Segréen
Une exploitation agricole remise en cause sur fond de conflit de voisinage
À Louvaines, les voisins et amis de Laurent Remoué n’excluent pas de constituer un comité de soutien.
Une histoire somme toute banale, concurrence entre voisins pour quelques hectares, a failli se terminer en drame lors d’une manifestation de soutien et laissera des rancœurs tenaces dans une commune segréenne. À Louvaines, un agriculteur, Laurent Remoué, a repris récemment (2006) 27 hectares pour conforter son exploitation et surtout pour acquérir un nouveau corps de ferme en remplacement de l’existant, trop proche d’habitats classés, interdisant toute évolution et mise aux normes. Ces 27 hectares et le corps de ferme sont en indivision et les propriétaires n’étant pas d’accord entre eux sur la cession ou pas de ces biens, leur gestion avait été confiée à la Safer, qui a fait une convention de mise à disposition (CMD) à l’agriculteur. L’objectif affiché étant, en cas de cession des biens, l’achat par le fermier en place. Suite à une décision de justice de juin 2006, certains héritiers qui le souhaitaient, ont obtenu la mise en vente judiciaire des biens en cause. Les choses auraient pu s’arrêter là et le jeune agriculteur devenir propriétaire de ces biens, mais c’était sans compter sur la volonté d’un voisin qui a décidé de se mettre en concurrence face à Laurent Remoué. Samedi 3 janvier, plus de cinquante voisins agriculteurs et non agriculteurs, solidaires de l’agriculteur en place se sont mobilisés pour tenter de faire revenir l’exploitant voisin, Philippe Bellier, sur sa décision. Particulièrement énervé, celui-ci a délibérément foncé avec son tracteur et fourche en avant sur les manifestants dont deux ont échappé de peu aux dents de la fourche. Une échauffourée s’en est suivie, le tout se terminant par des plaintes des deux côtés.
Une solution recherchée
Lundi 5 janvier se déroulait au tribunal d’Angers, la dernière étape de cette confrontation, par la vente aux enchères de la ferme. Le voisin, maintenant sa position, a acquis pour 250 000 euros les 27 hectares et le corps de ferme, mettant en grave difficulté Laurent Remoué, qui se trouve privé non seulement de 27 hectares et de droits à produire mais surtout du corps de ferme, ce qui lui enlève son outil de production, en particulier la salle de traite. Des voisins et amis ne souhaitent pas en rester là, ils recherchent désormais une solution pour maintenir Laurent Remoué en tant qu’exploitant dans la commune. Jean-Louis Gazon, responsable structures de la FDSEA, considère que « la forte mobilisation locale de samedi doit se poursuivre et même s’amplifier pour trouver une solution à Laurent. Il n’est pas admissible que son exploitation soit remise en cause par le comportement abusif d’un voisin. Nous envisageons si nécessaire de créer un comité de soutien afin de rechercher une alternative à cette situation ». Il ne reste en effet que quelques mois (jusqu’à la récolte des cultures en place) à l’exploitant pour trouver une solution de remplacement.
Sylvain Daury