AG de la FDSEA
Sur le terrain, le sentiment d’un manque de considération
L'assemblée générale de la FDSEA s’est déroulée en présence de plus de 150 personnes, le 18 février au Campus de Pouillé (Les Ponts-de-Cé). Les représentants des différentes régions se sont fait l’écho de sujets de crispation qui rendent difficile l’exercice du métier au quotidien et l’aboutissement de projets.
L'assemblée générale de la FDSEA s’est déroulée en présence de plus de 150 personnes, le 18 février au Campus de Pouillé (Les Ponts-de-Cé). Les représentants des différentes régions se sont fait l’écho de sujets de crispation qui rendent difficile l’exercice du métier au quotidien et l’aboutissement de projets.
Une désagréable impression de déjà vu. Mathieu Delanoë, représentant du Segréen s’est fait le porte-voix de tous des agriculteurs qui en ont « ras-le-bol » qu’un scénario similaire se déroule chaque hiver : « Chaque année, c’est la même rengaine depuis 15 ans, le bras de fer entre transformateurs et GMS », dénonce l’agriculteur, qui demande davantage de « transparence» de la part des GMS et qui « compte sur les services de l’Etat pour contrôler l’application de la loi Egalim », alors que le dernier comité de suivi des négociations commerciales devait se dérouler le 23 février. Outre la question de la rémunération, la charge administrative pèse de plus en plus sur les exploitants et grignote leur temps. « On passe de plus en plus de temps sur notre ordinateur, pour remplir des dossiers, refaire des mots de passe.... On perd de l’humain et cela représente beaucoup de temps improductif », déplore Sylvain Piet, représentant des Mauges.
Pression sanitaire et sentiment d’injustice
Sylvie Rochais s’est fait le relais d’agriculteurs qui ressentent un autre type de charge : « la pression sanitaire sur les élevages ». Dans le cadre de la lutte contre la tuberculose bovine, un « sentiment d’injustice » est ressenti par des éleveurs « vertueux » constatant que des exploitations moins scrupuleuses ne se voient pas sanctionnées. Une situation qui « crée des tensions sur le terrain ».
Sur ce point, Eric David, le directeur de la DDPP (Direction départementale de la protection des populations) a rappelé que ses services travaillent en complète coordination avec le GDS sur la tuberculose. Il a dit « entendre la pression mise » mais a souligné la nécessité d’être ferme : « en France, on n’est pas loin du statut non indemne ». Quant à un « défaut de pression sur certaines exploitations », il s’est dit « à l’écoute des signalements. Pour intervenir, il faut savoir ».
Membre de la FNSEA et invité de l’AG, Stéphane Aurousseau s’est lui aussi fait écho d’inquiétudes liées au sanitaire : « les choses évoluent dans un sens défavorable. Avec l’injonction actuelle à l’élevage plein air, on devient de plus en plus vulnérables sur le plan sanitaire par rapport à la faune sauvage. Le sanglier fait peser une menace d’une ampleur considérable, avec la peste porcine qui est aujourd’hui en Italie...».
Compensations environnementales
Autre sujet de crispation, souvent revenu lors de cette AG, les compensations environnementales. « On nous demande de trouver des plans B pour contrer des recours d’associations, des enquêtes publiques..., témoigne Sylvie Rochais. Mais ce n’est pas parce qu’il y a des enquêtes publiques que l’on doit remettre en cause ce en quoi on croit ». La compensation environnementale pose un « vrai problème », renchérit Emmanuel Lachaize, président de la FDSEA. Il souligne le fait que le classement en zone humide est le résultat d’une « interprétation humaine ». Ainsi, des sols travaillés depuis 30 ans se retrouvent en zone humide. Aujourd’hui, « on sanctuarise des zones humides sans que l’on ait la possibilité de contester », déplore-t-il. Il encourage à « aller en contentieux », pour contrer le risque de « se retrouver avec des zones humides partout dans le département ».
Didier Gérard, le directeur de la DDT, a rappelé qu’en France, 70 % des zones humides ont été détruites dans les 30 dernières années, surtout pour des projets économiques.
Dégâts de gibier et manque de respect
Représentant du Layon-Saumurois, Matthieu Herguais a lui, alerté sur la question récurrente des dégâts de gibier, qui n’épargnent aucune commune, de Saint-Georges-sur-Loire à Montreuil-Bellay. « Nous comptons bien être partie prenante du schéma départemental de gestion cynégétique », a insisté l’agriculteur de Saint-Georges-sur-Loire. Il s’est aussi fait l’écho d’un manque de considération de certains citoyens pour l’activité agricole dans les campagnes. « Il y en a marre que des gens nous manquent de respect », s’insurge le responsable syndical.
Bio, GMS et poule aux œufs d’or
Elu du Baugeois, Valéry Lebouc témoigne, lui, d’un sentiment d’amertume vis-vis de la bio. « Les agriculteurs ont répondu présent, on nous a poussé à aller vers la bio... Mais on voit bien que les objectifs fixés par la loi Egalim en matière de restauration collective par exemple ne sont pas atteints, le compte n’y est pas ! Que fait-on pour soutenir la consommation de bio ? ». Il réclame qu’il soit fait, comme dans les exploitations, des « contrôles dans la RHD ». Quant à la GMS, « elle a vu dans le bio la poule aux œufs d’or, et les produits sont devenus à la fois trop chers à la consommation et trop bas à la production », déplore l’agriculteur d’Auverse. « Il faut aider le marché à absorber les productions bio, sinon il y aura des désillusions », prévient-il.
Emploi : difficile adéquation offre/demande
Régis Baudoin, représentant de la Vallée, témoigne lui de la difficulté à trouver des salariés permanents, citant son cas personnel : « j’ai formé depuis 12 ans, 4 salariés dont 3 en réinsertion, mais à chaque fois, cela s’est soldé par un échec. » Un sentiment d’amertume pour l’arboriculteur : « j’ai fait beaucoup d’efforts, mais je ne recommencerai pas ! ». Pour les saisonniers , mêmes écueils : trouver des jeunes motivés et fiables semble de plus en plus compliqué.
S.H.