Interview
“Une vision étriquée de l’avenir de l’agriculture”
Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, sur la Loi de finances 2012.
Le Parlement a adopté un certain nombre de dispositions favorables à l’agriculture dans la loi de Finances 2012. Correspondent-elles à vos attentes ?
Christiane Lambert : À l’occasion de ce débat parlementaire, la partie de ping-pong entre l’Assemblée nationale et le Sénat a été très vive. Les propositions du gouvernement concernant la redevance phytosanitaire et l’irrigation ne nous convenaient pas. C’est important d’avoir pu corriger le tir et d’avoir évité de nouvelles augmentations de charges qui pèsent sur les agriculteurs. Cela n’a pas été sans mal ! Il est également important que la fiscalité favorable sur les biocarburants ait été maintenue. Nous ne voulions pas revoir “le stop and go” que nous avons subi sur le photovoltaïque avec des conséquences désastreuses sur la perte de rentabilité des projets et la perte de confiance pour les investissements à venir.
N’êtes-vous pas déçue que l’inscription de la mobilisation des ressources en eau n’ait pas été retenue contrairement aux engagements du président de la République ?
Nous prenons acte que le Parlement ait décidé de ne pas encadrer les investissements des agences de l’eau par cette Loi de Finances. On nous dit que ce n’est pas la bonne loi… Pour cette raison le stockage de l’eau n’y figure pas en tant que tel mais nous restons mobilisés pour qu’il soit clairement inscrit dans la loi qui encadrera le prochain programme des agences pour la période 2013-2018. C’est la traduction des engagements du président de la République. Et nous devons rappeler que le programme actuel des agences s’applique jusqu’à la fin 2012 et le stockage y figure bien. Les agences doivent continuer à le soutenir sans changement de cap.
Quelles leçons tirez-vous pour l’avenir de ce débat parlementaire ?
Tenter de taxer davantage les intrants et empêcher la sécurisation des systèmes d’exploitation par l’irrigation revient à stigmatiser certaines pratiques et à renoncer à la croissance durable. Ce qui n’est pas très porteur pour l’avenir. Dans le dernier rapport d’orientation adopté à son congrès en mars 2011, la FNSEA s’est prononcée clairement en faveur d’une croissance durable en agriculture et elle se bat pour en réunir les conditions.