Travail
Trois premières entreprises signent la Charte de l’emploi saisonnier
Signée en 2009 par 37 partenaires, la Charte de l’emploi saisonnier entre dans sa phase d’application.
Rivières), Frédéric Lantin (Ribanjou). Horticulteurs dans la zone du Rocher à Tiercé, ils travaillent à l’amélioration de l’accueil des travailleurs saisonniers.
La zone horticole du Rocher, à Tiercé et Briollay, est le lieu depuis quelques mois d’une expérimentation sociale. Elle est pilotée par le Pays des Vallées d’Anjou et la Chambre d’agriculture Baugeois-Vallée et réunit des partenaires locaux de l’emploi, l’insertion et la formation. Objectif : faire entrer la charte de l’emploi saisonnier dans sa phase de mise en œuvre, permettre aux entreprises de se l’approprier. Il s’agit, aussi, de construire des passerelles entre le secteur agricole et d’autres secteurs économiques, pour aider des salariés saisonniers à sortir de leur précarité en construisant des parcours professionnels plus sécurisés et durables.
Trois entreprises horticoles se sont investies dans la démarche. Parmi ces volontaires, Serge et Marie-Laure Gouffier. Installés depuis 1998 sur la zone du Rocher, ils produisent plants potagers et plants en pots pour la coopérative Fleuron d’Anjou, sous 1,2 hectare de serres. En plus de quatre permanents, ils emploient cinq saisonniers, de février à juin. Épaulés par le CRDABV, ils ont mis en place un livret d’accueil du saisonnier. “Nous nous engageons réciproquement sur des règles simples, concernant la vie de l’entreprise et le respect des personnes, explique Serge Gouffier. Un rendez-vous est désormais prévu avant et après la période d’essai du salarié. Cela a beaucoup amélioré le dialogue”. Le couple d’horticulteurs espère ainsi fidéliser ses saisonniers.
Les frères Florent et Louis-Henri Guérin, du Gaec des Trois Rivières, ont eux, instauré une visite de l’entreprise et une présentation des salariés permanents pour chaque nouveau saisonnier : “Cela facilite les relations”. S’engager dans la charte, c’est “professionaliser l’embauche et le management des salariés, faire en sorte qu’ils soient bien intégrés, bien dans leur travail, respectés et valorisés, résume Frédéric Lantier, autre signataire. Et tout cela participe, finalement, à une meilleure performance de l’entreprise”.
Complémentarités avec l’ADMR
Dans le cadre de cette expérimentation, des liens se sont tissés avec deux entreprises non agricoles, la chocolaterie Mathez de Châteauneuf-sur-Sarthe et les abattoirs Guillet, de Daumeray, qui connaissent des pics de saisonnalité. L’ADMR (Aide à domicile en milieu rural) de Tiercé est aussi intéressée par une complémentarité avec les activités horticoles. Des employées saisonnières vont être formées aux services à la personne. “Nous employons 35 salariés, nous avons besoin de remplaçantes pour les périodes de congés. Nous apprécierions avoir des personnes formées qui reviennent chaque année, explique Catherine Pochet, présidente de l’ADMR. Cela rassurerait aussi les personnes âgées”. Les deux activités, a priori éloignées, requièrent certaines compétences communes, comme “la patience, la minutie”.
L’expérimentation devrait se terminer fin juillet. La charte, dont l’idée avait été lancée lors du séminaire Equal-Saisons en Anjou en 2006, arrive donc sur le terrain. Et cela satisfait Jean-Yves Fouin, président de l’Adéfa*, qui y voit là “une reconnaissance du rôle clé des saisonniers en agriculture”. Mais pour créer des passerelles entre secteurs d’activités, il reste encore à résoudre un certain nombre de problèmes juridiques. Si les entreprises forment un groupement d’employeurs par exemple, les employeurs agricoles ne pourraient plus bénéficier des allégements de charges sociales pour l’emploi de travailleurs saisonniers.
S.H.
*Association départementale pour l’emploi et la formation en agriculture.