Transmission et portage de foncier avec la Safer
A Baugé-en-Anjou, Joël et Christine Lambert s’apprêtent à transmettre leur exploitation à un jeune, Jérémy Naulet, après une médiation intégralement gérée par la Safer.
« On a commencé à préparer notre transmission il y a 7 ans », témoigne Joël Lambert, exploitant agricole à Pontigné, commune déléguée de Baugé-en-Anjou. Avec son épouse Christine, salariée de l’exploitation, l’éleveur de vaches laitières ne savait pas à l’époque s’ils allaient « louer une partie des terres ou carrément tout vendre ». L’autre interrogation portait sur l’atelier laitier. « Fallait-il investir pour favoriser une future reprise ou arrêter le lait avec le risque de transmettre plus difficilement ? ». C’est finalement la deuxième solution qui a été retenue fin 2017, choix principalement guidé par la lassitude et les ennuis de santé, « après 36 ans de vaches laitières, et au vu de la conjoncture difficile de l’époque ». L’élevage de génisses a permis aux éleveurs de boucler les 3 dernières années de leur carrière qui prendra définitivement fin dans quelques jours, le 31 octobre.
Céder le fruit de son travail
Et c’est avec une satisfaction non dissimulée qu’ils s’apprêtent à céder le fruit de leur travail à un jeune, Jérémy Naulet. à 32 ans, Jérémy arrive « en voisin ». « L’exploitation laitière de mon père et de mon oncle borde celle de Joël Lambert » qu’il connaît depuis longtemps « car nous avions l’habitude de nous entraider ». Pour autant, c’est bien en individuel que Jérémy s’installe. Après 12 ans de salariat en ETA et dans plusieurs exploitations agricoles, Jérémy reprendra donc, après un parcours à l’installation aidée, l’intégralité de la surface, des bâtiments et de la maison d’habitation de La Besnardière. Son projet : poursuivre l’élevage de génisses laitières avec Déleg’Genisse de Seenovia et construire un atelier de poules pondeuses label rouge avec Loué.
Une transmission et un portage du foncier via la Safer
Au départ, Jérémy n’était pas seul sur les rangs. Ils étaient cinq. « Les jeunes venaient nous voir les uns après les autres car tout le monde connaissait notre souhait d’installer un jeune », se rappelle Joël Lambert. En tant que maire délégué de sa commune, l’agriculteur se dit en effet « attaché à ce que le monde rural continue de vivre » et « défavorable aux agrandissements inconsidérés ». Ne souhaitant pas jouer la carte de la surenchère avec les jeunes, il a confié l’estimation de son exploitation (terres et biens) et le choix du candidat à la Safer. Propriétaires de 77 ha sur les 83 que compte l’exploitation, les Lambert ont aussi fait le choix de vendre l’intégralité du foncier. Une option qui ne faisait pas forcément au début les affaires de Jérémy, dont le projet « ne passait plus sur le plan économique ». La Safer lui a donc proposé un système de portage du foncier, avec le Crédit agricole. Le principe est que le jeune loue les terres pendant 5 ans, renouvelables une fois, dans un plafond d’investissement de 150 000 euros, ce qui permet de s’assurer des acquisitions foncières parfois conséquentes pour un jeune, à un prix cohérent par rapport au marché. Au terme du contrat, les loyers versés pendant les 5 ou 10 années sont déduits du capital restant dû. « Cela m’a permis d’acheter 27 hectares de façon classique et d’acquérir les 50 autres dans un premier temps en location en portage foncier », indique Jérémy Naulet. Côté cédant, la promesse de vente de la Safer, a servi de garantie pour permettre d’enclencher un prêt relais auprès de la banque afin de faire construire leur nouvelle maison et de laisser la place libre au jeune couple sur l’exploitation. De part et d’autre, on se dit donc « très satisfaits » de l’intervention et des solutions proposées par la Safer.
Un conseil : anticiper
De part et d’autre, on conseille aussi aux futurs cédants et aux futurs repreneurs d’anticiper et de s’informer. « Je ne saurais que trop recommander aux cédants de participer en amont aux formations ou aux réunions d’information organisées par la profession, qui sont très bien faites et vous aident à réfléchir et à mûrir votre projet », témoigne Joël Lambert. L’autre conseil apporté par le futur retraité est « d’informer et de prendre l’avis des enfants, pour s’assurer qu’ils soient consentants à toutes les étapes, et que cela ne devienne pas un problème dans le futur ».
Joël et Christine Lambert quittent aujourd’hui leur exploitation, « avec un pincement au cœur » mais largement contrebalancé par « la fierté de pouvoir transmettre à un jeune comme Jérémy ». Et même si le nouveau maire délégué de sa commune a largement de quoi remplir son agenda de retraité, il espère bien « que Jérémy me demande de venir lui donner un petit coup de main de temps en temps ! ».