplait étaient déjà comptabilisés dans nos
40 % de PGC France. Et contrairement à ce que j’ai lu, il n’y aura pas non plus de nouveaux volumes pour les producteurs Sodiaal, puisque nous fournissions déjà 100 % du volume de Yoplait. Le retour de la valeur pour les producteurs se fera principalement à travers le retour de bénéfices de Yoplait, dont une partie sera consacrée à la rémunération des producteurs, en transparence avec ces derniers.

>> Les feux sont au vert pour vous en ce moment avec les cours des produits laitiers en hausse ?

Au vert je ne sais pas mais 2021 semble en effet repartir à la hausse, avec un beurre-poudre
à +20 € depuis 1 mois. Ça vient après une année 2020 compliquée, où nous étions passés
d’une cotation beurre-poudre de 335 € avant crise, à 240 en juin-juillet, avant de se stabiliser
autour de 280 le reste de l’année. Depuis janvier la demande asiatique a fait grimper le curseur,
dans un contexte où il n’y a pas de stock et où la production est atone. Le prix B en avril va être à 314 €. C’est tant mieux pour les producteurs qui en ont besoin car nous avons aussi des
charges qui pèsent en face. D’ailleurs, sur cette question de la valorisation du prix B, Sodiaal est la 1ère entreprise laitière en France à donner la possibilité aux producteurs de bloquer des prix sur le marché à terme (lire encadré).

>> Concernant les négociations avec la grande distribution en revanche, on a cru comprendre que la partie a été beaucoup plus tendue cette année ?

Les négociations commerciales ont en effet été extrêmement difficiles avec la distribution, à
l’exception notable de Lidl, qui a pris un positionnement plus constructif. Pour être transparent,
depuis 3 ans avec la loi Egalim, on a réussi à passer des hausses moyennes de 20 € en
2019. C’est retombé à 10 € en 2020, et cette année, on devrait être autour des 5 €, soit +2 %. Et
quand je dis ça, rien n’est fini, car il reste les MDD, sur lesquelles nous avons néanmoins bon espoir de passer le même niveau de hausses. Malheureusement ça n’est pas suffisant pour aller
chercher le prix de revient tel qu’il a été défini par l’interprofession, et donc pour couvrir à la fois l’augmentation de nos charges dans les exploitations, mais aussi dans la transformation, sur les emballages par exemple, pour ne citer que celle-ci. Après, je reste optimiste. On continue à progresser, et ce aussi grâce à la pression mise par les producteurs et par le ministre. Ça fait 2 ans qu’on est au dessus du prix du lait allemand, ce qui est une bonne nouvelle, mais qui
paradoxalement nous pénalise sur les règles de calcul du prix A à hauteur de 4,8 €. Fondamentalement, ce dont on a tous besoin, c’est de visibilité dans le temps.
 

Sodiaal propose du marché à terme sur le B

La 1ère coopérative laitière française est aussi la première et le seule en France à proposer en expérimentation à ses producteurs d’aller sur du marché à terme en lait. Ainsi tous les 2èmes mardis du mois, les producteurs
ont la possibilité d’y intégrer tout ou partie de leur volume B (qui peut représenter jusqu’à 30 % du volume de l’exploitation), jusqu’à des échéances à 15 mois, l’objectif pour le producteur étant de fixer sur les marchés à terme, le prix de ses volumes B à l’avance, pour se sécuriser, ou tout simplement pour plus de visibilité sur le long terme. Une centaine d’éleveurs ont déjà participé à la formation initiale proposée par Sodiaal.
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