Congrès
Syndicalisme et coopération déterminés à travailler ensemble
La FDSEA a rassemblé plus de 300 adhérents, mercredi 4 février, au théâtre-foirail de Chemillé, autour du thème de l’organisation économique et de la valorisation des productions.
À l’heure où trois coops du Grand Ouest viennent de signer un accord très attendu par la profession (lire aussi page 9), le débat organisé par la FDSEA, mercredi à Chemillé, tombait à point nommé. Le syndicat agricole a consacré la majeure partie de son congrès à la question de l’organisation économique. S’organiser mieux pour valoriser plus, titre choisi pour son rapport d’orientation, apparaît en effet comme une nécessité dans le contexte économique : atomisation de la production, nombreux acteurs de la transformation et forte concentration de la distribution, volatilité des marchés et incertitudes quant aux évolutions de l’OMC et de la Pac. La FDSEA propose alors de « construire une culture commune entre les syndicalistes et les responsables économiques, pour mieux progresser ensemble. Nous sommes arrimés au même territoire », a insisté sa présidente Christiane Lambert. Le président de Coop de France Philippe Mangin, qui travaille de concert depuis un an avec la FNSEA, suite du congrès national de Nantes, était invité à Chemillé. Il a salué « l’excellent travail de la FDSEA », qu’il juge « courageux », à plusieurs titres : parce qu’il revisite l’histoire et rappelle que le syndicalisme est à l’origine de bon nombre de coopératives, « une relation naturelle que l’on avait délaissée ». Parce que la FDSEA a fait « le choix d’un syndicalisme responsable », en prenant à bras le corps « le principal défi de l’agriculture française, celui de l’organisation économique de l’offre ». Et enfin parce que « vous êtes force de proposition dans trois domaines : le rôle des interprofessions demain, la contractualisation, la gouvernance des coopératives ». « Non, la ferme France n’est pas suffisamment organisée face à ses clients », a martelé Philippe Mangin, et si on pouvait en douter jusque-là, la disparition progressive des instruments de régulation met au grand jour les lacunes du système. Pourquoi n’a-t-on pas progressé dans la structuration de l’offre ? Pour expliquer ce retard pris par la France, Philippe Mangin pointe du doigt la responsabilité du « législateur » qui a mis au même niveau des OP commerciales et de simples associations sans transfert de propriété et sans pouvoir d’organisation du marché. Il rappelle aussi combien la volatilité des prix a eu « des effets catas- trophiques » sur le comportement des agriculteurs, poussant certains à l’individualisme. « Il va falloir revenir à des comportements plus sécuri- sants ». En matière de gouvernance également, il y des progrès à faire, a avoué Philippe Mangin. Beaucoup de questions dans la salle ont été posées sur cet aspect ainsi que sur la transparence des informations données aux adhérents, qui se sentent parfois tenus à l’écart des décisions et des résultats. « Attention, on ne doit pas tout exiger au nom de la transparence, estime Philippe Mangin. Certes, la transparence est un des fondements de la coopération, mais il ne faut pas ignorer le monde de requins dans lequel on vit. Il est impossible de jeter tous les chiffres, nos concurrents s’en serviraient. Il faut développer la confiance entre les adhérents et leurs représentants », propose-t-il. La question de l’implication financière des adhérents est aussi posée : « Comment se sentir impliqué dans l’avenir d’une coop si on n’y met pas des billes ?»
Être co-acteur, être impliqué
Cette réflexion rejoint un des points du rapport d’orientation qui est : devenir co-acteur du développement de sa filière. Alain Cholet, président de la FDL, salue ainsi l’alliance dans la coopération laitière, mais reste attentif à la réalisation des objectifs, « pour que ce regroupement se traduise par une meilleure valorisation. Ne perdons pas de vue l’objectif affiché qui est de gagner 10 % de mix-produit en cinq-six ans ». Une nouvelle manière de travailler ensemble, qu’il résume ainsi : « Je voudrais que la coopération laitière consulte le syndicalisme avant de prendre des décisions, et inversement ».
S.H.