Interview
Une journée de réflexion pour toute la filière bovine
Michel Brossier, président de la commission viande à la Chambre d’agriculture.
lesquels se trouve la viande bovine. »
Le 18 décembre prochain sera organisée une journée filière viande bovine (voir ci-dessous). C’est une première du genre. Pourquoi ?
Michel Brossier : la hausse des charges, la dérégulation des marchés, la morosité ambiante, la mauvaise répartition des marges sont autant d’éléments que tout le monde constate. Il semble donc important, dans ce contexte, de prendre le temps de se poser ne serait-ce que pour examiner les enjeux devant lesquels se trouve la viande bovine : au niveau international, ce sont les négociations de l’OMC ; au niveau européen, la révision de la Pac ; au niveau français, les mesures environnementales croissantes. Je pense qu’il est indispensable de prendre du recul et ainsi de pouvoir amorcer des pistes de travail et de réflexion. C’est là l’objectif de cette journée.
Ces pistes de réflexion, vers quoi peuvent-elles s’orienter ?
M. B. : Il y a plusieurs axes. Par exemple, s’interroger sur les types d’exploitation qui, demain, seront économiquement viables du point de vue de la surface ou des moyens de production, tout en maintenant notre objectif d’exploitation à dimension humaine.
Autres exemples de réflexion : quels produits pour quelle consommation demain ? Quelles relations avec les entreprises de transformations et de distribution ? Comment aller vers une plus large et nécessaire contractualisation de notre production ? Ce sont des réflexions à mener avec l’ensemble de la filière.
Vous estimez que la viande bovine a mauvaise presse auprès du consommateur ?
M. B. : Les produits carnés en général, et la viande bovine aussi, sont très controversés par certains qui critiquent l’espace occupé ou le bilan carbone. Ce sont vraiment des arguments simplistes car c’est trop vite oublier le tissu territorial, humain, environnemental créé en réalité par l’élevage.
Qui peut participer à cette journée ?
M. B. : Cette journée s’adresse à tous les éleveurs, quels que soient leur âge, leur tendance, leur système. Notre objectif est d'échanger entre éleveurs. Ces réflexions sont très importantes pour nous respon-
sables : en effet elles nous aident à orienter nos recherches expérimentales (ferme de Thorigné) mais aussi à réfléchir aux nouvelles offres de services qui correspondront aux types d'exploitation de demain.
êtes-vous confiant, malgré la crise qui frappe le secteur de la viande bovine depuis plusieurs années ?
M. B. : Je reste confiant, mais lucide. On ne fera pas l’économie d’une adaptation. Mais je pense que le plus grand danger qui guette nos exploitations, ce ne sont pas les contraintes environnementales, car nos exploitations sont dans cette logique. Le plus difficile reste l’économie. Ce secteur est en crise à répétition depuis plus de dix ans ; les quelques bonnes années éparpillées au travers n’ont pas suffi à équilibrer l’ensemble. Avec des capitaux lourds et une rotation lente, les éleveurs ont besoin de visibilité à moyen et long terme.
Et pour l’installation ?
M. B. : Pour garder une dynamique d'installation, dans le cadre familial ou hors cadre familial, il nous faudra être encore plus imaginatif pour transmettre nos exploitations et faciliter l'accès de nos capitaux d'exploitation de plus en plus importants.
Propos recueillis par m. l.-r.