Une année contrastée pour le maïs ensilage
Malgré de bons débuts, le bilan est finalement mitigé pour ce fourrage, à l’heure où les derniers tours d’ensileuses sont réalisés.
Malgré de bons débuts, le bilan est finalement mitigé pour ce fourrage, à l’heure où les derniers tours d’ensileuses sont réalisés.
L’Agreste, le service de traitements statistiques du ministère de l’Agriculture, a donné ses premières estimations, la semaine dernière, quant à la saison de maïs ensilage. Avec 11,2 tMS/ha, la saison est correcte, et l’augmentation de la surface (+ 8 %) aura permis de refaire les stocks.
Une situation contrastée
Mais derrière ces chiffres, se cache une très grande hétérogénéité. « Ceux qui ont semé tôt, autour du 25 avril, ont échappé à la pluie et à la sécheresse », constate Florian Cochet, conseiller chez Seenovia. « En revanche, ceux qui ont semé plus tardivement, autour du 15 mai, ont subi fortement les conséquences des pluies de juin et de la sécheresse d’août ». Ainsi, ceux qui ont semé tôt s’en sortent mieux. Une hétérogénéité également visible en fonction des terres. Avec près de 70 mm de pluie en juin, suivis de 50 jours sans, les conditions climatiques n’ont pas été clémentes pour le maïs ensilage. Et les pluies d’août n’ont pu rattraper ce déficit hydrique. « On observe deux situations face à cela. Ceux qui ont des terres profondes, ou qui irriguent, s’en sont bien sortis. En revanche, ceux qui ont des terres superficielles, qui n’ont pas été capables de retenir un afflux hydrique important, ont vu leur moyenne baisser. Donc, si l’année est correcte, cela dépend des situations », développe Guillaume Chevalier, chargé de mission lait à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire. La qualité, pour sa part, sera également dans la moyenne, moins bonne que l’année dernière. De manière générale, l’augmentation de la surface cultivée et les rendements corrects vont permettre aux éleveurs de constituer des stocks plus satisfaisants qu’en 2019. Mais il faut rester lucide, cette année encore certains agriculteurs ont eu des difficultés avec cette culture. « C’est très hétérogène, on a de bons résultats, des moins bons, mais aussi des accidents », résume Florian Cochet.
Réfléchir à la pertinence du maïs
Cependant, les solutions existent pour faire face à une situation de stock fourrager difficile. « La 1ère chose à faire, c’est d’effectuer un bilan fourrager afin d’anticiper un éventuel déficit. Ensuite, il faut traquer les UGB improductifs, avec des réformes et des départs à la clé. Une fois ce travail d’optimisation effectué, nous conseillons de partir sur des rations sèches pour les génisses afin de transférer leurs fourrages aux vaches laitières. L’achat de produits de substitution comme la pulpe de betterave peut permettre d’étaler la consommation de maïs. Et il est encore temps d’adapter le système fourrager pour permettre une production relativement précoce de fourrage au printemps 2021 » détaille Guillaume Chevalier. Des méteils riches en protéagineux composés de pois, de vesce, de féverole et de triticale peuvent remplir ce rôle. Implantés mi-octobre et ensilés autour de la mi-mai, pour des rendements de 4 à 6 tMS/ha, cet ensilage pourrait être intégré dans la ration des vaches en été 2021 pour étaler la consommation du maïs. Cependant, au vu des difficultés récurrentes de ces dernières années à mener à bien la culture du maïs ensilage, son totem d’immunité dans les rotations peut poser question. « Si l’objectif c’est de produire 10 000 litres par vache, le maïs est totalement adapté. Maintenant, est-ce utile dans tous les cas ? Il faut réfléchir à adapter son système à son contexte d’entreprise, et pédoclimatique », assure Guillaume Chevalier. La diversification des ressources fourragères apparaît être une piste à creuser, spécialement lorsque l’on voit la difficulté administrative pour lancer des projets d’irrigation. « Combiner fourrage d’hiver et fourrage d’été permet également de diminuer les risques », propose l’ingénieur de la Chambre d’agriculture.