FCO
Vaccination des animaux : « Après le 25 juillet, il sera trop tard »
Interview de Jean-Michel Chappron, directeur
des services vétérinaires de Maine-et-Loire.
Où en est la vaccination en Maine-et-Loire ?
Jean-Michel Chappron : La vaccination a démarré dès que les vaccins sont arrivés sur
le département, c’est-à-dire vers la mi-juin. Il y aura environ 155 000 bovins vaccinés sur les 316 000 bovins mâles et femelles de plus de 18 mois qui pouvaient l’être. La difficulté est plus grande pour les cheptels allaitants qui sont à l’herbe.
Faut-il aussi voir des appréhensions des éleveurs vis-à-vis d’éventuels risques secondaires ?
Des millions de doses de vaccins ont déjà été utilisées, mais aucun effet secondaire notable n’a été relevé. Tout incident est enregistré et jusqu’à présent, la surveillance n’a pas permis de constater une quelconque relation de cause à effet entre la vaccination et la maladie d'un animal. Par contre, il faut savoir que manipuler des bovins à certains moments de la gestation peut avoir des conséquences, quel que soit le traitement.
Faut-il s’attendre à une recrudescence de la maladie ?
La maladie a redémarré dans la Sarthe où douze cas ont été recensés, mais avec très peu de signes cliniques. Cela signifie qu’on peut s'attendre dans les semaines à venir à un phénomène d’épizootie qui va vraisemblablement se développer à la fin de l’été ou à l’automne. D’où l’importance de vacciner les animaux.
Il est encore temps ?
Les éleveurs doivent s’engager avant le 25 juillet. Après cette date, compte tenu du délai de six semaines pour que le vaccin soit efficace, on risque de se trouver en pleine épizootie, période pendant laquelle on ne vaccine pas, en principe, car il est alors difficile de déterminer de quoi les animaux sont exactement malades.
Que vont devenir les vaccins non utilisés ?
Il appartient au ministère de l’Agriculture d’en décider. Ils pourraient quitter le Maine-et-Loire. C'est ce qui s'est passé dans les seize départements du nord-est de la France pour leurs
vaccins non utilisés qui sont
partis vers les départements du littoral.
La vaccination est aujourd’hui volontaire. Pensez-vous qu’elle devienne obligatoire ?
On ne sait pas encore quand on va vacciner pour l’hiver 2008, mais on sait déjà que la vaccination sera obligatoire.
Quelle est la situation pour les moutons ?
Le risque de mortalité est plus grand chez les moutons. Des cheptels entiers ont péri. En Maine-et-Loire, le nombre de vaccins est largement suffisant.
A-t-on déjà répertorié des cas de FCO chez des moutons ?
Jusqu’à présent, il n’y a pas de cas signalé comme pour les bovins dans la Sarthe. Les bovins sont des animaux sentinelle, car les moucherons les préfèrent aux ovins. C’est quand le cycle
s’accélère que les ovins sont
touchés.
La désinsectisation reste de mise ?
Absolument. C’est utile même quand les animaux sont vaccinés et impératif pour ceux qui ne le sont pas. Mais il y a une seule défense valable face à la FCO, c’est la vaccination.
Du nouveau aussi pour les chèvres ?
Oui, un vaccin est disponible. Deux injections sont nécessaires avec un intervalle de 28 jours, plus ou moins trois jours, avec un délai d’attente nul pour la vente de lait et de viande.
La DSV a-t-elle mis en place un dispositif pour la période estivale face au risque de recrudescence de la maladie ?
Ce sont les vétérinaires qui interviennent dans les élevages. La DSV collectera les informations et accompagnera les éleveurs les plus touchés. Rappelons toutefois que cette maladie n’implique pas l’abattage des animaux et qu’elle n’est pas contagieuse. Si la maladie explose, le comité départemental de la Santé et de la Protection animale se réunira sous l'autorité du préfet. Il serait excessif de parler de
cellule de crise, ce sera plutôt un comité de suivi.
Estimez-vous que les agriculteurs ont été bien informés sur les risques et les mesures à prendre ?
Le nécessaire a été fait. Les réunions de l’hiver dernier
ont touché directement les éleveurs. (1).
Peut-être le coût est-il un frein à la vaccination ?
Cela représente un coût, c’est vrai, mais qui reste un investissement modéré par rapport à la perte potentielle, y compris la perte psychologique : voir partir ses animaux a toujours un effet négatif qui n’est pas facilement chiffrable.
Propos recueillis
par Martine Leroy-Rambaud
(1) Une large information a
également été relayée dans les colonnes de l’Anjou agricole en lien avec le GDS (ndlr).